Historique de l’aérodrome d’Ambérieu-en-Bugey

C’est dans la plaine de Bellièvre, voisine d’Ambérieu en Bugey, que Louis Mouthier, le 21 avril 1910, parvient à décoller son aéroplane, il obtient le brevet de pilote, le 9 août 1910 avec le n°157 Cet emplacement, d’une superficie de 180 hectares, utilisé comme champ de manœuvres et de tir par les unités de l’Armée, est idéalement situé à un kilomètre des importantes installations ferroviaires d’Ambérieu.

A l’initiative de Louis Mouthier se crée rapidement une «Société Sportive d’Ambérieu-Aviation», qui réalise la construction d’un hangar pour abriter les fragiles aéronefs de l’époque, puis des investissements plus importants nécessaires au bon déroulement du meeting inaugural des 29, 30 et 31 mai 1910. En vue de l’établissement des installations permanentes d’un véritable aérodrome sur le site, la Société Sportive-d’Ambérieu-Aviation demande à la Municipalité l’établissement d’un bail de 10 ans, lui permettant de «se servir exclusivement d’une partie de la plaine de Bellièvre sur 500 mètres de profondeur de l’est à l’ouest, sur toute la façade orientale à partir de la gravière».

Une fête aérienne est organisée pour l’inauguration du terrain en mai 1910, à laquelle participent les aviateurs Mignot et Harding, et les pilotes locaux: Eparvier, les frères Wroblewski-Salvez et Mouthier. Ce dernier, qui avait fait l’acquisition d’un Blériot XI du type «traversée de la Manche» ouvre, le 5 février 1911, l’«Ecole Bressanne d’Aviation» au sein de laquelle il forme un nombre restreint d’élèves-pilotes.
Dès le début de 1912, on assiste à, ce qu’à notre époque nous appellerions une «restructuration» des activités aéronautiques régionales. En effet, le 5 février 1912, l’Ecole Aérienne de Lyon-Bron fusionne avec l’Ecole Bressane d’Aviation d’Ambérieu, pour donner naissance à la «Société de Navigation Aérienne de Lyon-Ambérieu» ou Ecole Deperdussin. La direction est confiée à René Vidart, avec Louis Mouthier et Marius Lacrouze comme chefs-pilotes. Du 17 au 29 avril 1912, inauguration des écoles civiles et militaires de pilotage. Les élèves-pilotes affluent et se préparent au brevet civil de pilotage. L’Armée qui commence à s’intéresser à l’aviation militaire envoie également des élèves issus des diverses armes. Ainsi, le Capitaine A.Denis de Lagarde, qui titulaire du brevet de pilote militaire n°226, trouvera la mort dans son avion Deperdussin, le 11 novembre 1912, les Lieutenants Adrian brevet n°266, Lamoret brevet n°262, Redelsperger brevet n°248 et Volmerange brevet n°308, seront également brevetés par le Commissaire de l’Aéro-club de France, Monsieur Vermorel de Villefranches sur Saône.

En 1915, sur le terrain d’Ambérieu-enBugey, est créée une école militaire de pilotage sous le nom de ‘Voisin (nom des aéroplanes en service dans cette école) qui deviendra la pépinière de nombreux pilotes. En bordure du terrain s’élève baraquements, hangars et ateliers qui deviendront les prémices de la future base aérienne. En 1918, une annexe de cette école sera créée sur le site de Loyettes, à une vingtaine de kilomètres.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, cette école cessera son activité. Ce n’est qu’en 1929, que l’école de pilotage René Caudron s’installera à Ambérieu-en-Bugey. Cette école ne recevra que des ‘boursiers de pilotage’ et des élèves-pilote civils sous la responsabilité du directeur Schmetz et du chef-pilote Bornand. A partir de 1935, à la veille des événements probables, l’école prend de l’ampleur et l’encadrement se militarise. En septembre 1939, elle est transférée à Etampes.
Depuis, l’implantation de l’école de pilotage Voisin en 1915, jusqu’à l’école Caudron en 1929, toutes les implantations ont eu lieu à l’est du terrain, en bordure de la route nationale ou de la voie ferrée.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, au sud du terrain d’Ambérieu-en-Bugey, s’étaient implantées quelques industriels, dont la principale activité profitant de la voie ferrée toute proche était la réparation du matériel roulant ferroviaire, puis s’est installé Forclum, usine de fabrication de poteaux électriques en ciment armé, qui a construit l’atelier de grande longueur qui subsiste toujours à l’intérieur de la base aérienne. Profitant des locaux vides après la cession d’activité de Forclum, la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est (SNCASE) implante, en 1936, une chaîne de montage des bimoteurs Lioré et Olivier (LeO 45), 245 appareils sortiront de la chaîne d’Ambérieu-en-Bugey entre 1939 et 1942.
Le Club Aéronautique du Bugey (CAB) prend naissance en 1936 avec l’ «aviation populaire», et exerce des activités aéronautiques sur le terrain d’Ambérieu-en-Bugey. Il dispose d’un hangar à proximité de l’école de pilotage Caudron. Sous la responsabilité du chef-pilote Diard seront formés jusqu’en 1939 un nombre appréciable de pilotes du 1er et 2ème degré. En 1937, un meeting d’importance régionale avec la participation de l’Armée de l’air et de Lumière, Président de l’Aéro-club du Rhône sur son Morane 230, attire une foule importante, sous la présidence d’honneur du ministre de l’Air.. Avec la guerre cessera l’activité vol moteur, seule subsistera une section de modélistes.
En 1939, débute les travaux de construction d’une usine aéronautique souterraine, dénommée ‘hérisson’, pour sa forme extérieure. Les travaux cesseront en juin 1940.

Une section d’auto-défense de l’Armée de l’Air occupe le terrain d’Ambérieu-en-Bugey au cours de la ‘drôle de guerre’.

De 1942 à 1944, le terrain d’Ambérieu-en-Bugey ne sera occupé que très rarement par des détachements de l’armée allemande.
En septembre 1944, à la Libération, sur le terrain d’aviation d’Ambérieu-en-Bugey, le génie de l’aviation américaine aménage une piste en terre de 1850 mètres de longueur sur 30 mètres de large revêtue de plaques métalliques perforées. Du 6 au 20 septembre stationnent les P 47 Thunderbolt du 324th Fighter Group, ils seront suivis par les P 47 des groupes de chasse 2/3 Dauphiné, du 2/5 La Fayette et du 1/4 Navarre, et les 52 bombardiers Douglas A 20 du 47th Bomber Group.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Armée de l’Air qui prend possession du site d’Ambérieu-en-Bugey hérite d’un ensemble hétéroclite et vétuste de bâtiments : l’atelier-chaîne de montage de la SNCASE, les ateliers et hangars de l’entreprise de réparations de matériels roulants ferroviaires, et des baraquements en bois de l’école de pilotage Voisin. Les nombreux hangars des écoles d’aviation ont été préalablement détruits ou démontés. De l’autre côté de la route nationale qui borde les installations, une base-vie est aménagée pour accueillir les personnels et les services administratifs dans des bâtiments préfabriqués. Au fil des années, l’Entrepôt, puis Base aérienne sera aménagée avec la construction en dur des bâtiments d’hébergement des personnels et des services, et des ateliers plus fonctionnels seront mis en place pour remplacer des ateliers inadaptés aux nouvelles technologies. La déviation de la route nationale qui partageait la base en deux parties permet de donner un aspect d’unité et plus cohérent à la Base Aérienne 278 Colonel Chambonnet, qui devient Détachement Air 278 en septembre 2014.

L’Aéro-club de Bourg en Bresse, qui a son siège dans cette localité, dispose de la «station d’atterrissage» des Vennes à Bourg, trop exigüe, et n’ayant jamais reçu d’agrément autorisant la formation des élèves-pilotes, l’aéro-club va exercer son activité sur l’aérodrome d’Ambérieu-en-Bugey au début de 1947. Dans un but d’efficacité, les bressans se groupent avec les bugistes du Club aéronautique du Bugey pour créer le Groupement d’Aviation Légère Bresse-Bugey avec une activité aéronautique sur le terrain d’Ambérieu-en-Bugey. Ce Groupement dispose d’un hangar, côté est de l’aérodrome, au nord de la station météo de l’époque, en bordure de la voie ferrée. Cette activité durera de 1947 à 1959. En 1950, le Préfet de l’Ain donne son agrément de «terrain à usage privé» de la «station d’atterrissage» des Vennes. Cet agrément est valable pour les baptêmes de l’air mais pas pour la formation d’élèves-pilotes. En 1959, la formation des élèves pilotes étant toujours interdite à Bourg, le club développe cette activité sur un terrain loué et aménagé à ses frais à La Tranclière sous le nom de « Bourg-Pont d’Ain ». Ainsi, les bressans quittent les bugistes.

Le Club Aéronautique du Bugey poursuit son activité sur le terrain d’aviation d’Ambérieu-en-Bugey, mais en 1975, suite à une restructuration de l’implantation militaire, le club s’installe au sud-ouest du terrain sur la commune de Chateau-Gaillard. En 1994, le club prend le nom de Club Aéronautique du Bugey Antoine de Saint Exupéry.

En 2019, l’aérodrome d’Ambérieu-en-Bugey, code OACI LFXA, est un aérodrome militaire ouvert à la circulation aérienne publique, situé sur les communes de Chateau-Gaillard et d’Ambronay, à environ 3 kilomètres au nord-ouest de la localité d’Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain, de coordonnées 45° 58′ 47 »Nord- 05° 20′ 16 »Est, et d’altitude de 251 mètres ou 823 ft. L’aérodrome dispose de trois pistes : une première piste en béton de 1993 mètres de long par 30 mètres de large QFU 01/19, d’une deuxième piste, dite de crash, en herbe, longue 2.000 mètres par 50 mètres QFU 02/20 en cours de validation pour atterrissage sommaire d’ A 400, et d’une piste en herbe de 800 x 150 mètres QFU 02/20, réservées aux planeurs et ULM.

Paul Mathevet (membre 2A)