Biographie du commandant Pierre Barbou

Panégyrique du commandant Pierre Barbou (1890/1984), 1er commandant du site aéronautique militaire d’Évreux en 1939

(source : Musée de la base aérienne 105)

 

Portrait du commandant Pierre Barbou (Coll. Patrimoine Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Maintenu au corps le 10 octobre 1913, il passe dans la réserve de l’armée d’active le 08 novembre 1913 pour être affecté au 347ème Régiment d’Infanterie le 1er mai 1914, date à laquelle il est rappelé à l’activité par ordre de mobilisation générale. Détaché au 13ème Régiment d’Artillerie, puis affecté au 15ème groupe d’Autos Canons de la Marine le 12 novembre 1915, il participe aux batailles de Charleroi et de la Marne.

Le 05 juin 1916, il est détaché dans l’Aviation comme observateur breveté pour être affecté à la C46 sur Caudron triplace, unité rattachée au groupe des Cigognes. Blessé le 25 septembre 1916, il est cité à deux reprises à l’ordre de la 6ème Armée pour avoir abattu deux avions ennemis. Lieutenant le 10 octobre 1916, il est de nouveau cité à l’Ordre de la 10ème Armée pour avoir abattu deux autres avions ennemis sur le front de la Somme. Breveté pilote le 26 août 1918, il est crédité à l’issue de la 1ère Guerre Mondiale de six victoires aériennes, dont quatre homologuées avec la distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Mis en congé de démobilisation le 21 janvier 1920, il est classé dans l’Aéronautique le 20 juin 1923 et maintenu dans le corps du personnel navigant le 10 septembre 1931.

Promu au grade de commandant de réserve le 26 juin 1936, il est affecté à la base aérienne de Villacoublay le 1er septembre 1936.

Rappelé à l’activité le 2 septembre 1939, il est affecté au commandement de l’école auxiliaire de pilotage n° 17 d’Evreux située, à l’époque, de chaque côté de la RN13 à la hauteur de la nouvelle entrée de la base.

Meneur d’hommes, il est néanmoins très estimé de ses subordonnés et ses élèves pilotes baptiseront le site de l’école « BARBOUVILLE ». Près de 400 élèves pilotes seront brevetés à Evreux en 11000 heures de vol. Après la possession du site par la Luftwaffe en juin 1940, le général Muiron, commandant la 3ème subdivision aérienne, interviendra en sa faveur auprès du secrétaire d’Etat à l’aviation pour sa proposition au grade de lieutenant-colonel en ces termes :

« Officier supérieur, type d’entraîneur d’hommes, a su communiquer à sa formation son enthousiasme constant. Au cours de la retraite, a réussi le 18 juin 1940 à sauver de l’encerclement son personnel et son matériel dont la situation était très compromise par l’avance rapide de l’ennemi. A fait une chute grave d’avion au cours de la retraite ».

Le commandant Pierre Barbou, 3ème en partant de la gauche. (coll. Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

.Le patriotisme du Commandant Pierre Barbou ne peut mieux être défini que par l’action qui le poussa malgré la précipitation de l’évacuation de la plate-forme en juin 1940 à emmener dans son exode le drapeau qui flottait sur son école (ce drapeau conservé est actuellement exposé dans le musée de cette base).

Le Commandant Barbou démobilise son unité à Bergerac jusqu’en fin août 1940. Alité pendant six mois suite à son accident, rétabli, il s’engage dans la résistance de 1941 à 1944 dans la région de Nice où son action est jugée très efficace à Londres.

Le 30 août, conformément aux ordres du général Cochet, il prend possession de la base de Nice où dès le 04 septembre, les avions de liaison américains ont pu se poser. Parlant parfaitement l’anglais, le Commandant Pierre Barbou reprend l’uniforme en août 1944 auprès des Américains au 61ème French Air Depot Group à la 1ère Armée.

Après plus de dix ans passés sous l’uniforme pendant les deux guerres, le Commandant Pierre Barbou est rayé des cadres des officiers de réserve le 17 septembre 1945. Admis à l’honorariat du grade de lieutenant-colonel le 29 avril 1949, il est crédité de :

  • 6 victoires aériennes, dont 4 homologuées ;
  • croix de guerre 1914-1918 avec 5 palmes et 1 étoile ; médaille de l’aéronautique ; le Lieutenant-colonel Pierre Barbou est commandeur de la Légion d’honneur.

Il sera le 1er président de l’Association des Anciens de l’Ecole de pilotage n° 17 d’Evreux jusqu’à son décès à Angers le 24 octobre 1984.

 

Pierre Barbou, en 1974, devant le drapeau de l’école de pilotage exposé au musée de la base aérienne 105. (coll. Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Anecdote sur l’état de dénuement en appareils ainsi que la débrouillardise narrée par le Colonel Barbou  (source : Musée de la base aérienne 105)

« Recevant la visite de mon ancien chef d’escadrille des Cigognes, le général Brocard, celui-ci me dit :

Brocard : Barbou, tu n’as pas d’appareils !

Barbou : Non mon Général, toutes les écoles se les disputent (Nîmes en particulier) et on ne veut pas m’en donner.

Brocard :  Je vais te dire quelque chose, mais si tu dis que c’est moi qui te l’ai dit, je te casserai la …

Barbou : Mon Général vous me connaissez…

Brocard : Il y a 6 avions Morane 230 dans un hangar d’Etampes, ils restent là, non utilisés.

Barbou : Mon général, j’ai compris.

 

Quelques jours plus tard, six pilotes et six mécaniciens partent d’Evreux en voiture, arrivent sur le terrain d’aviation d’Etampes, sortent les 6 appareils d’un hangar préalablement repéré. Les pilotes font chauffer les moteurs et décollent vers Evreux, sans qu’à aucun moment on ne leur demande quoique ce soit.

L’entraînement commença sur des appareils, accumulant des heures de vol et 15 jours à 3 semaines plus tard, je recevais une note comminatoire m’ordonnant sous peine de graves sanctions, de restituer ces appareils.

Sans contre ordre, et sous menace d’une deuxième note comminatoire, malgré l’appui formel de colonel Bourges, je dus penser à rendre les avions et imaginer un stratagème : je demandai où fallait rendre ces appareils. On me répondit : A Chartres. C’est alors qu’en vieux militaire, je me suis arrangé pour que les avions parviennent sur le terrain de Chartres vers une heure de l’après-midi, heure à laquelle tous les officiers de la base se trouvaient en train de déjeuner et je me fais donner les décharges par les sous-officiers présents.

Mais les six pilotes et six mécanos, arrivés dans plusieurs voitures légères, remontèrent dans les avions et repartirent vers Evreux. Nous avions restitué ces avions mais nous n’en continuons pas moins à entraîner les élèves à leur bord !

Lorsque le général Armangaud vint faire une inspection, je n’en menai pas large. Le général arrive, me serre à peine la main, passe en revue les troupes alignées et revient vers moi et dit :

Armangaud : Et ces appareils ?

Barbou : Mon Général il fallait que je vole…

Armangaud : Eh bien, me rétorque le Général, vous les avez bien gagnés, vous pouvez les garder, ces appareils. »

Pierre Barbou, au milieu avec ses hommes. (coll. Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

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Article réalisé en complément du livre Collection Aérodromes n°11 Évreux – Fauville