Ambérieu-en-Bugey : des débuts jusqu’à la création du DA 278

Les débuts

Au début du XXème siècle, un peu partout en France, les pionniers s’exercent, avec plus ou moins de réussite, au vol sur les « plus lourds que l’air ».

 

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A Ambérieu-en-Bugey, Louis Mouthier symbolise cette période

 

Apprenant seul à piloter sur un Blériot XI, il crée ensuite une école de pilotage, qui acquiert une belle réputation régionale, puis nationale.

Les frères Pierre (1886-1914) et Gabriel (1888-1914) Wroblewski, dits Salvez, ont aussi été de ces pionniers. Ils ont particulièrement marqué les terrains d’aviation de Bellièvre, où se trouve aujourd’hui le Détachement Air 278.

 

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En juillet 1912, Gabriel Salvez fait prendre son baptême de l’air à un adolescent venu en voisin du château familial de Saint-Maurice-de-Remens : il s’agissait d’Antoine de Saint-Exupéry. Une stèle commémorative a été inaugurée en 2012.

 

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Inventeurs et précurseurs, les deux frères mettent au point le W2, premier avion à structure métallique. Pierre Salvez était chargé de construire l’appareil et Gabriel de le piloter.

Cinq mois avant le conflit, ils trouvent tous deux la mort le 1er mars 1914, veille du jour où ils devaient présenter à la commission aéronautique de l’Air leur prototype W4, un biplace blindé pouvant être armé d’une mitrailleuse.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l’aéronautique apparaît indispensable. Les écoles de pilotage se multiplient dans de nombreuses villes pour répondre au besoin massif de pilotes.

Par lettre du 22 juin 1915, le Ministère de la guerre confirme au sénateur Alexandre Bérard que l’école d’aviation militaire d’Ambérieu est inscrite dans la liste des établissements de formation d’aviateurs pour la durée de la guerre. Le 5 juillet 1915, le conseil municipal donne son accord pour le droit au bail à l’autorité militaire. Le 12 octobre de la même année, le nouveau centre, en parfait état de marche, est visité par le commandant Girod, inspecteur de l’aéronautique militaire.

 

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L’école prend le nom de Voisin en raison du nom du constructeur de l’avion utilisé par cette école; viendront ensuite les Caudron G3 et les bombardiers italiens Caproni.

L’école est placée sous le commandement du Cne Joseph de Clerck, titulaire du brevet de pilote militaire n°283 obtenu le 27 mai 1913.

 

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Maurice Colliex est considéré par Charles Dollfuss comme le premier pilote d’essai (Blériot lui aurait demandé de régler son moteur avant la traversée de la Manche du 25 juillet 1909). Titulaire du brevet de pilote civil n°85 délivré par l’Aéroclub de France le 10 juin 1910, il est nommé chef pilote de l’école. Il est en outre titulaire du brevet de pilote militaire n°545 qu’il a obtenu le 30 août 1914. Pour l’anecdote, c’était un camarade de classe de Gabriel Voisin au Lycée Ampère de Lyon.

L’école Voisin a « macaronné » 2328 pilotes : 37 brevetés en 1915, 295 en 1916, 767 en 1917 et 1229 en 1918.

 

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A la fin de la guerre, l’aéronautique n’intéresse plus beaucoup. Il faudra attendre 1929 pour que le terrain de Bellièvre soit à nouveau utilisé à des fins aéronautiques. De 1918 à 1929, le site sert, entre autres, pour l’implantation d’une usine de fabrication d’éléments de construction en béton armé. La construction du HB1 (hangar béton n°1) date de cette époque, comme la plupart des bâtiments actuels de la base.

 

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1929-1944

L’école Caudron, initialement implantée au Crotoy (baie de Somme), est déplacée à Ambérieu en raison de la protestation des riverains face aux nuisances sonores. A cette période, l’aéronautique apparaît de plus en plus comme un secteur porteur : l’Etat promeut cette activité et incite la jeunesse à apprendre à piloter.

 

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Ainsi, de 1929 à 1933, l’école de pilotage Caudron forme des pilotes civils, grâce à la mise en place de bourses. A partir de 1934, face au réarmement de l’Allemagne, elle forme des pilotes militaires réservistes. En 1938, cette école déménage à Etampes (région parisienne).

 

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Fin 1938, devant l’imminence de la guerre, les états-majors cherchent un peu partout en France des sites pour produire en hâte de nouveaux avions capables de faire face aux appareils allemands. Le site d’Ambérieu est choisi pour assembler le bombardier moyen Lioré-et-Olivier LeO 45. Environ 250 LeO 45 sont assemblés et lancés dans la bataille de France. Il est malheureusement trop tard… Les Allemands utiliseront ensuite pour leur compte les LeO 45 construits à Ambérieu. Témoin de cette époque, le Détachement Air 278 possède toujours la dernière balance d’équilibrage des LeO 45 en état de marche.

 

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Face au risque de bombardement, la construction d’une usine d’assemblage protégée, la « centrale A », débute dans l’urgence en décembre 1939.  Les travaux cessent définitivement le 12 juin 1940. La forme étrange du bâtiment lui vaut le surnom de « Hérisson ». La partie souterraine de l’usine est comblée dans les années 1980.

 

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1944-1945

A la fin du second conflit mondial, après le débarquement en Provence, les troupes alliées remontent la vallée du Rhône. Elles sont notamment appuyées par des chasseurs P 47 « Thunderbolt » neufs mis à la disposition des Forces Aériennes Françaises Libres par les Etats-Unis d’Amérique.

Compte tenu de la progression alliée, les terrains d’aviation de la région lyonnaise sont utilisés par les FAFL comme point de départ pour les missions vers l’est de la France. Le terrain d’Ambérieu est libéré fin août 1944 et mis à la disposition de quatre groupes de chasse. Les nombreuses surfaces couvertes et le bon état des infrastructures (piste, bâtiments) sont appréciés par les mécaniciens et les pilotes.

Pendant quatre mois, malgré les très mauvaises conditions météo, les missions vers le front se succèdent quotidiennement, notamment pendant la campagne d’Alsace.

Les avions d’appui accompagnent la progression des troupes au sol, qui se dirigent vers l’Est (Luxeuil, Saint- Dizier). A partir de janvier 1945, les groupes de chasse quittent définitivement Ambérieu-en-Bugey, mais la maintenance lourde des appareils continuera d’être effectuée sur le site.

 

L’après-guerre

 

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Après la guerre, Ambérieu va progressivement devenir un acteur majeur de la maintenance lourde d’aéronefs militaires (remise en état de bombardiers moyens B26 « Marauder », révisions majeures des chasseurs P47 « Thunderbolt », puis des T6 pendant le conflit algérien). Au total, plus de mille avions sont révisés, réparés sur le site d’Ambérieu-en-Bugey. Après des essais sur Super-Mystère B2, il apparaît que le site n’est pas adapté pour la maintenance d’avions à réactions.

 

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Période contemporaine

En 1966, l’Etat-Major de l’Armée de l’Air décide de regrouper à Ambérieu-en-Bugey les deux ASTA (Ateliers Spécialisés des Télécommunications Air) de l’Armée de l’Air, alors basés à Aix-en-Provence et Orléans.

Avec ce regroupement, le personnel de la base d’Ambérieu développe de réelles compétences dans les domaines de l’électronique et de la haute fréquence, domaines dans lesquels il excelle toujours aujourd’hui : soutien des matériels de télécommunication et d’équipements de bord, métrologie, maintenance des équipements de détection radar, confection de matériels, etc.

« D’azur à une enclume de sable brochant sur une roue dentée blanche à jante pourpre et sommée d’une étoile demi ailée d’or à un foudre du même hissant de l’étoile vers la pointe ».

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En 1993, suite à la fermeture de l’Entrepôt 608 de Toulouse Balma, spécialisé dans le domaine de la sécurité sauvetage, l’Etat-Major de l’Armée de l’Air transfère à Ambérieu-en-Bugey toutes les compétences du site toulousain. Ambérieu-en-Bugey devient un acteur majeur dans la révision des matériels de sécurité sauvetage survie.

Depuis 1982, la base porte le nom du colonel Chambonnet, officier mécanicien, chef régional de l’armée secrète puis chef régional des FFI pour la région R1. Fait prisonnier, il a été fusillé avec quatre autres résistants le 27 juillet 1944 à midi, sur la place Bellecour, en représailles suite à un attentat ayant visé une brasserie fréquentée par les troupes allemandes. Leurs cadavres resteront exposés tout l’après-midi…

 

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Le colonel Chambonnet a été inhumé parmi ses frères d’armes, au Val d’Enfer, sur la commune de Cerdon. Il a été fait compagnon de la Libération, à titre posthume.

En 2008, l’Atelier de réparation de l’Armée de l’Air (ARAA) 624 rejoint le Service industriel de l’aéronautique et devient l’atelier industriel de l’aéronautique d’Ambérieu-en-Bugey (AIA-AB). L’insigne du service symbolise la fusion de la maintenance aéronautique industrielle étatique.

 

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Depuis cette date, l’AIA-AB :

  • Conçoit, fabrique et répare des équipements de sécurité sauvetage survie, des matériels électroniques et mécaniques,
  • Entretient des sièges éjectables,
  • Assure la métrologie des appareils de mesure,
  • Assure la maintenance de radars sol et d’équipements d’aide à la navigation aérienne.

 

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Le 11 septembre 2014, la Base aérienne 278 s’efface et laisse la place au Détachement Air 278.

Le Centre du service militaire volontaire (CSMV) ouvre en 2017. Unité atypique, il vise à faciliter la réinsertion professionnelle et sociale de jeunes en difficulté. Plus de 140 stagiaires ont ainsi été accueillis en 2018 : les premiers résultats sont encourageants.

Le Détachement Air 278 possède une salle tradition. Inaugurée par le colonel Astier, elle a vu le jour grâce au colonel Meunier et au major Ferval. La collection a pu être constituée par des dons.

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Retraçant l’histoire du site, elle comprend notamment :

  • Une lithographie (les Cigognes 1916),
  • La partie haute du fronton de l’école d’aviation militaire,
  • Des mannequins équipés en tenue d’aujourd’hui et de 1940,
  • Des hélices Eclair et Morgon,
  • Les drapeaux et fanions,
  • Plusieurs maquettes, dont celles d’une base aérienne d’avant-guerre, d’un LeO 45, d’un Voisin III et d’un P47 « Thunderbolt ».
  • La maquette de la chaîne de révision des T6 dans le plus grand bâtiment de la base (HB1), baptisé le 11 avril 2019 du nom du commandant Dussuc,
  • Une bibliothèque comportant de très nombreux ouvrages sur l’aéronautique,
  • De très nombreuses cartes postales.

A l’entrée de la base, deux avions en stèle rappellent son histoire : un T6 jaune et un Super-Mystère B2.

 

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D’autres avions et matériels sont exposés dans le hangar HM1. Ils intéressent toujours les jeunes générations, lors des Journées Défense Citoyenneté :

  • Un Mirage F1CT,
  • Un Mirage 2000N,
  • Un Alpha Jet,
  • Un Fouga Magister,
  • Des sièges éjectables Mk4 et Mk10,
  • Un radar SPAR (radar de surveillance et d’approche),
  • Deux canons antiaériens bitubes de 20 mm,
  • Des reproductions de 13 tableaux du peintre de l’air Marcel Jeanjean.

 

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Depuis le 13 octobre 2003, le Détachement Air 278 a la garde du drapeau de la 12ème Escadre de bombardement. Cette escadre descend du 12ème Régiment d’aviation, lui-même héritier de l’Escadre 13, créée le 15 juin 1918. Il porte les inscriptions « Grande Guerre 1914-1918 » et « France 1940 ». Il est également décoré de la Croix de guerre 1939-1940 sans palme.

 

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ADC jean-louis Brousse
Président des sous-officiers DA 278
Détachement Air 278/ Atelier Industriel de l’Aéronautique

Crédit photos : BA 278