Témoignage d’EOR

Un élève officier de réserve raconte
« J’ai fait mes classes à l’école d’officiers de réserve en novembre 1984, cela a été difficile pour moi dans le froid pour quelqu’un des tropiques (Ile de la Réunion). Je garde un souvenir impérissable de ces classes qui m’ont donné un exemple de commandement intelligent repris trop rarement dans le civil. Cela m’a permis de me dépasser physiquement pour les différentes activités (marches de nuits, parcours du combattant, rallye, etc …) »

Veillée d’EOR devant un feu de bois (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

« Le mois suivant, je débutais mon instruction à l’école d’officiers de réserve d’Évreux. Là j’ai appris des choses indispensables, telles que calculer un azimut (pour ne pas être azimuté, justement), faire le FOMEC (cacher les Formes, les Ombres, les Mouvements, l’Eclat, les Couleurs, donc il faut se planquer) et tirer au PM (Pistolet Mitrailleur) un choix douloureux. J’étais classé 33e et je savais qu’un large choix de postes s’offrait à moi. Deux me faisaient particulièrement saliver. D’un côté, une série d’emplois de bureau à Dakar, de l’autre, la possibilité d’entrer chez les fusiliers commandos, les fameux cocoys, avec en prime, le brevet de parachutiste. Durant la dernière semaine, je retournais la question trois milliards de fois dans ma cervelle. Dakar, parachute, parachute, Dakar… Nous étions rassemblés dans l’amphithéâtre, la liste des postes s’étalait sur un vaste tableau et dans l’ordre du classement, chacun venait inscrire son nom en face de l’affectation de son choix. Lorsque mon nom fut cité, mes deux affectations étaient encore disponibles. Je descendis la travée. Parachute, Dakar, la plage, sauter d’un avion, l’Afrique, Transall, chute libre, les joies Sénégalaises, l’odeur du kérosène. J’attrapai le marqueur, parachute, Sénégalaises, kérosène, cocotiers, j’approchai du tableau, sauter, sable fin…et j’inscrivis mon nom dans la case BA 200 Apt PC protection fusilier commando, option brevet para. Adieu les Sénégalaises et le sable fin. »
– Un élève EOR dont on n’a pas retenu le nom –

GE306 Bâtiment Ancien foyer (Coll. JM Borde)

 

Anciens élèves EOR, souvenez-vous de votre séjour au camp de Biville

L’école des élèves officiers de réserve au camp de Biville, vue par un élève
« Depuis plusieurs jours, une agitation se manifestait à l’EEOR, et ne croyez pas que c’était là le simple affairement des grands départs ; non, c’était plutôt les préparatifs d’un déménagement. Pensez donc, il s’agissait d’installer pendant une semaine, en pleine nature, 210 personnes et il faut l’avouer, avec tout le confort du Club Med. Je pouvais constater que longtemps avant le départ, une certaine gaîté animait tous ceux qui avait déjà fait ‘’Biville’’ comme jadis on a fait Verdun ou Austerlitz. La seule différence, c’est que Biville peut se faire plusieurs fois et il y a les vétérans de Biville, tels que l’ADC Saget qui aligne presque une cinquantaine de campagnes. Quant aux élèves, Biville ne leur représentait pas encore grand-chose, et leur gaîté était mêlée de l’appréhension de ceux qui se dirigent vers l’inconnu : leur imagination allait bon train et ils voyaient plutôt, ont-ils dit, un camp militaire entouré de fils barbelés en rase campagne. Ils ignoraient que Biville, cela voulait dire ‘’le grand large’’, les dunes ondulées et verdoyantes, les pinèdes ensoleillées et réchauffées par le soleil de juin, les plages de sable étendues sur des dizaines de kilomètres. Bref, que cela voulait dire l’EEOR en vacances ou l’escadron au grand air. »

Les différentes campagnes de Biville
« Evidemment, toutes les Biville ne se sont pas déroulés au mois de juin, sous le soleil, et le commandant Toussaint, commandant l’escadron des EOR nous fait le récit du Biville qui eut lieu en février 1972, sous la neige, le vent et le froid. Le commandant avait dû regrouper les élèves par trois dans les ‘’Small’’ et leur fournir des lits picots, car il était impossible, à moins de renouveler l’expérience de la retraite de Russie, que les élèves passent la nuit à même le sol, dans leurs tentes individuelles. Le vent glacial secouait les tentes qu’ils eurent beaucoup de mal à monter et à faire tenir. On voyait même les élèves se pelotonner dans les trous de dunes pour s’en protéger. Les sagas enfin montées avaient dû être consolidées et retenues jusqu’à mi-hauteur par de hauts monticules de sable. Certains camions bloqués par la neige eurent du mal à atteindre leur but. Les exercices prévus eurent cependant lieu, combat et rallye. D’autres Biville eurent lieu en pleine canicule au mois d’août. Pendant les grandes marées là, ce fut l’excès contraire et les élèves faisaient leur rallye, harassés et étouffés par une chaleur excessive, à tel point que certains d’entre eux ne se sentant pas très bien, ne voulaient plus continuer. L’on comprend mieux maintenant pourquoi l’on ne va pas à Biville mais pourquoi l’on fait Biville. Il y eut donc des Biville chauds, des Biville glacials, des Biville tempérés et ensoleillés… Le déménagement d’Évreux eut lieu le lundi 16 juin, au matin, entre 6h et 7h. C’était bien d’un déménagement dont il s’agissait et je n’en veux pour preuve que l’importance impressionnante du convoi et du matériel déplacé : deux jeeps, un sanitaire tous terrains, une R4 pour le service médical, un fourgon 1500 kg Citroën, un énorme camion de dépannage TBU, un car chausson et cinq camions T46 dont quatre affectés avec le car au transport du personnel, à raison de vingt-trois à vingt-cinq hommes par camions (130 élèves plus l’encadrement), quatre gros Berliet (2 GLC 28, 2 CBC 84t), une citerne à eau 3000 litres, quatre remorques lorraines, deux groupes électrogènes…voilà le convoi. Quant au matériel, en plus de l’armement et des munitions, du matériel transmissions nécessaires aux manœuvres, il y avait le matériel sécurité incendie, soute à essence, le matériel de cuisine et les rations avec glacière, une roulante Marion, quatre éléments de campagne au fuel pour cinquante rationnaires de combat, quatorze norvégiennes grand modèle.« 

La route vers le camp de Biville
« Le départ fut donc étalé sur environ une heure, de façon à ne pas voyager en convoi, selon les règles du code. Nous passâmes au garage avant le départ avec le car où je me trouvais, sans doute pour quelques ultimes vérifications. Le chef de garage nous rassura aussitôt en déclarant qu’il serait satisfait de voir 50% des véhicules arriver à bon port. Ce sont les yeux grands ouverts sur les risques encourus que cahin-caha, nous prîmes la route de Biville. Le chauffeur conduisit le car avec modération, car Biville se trouve à l’extrême pointe de la presqu’île du Cotentin, à quelques 250 kilomètres d’Évreux, il fallait ménager nos montures. Le voyage s’annonça très bien, beaucoup d’élèves s’étaient endormis, encore épuisés du tour de base qu’ils avaient effectués l’avant-veille. Nous passâmes Lisieux, Caen, Bayeux, Isigny, Carentan, le temps commença à se couvrir et après un arrêt buffet à Valognes, nous primes la direction de Bricquebec situé au cœur de la presqu’île du Cotentin et continuâmes notre expédition sous une pluie battante en direction de Beaumont Hague. La machine ne semblait pas fatiguée. Peu après Quettetot-les-pieux, vers 11h30, nous découvrîmes, depuis les hauteurs de Siouville, la mer qui s’étalait à quelques kilomètres de là. Comme les marins criant ‘’terre’’ après un long voyage mouvementé, les EOR s’écrièrent en un chorus : La mer ! La mer, en effet symbole d’évasion, s’étalait à nos pieds, nous donnant à tous un sentiment d’infini, surtout de ce point de vue magnifique où l’on découvre l’anse de Vauville tendue entre le nez de Jobourg au nord et le cap de Flamanville, au sud. Au loin, on pouvait apercevoir les îles Anglo Normandes, notamment Sercq et Aurigny et à la partie septentrionale du passage de la déroute. On était évidemment très loin des barbelés en rase campagne imaginée par certains élèves. Le camp fut installé en contre bas de dunes très élevées. Il fallait donc pour atteindre la plage, escalader la dune jusqu’à son sommet et redescendre vers les reliefs situés en contre bas pendant encore deux kilomètres. La pluie cessa à notre arrivée vers 12h30 et le soleil se leva. Il fit beau jusqu’à la fin du séjour. Le voyage se déroula donc dans les meilleurs conditions pour tous et les sombres pronostics du chef du garage ne se réalisèrent pas, à l’exception du T46 transportant la troisième brigade, qui s’essouffla peu après Carentan, à onze heures du matin, s’arrêta et ne voulut rien entendre pour repartir ; les poètes pensèrent que l’air de la mer ne lui convenait pas, les militaires pensèrent que c’était une panne d’essence, les spécialistes que la tête de delco était cassée : les militaires et les spécialistes avaient raison, car c’était la conjonction des deux phénomènes et un militaire doublé d’un spécialiste remit la machine en marche à 14h après avoir arrangé la tête de delco avec de la ficelle et rempli le réservoir d’essence. A part cet incident qui ne tenait qu’à un fil, tout le convoi arriva sans encombre et dans les délais raisonnables sur le terrain de manœuvres de la 32e division militaire. Après un repas sur le pouce, assis sur la dune, l’installation du camp commença vers 14h30 par la mise en place des feuillets suivant le règlement : tout était orchestré à l’avance et chacun connaissait sa fonction exacte et savait quelle pierre il devait apporter à l’édifice, si bien que le mouvement de troupe apparemment désordonné dans cette carrière de sable, s’enfla, se précisa et s’organisa au point que l’endroit prit l’aspect d’un camp de travail sur la mine de quelque colonie lointaine. La saga des cuisines, celle du mess, du magasin, de l’armurerie, des chauffeurs, du poste de garde se dressèrent une à une, suivies de dix small walls du soutien logistique, des trois de l’infirmerie, de celles des feuillets et de l’encadrement. A 16h45 le miracle se produisit, tout le camp fut installé, les camions rangés, le mât des couleurs pointait son extrémité vers le ciel comme pour lancer le défi final : ‘’ les EOR sont à Biville’’ ! »

Les EOR sont à Biville
« La disposition générale du camp était très simple et comprenait d’un côté au sud dans la carrière de sable, le camp logistique (direction de la manœuvre, instructeurs spécialisés, logistique, service du garage, service des cuisines) de l’autre côté au sud sur l’amorce des dunes, le camp des élèves avec ses soixante-cinq tentes individuelles et les seize small walls pour l’encadrement promotion et les paquetages. Entre les deux camps, le trait d’union était marqué par la place du rapport où se dressait le mât des couleurs et par les trois small du service de santé animé par un aspirant médecin lui-même assisté d’un aide infirmier qui avoua être plutôt versé dans l’histoire. A l’entrée du camp se dressait la saga du poste de garde : la garde de jour de 6h à 20h était placée sous la responsabilité d’un adjudant-chef. Les sentinelles étaient chargées de la sécurité du matériel (ordre, vol, incendie, intempéries) et en particulier, un homme de garde à l’armurerie interdisait tout accès à cette tente. La garde de nuit était assurée par fractions de deux heures, de 20h à 6h30.
Au fond du couloir, à gauche, la salle de bain ! C’est en effet, au bout d’un couloir de verdure, le long d’un ruisseau qui borde le camp au pied des dunes que se trouve une petite clairière ombragée et intime, à un endroit où la rivière s’élargit en une sorte de bassin peu profond et où coule une source limpide et potable. C’est à cet endroit plein de charme que j’ai pu assister à des scènes bibliques où les EOR, au milieu du fleuve s’adonnaient à leurs libations matinales devant des miroirs qui pendaient aux arbres comme la pomme du jugement dernier, accompagnés dans ces rites par les ADC qui tels les Naïades au bain, pratiquaient leurs ablutions avec la lenteur d’un cérémonial. Pour ceux qui ne voulaient pas retourner aux sources en se rasant avec une lame, le groupe électrogène répandait ses 110 volts à qui voulait les saisir. Il alimentait également un circuit électrique pour l’éclairage du camp logistique. Bref, un confort estival, une installation à faire pâlir d’envie le club med et les campings de grand luxe n’ont qu’à bien se tenir à côté.« 

La cérémonie des couleurs
« Dès le lundi, à 18h30, la vie du camp commença par la cérémonie des couleurs qui prit une dimension nouvelle dans le cadre où elle se déroulait, ses soldats en tenue de combat impeccablement ordonnés autour du drapeau dans cet endroit retiré au sein de la nature, me faisait irrésistiblement penser aux partisans de la dernière guerre, à ces résistants qui étaient bien souvent obligés de se retrouver dans les endroits les plus sauvages pour mettre sur pied l’armée des ombres. Cette cérémonie au déclin du jour encore ensoleillé ne pouvait pas laisser indifférent et le silence que chacun s’imposait avait quelque chose d’émouvant. Chaque matin et chaque soir durant le séjour, le cérémonial renouvelé reprenait encore cette dimension de grandeur respectueuse et dépouillée. Le premier soir, le repas des élèves commença par de gros beefsteaks qui paraissaient s’imposer avant les manœuvres du lendemain et du surlendemain où les rations de combat sont l’ordinaire. Les repas de l’encadrement avaient lieu au mess où se trouvait une table disposée en fer à cheval. La table était présidée par le commandant qui, encadré par la porte du velum blanc ouverte comme un dais, faisait penser à quelque prince du désert chef de tribu de nomades, assisté à sa droite d’un grand vizir, le capitaine. Il faut dire que la carrière de sable ensoleillée que nous apercevions à travers les ouvertures ajoutait à cette impression. Je regardais autour de moi et j’imaginais ces guerriers du désert venant prendre des forces avant le combat. Les beefsteaks imposants étaient à la hauteur de la légende. Par respect pour ceux qui ont combattu durant ce séjour à Biville, et que les rations de combat ont nourris pendant les manœuvres, je ne citerai pas les menus que nous mijotait avec amour l’adjudant : le grand cerf n’est rien à côté. Le mardi matin, nous eûmes droit à un réveil dont seul un adjudant-chef avait le secret, alliant entre eux les bâtons de dynamite. De quoi réduire à néant la dune du Pyla. Il n’y a guère eu que le toubib, que Morphée tenait dans un sommeil profond, pour oser déclarer qu’il n’avait rien entendu et qu’il voulait dormir encore une heure après l’évènement. Chaque matin à 6h la terre trembla. »

Les grandes manœuvres – Le combat
« Après le réveil mouvementé et les préparatifs du matin, les élèves partirent pour leur première manœuvre qui consistait en un exercice de combat destiné à remplacer la défense de base effectuée d’ordinaire pendant le stage EOR. Cet exercice devait avoir lieu du mardi 8h30 au mercredi 12h30 sur le terrain de manœuvre de Biville, avec attaque et défense du cantonnement de nuit puis attaque et défense d’un point sensible avec utilisation de munitions à blanc. La promotion fut divisée en forces bleues et forces rouges : il s’agissait pour les uns de mettre en place une station radio de campagne et d’assurer sa protection, deux sections de combat INF801 en étaient chargées ; pour les autres, il fallait tendre des embuscades sur les éléments adverses chargés d’installer les stations et pour la nuit d’effectuer des coups de main sur les deux stations situées sur les hauteurs des dunes avec une zone de refuge dans la ‘’fosse à loups’’, immense cuvette de dune allant jusqu’à la mer. Le lendemain matin, les commandos ennemis ayant harcelé les stations devaient être embarqués par un sous-marin le 18 juin entre 10h et 11h, les forces bleues elles, devaient alors tenter de les détruire. Le but de l’exercice fut essentiellement de mettre en pratique les différents cours dispensés durant le stage : progression en zone d’insécurité, les embuscades, les patrouilles, la reconnaissance et la réduction de points particuliers du terrain, le coup de main à la section, la section défensive.
Une section devait traverser les lignes de la cote à deux heures du matin. La nuit était très douce, la lune donnait et projetait des ombres : arrivés au pied d’une première colline, nous pensions avoir atteint notre but et commençâmes à escalader la dune le plus discrètement possible. Après moults efforts, un silence absolu nous accueillit au sommet où l’on découvrit une nouvelle rupture de pente et au loin se profilant sous l’éclairage de la lune, une nouvelle colline que nous pensions cette fois-ci être la bonne. Il nous fallut redescendre dans le talweg toujours en rampant avant l’escalade finale de la cote 107 où nous fûmes reçus à quelques mètres du but par une grenade perdue, ce qui permit d’ailleurs à l’un des nôtres, en faisant diversion, de passer les lignes de défense par surprise.« 

Le repos du guerrier
« Le lendemain midi, après les derniers exercices qui se terminaient sur la plage, tous les combattants rentrèrent au camp et après les ablutions d’usage et un repas consistant, chacun fut libre de ses mouvements : les plus sages se reposèrent pour le rallye du lendemain, mais la plupart en profitèrent pour goûter la température de la Manche que les gens du sud ont dû trouver un peu froide.
Nous eûmes le midi la visite du commandant de la base qui vint en Puma piloté par lui-même. Avant le déjeuner, le colonel voulut voir le ‘’pont de singe’’, obstacle pour le rallye, qui consistait en deux cordes tendues entre deux arbres au-dessus de la rivière. Après le déjeuner, le Puma redécolla et après un tour d’honneur au-dessus du camp, prit le chemin du retour.
Le soir, les élèves se couchèrent suffisamment tôt tandis qu’une brochette partie devait avoir lieu pour l’encadrement, en plein air, sous la présidence du commandant en second du GE 306. Au cours de cette cérémonie, de nouveaux brigadiers furent baptisés au chant de ‘’il est des nôtres…’’. A l’issue du repas, les gradés se recueillirent sur la tombe de Tartazol, EOR mort en combattant à Biville.
Le lendemain matin, nous eûmes droit comme à l’ordinaire à un réveil mouvementé et après la cérémonie des couleurs, à 8h, et la perception des armes et des repas froids, le rallye commença. Cet exercice de tradition chez les EOR est destiné à contrôler les connaissances techniques acquises pendant le stage, à révéler l’esprit d’équipe des élèves et à contrôler leur endurance dans un effort physique important. L’épreuve consiste pour les élèves, groupés en commandos de cinq à six élèves, de rallier divers stands en suivant un itinéraire imposé par des claques, photographies aériennes ou azimuts. Le stand départ de chaque commando est également son stand d’arrivée et suivant les stands, les élèves subissent un contrôle pratique individuel ou collectif. La distance totale à couvrir est de l’ordre de trente kilomètres.« 

Les passages aux stands pour éprouver les connaissances acquises
« A l’issue des couleurs chaque commando rejoignit chacun huit stands : au stand transmission, les élèves devaient mettre en état le fonctionnement d’un poste TRPP 15A avec émission réception et transmission de messages. Ils devaient également monter et démonter une antenne LA 7C dans un laps de temps chronométré. Au stand topographie, ils devaient soit orienter une carte, soit calculer un angle de marche, une distance ou des pentes. Un lancer de vingt grenades dans un cercle de trois mètres de diamètre situé à vingt-cinq mètres les attendait au stand ‘’grenade’’. Au point tournant Fox, ils devaient accomplir une course relais, les membres du commando se transmettant à chaque cent mètres l’AA52. Au stand armement chaque élève devait remonter dans un temps record un MAS 56, un MAC 50 livré en pièces détachées. Le stand suivant était le fameux pont de singe qu’il fallait passer sac au dos, à plat ventre sur les deux cordes, autant vous dire qu’il y eut des chutes un peu humides. L’avant dernier stand était le stand ‘’pines et mièges’’ (mines et pièges) où il s’agissait de détecter des mines à l’aide de baïonnettes dans un champ de mines bien délimité. Enfin, au stand NBC, les élèves devaient subir une interrogation sur la mise en œuvre du matériel NBC et sur les moyens de protection. Les élèves devaient passer aussi par trois contrôles obligatoires et signaler leur position par message au PC Trans. Les encadrants parcouraient le site en Jeep afin de superviser les opérations.« 

Crevé, mais content ! Mission accomplie
« Biville ! C’est un paysage que l’on n’oublie pas, même lorsqu’en tenue de combat, sac au dos, PM et TRPP 15A en bandoulière on a parcouru ce terrain accidenté pour des manœuvres de nuit et même lorsqu’ après ces manœuvres on a parcouru trente kilomètres topo pour le rallye. On rentre épuisé, mais tellement satisfait d’avoir réalisé une saine prouesse. D’ailleurs, la plupart des élèves ne paraissent pas plus exténués que s’ils avaient effectué une promenade de santé : car il faut dire que l’on est mis en condition physique pendant le stage EOR, même les footings matinaux faisaient partie du programme. Le service des sports était là pour l’assurer dès 6h moins dix dans la campagne bivillaise. Comme le disait un de mes camarades de promotion : on en ressort moins délabré et de plus la camaraderie et l’esprit de corps que l’on y trouve permettent de surmonter toutes les difficultés.
Ceux qui ont fait Biville ont beaucoup de chance et je comprends que de nombreux élèves m’aient dit vouloir revenir ici, visiter cette région pittoresque. Mais demain, il faudra rentrer. En une heure trois quart tout le camp sera rangé, plus un seul papier ne traînera à terre.
C’est la veille du départ, le séjour à Biville touche à sa fin, le soleil décline à l’horizon sur les îles Anglo-Normandes, un coucher de soleil comme il en existe peu ailleurs que sur la presqu’île du Cotentin : la nuit vient, les EOR se sont endormis, fatigués mais heureux.
Mission accomplie !
Le matin du départ eut lieu la dernière cérémonie des couleurs : Escadron à mon commandement, garde à vous ! et une vache dans la campagne bivillaise fit écho au capitaine. Quelques sourires s’esquissèrent : c’était l’adieu de Biville à l’escadron des EOR ou plutôt l’au revoir.« 

Un souvenir de l’EOR Philippe Waché-Valin
« En formation comme élève officier de Réserve, le soldat Waché-Valin se souvient que son passage à Biville était une période difficile en raison du peu de sommeil qui leur était accordé à cause des exercices de nuit et des efforts physiques qui leurs étaient imposés.
Philippe est le petit fils du général Martial Valin. Sa mère Monna, encore jeune, était à Londres avec sa sœur Danielle et sa mère lorsque son père, colonel aviateur, avait été nommé chef des Forces Aériennes Françaises Libres par le général de Gaulle. Il fut le réorganisateur des forces aériennes en créant les premiers groupes autonomes Français en Angleterre. Entre octobre 1944 et février 1946 il sera le chef d’état-major général de l’armée de l’air, puis, ne pouvant devenir maréchal, il fut élu, par l’Assemblée nationale, comme général d’armée en première section du cadre des officiers généraux à vie. Il s’éteindra le 19 septembre 1980. Il est enterré à Limoges. »

Au centre sans casque Philippe Waché-Valin petit fils du général Martial Valin (Coll. Waché-Valin)

Autre souvenir de l’EOR Gilles Pruvost
« EOR en 1986 je suis affecté au GE 306 pour le reste de mon service, j’ai souvenir d’avoir failli être tué lors d’un contrôle inopiné de nuit en pleine tempête au groupement aérien mixte par la patrouille cynophile. Une grande frayeur…. J’étais affecté pendant une semaine à l’escadron de protection pour évaluer la réactivité de la sécurité.
Je me suis donc pointé du côté du GAM et quand le gars m’a demandé de lancer mon badge pour vérification une rafale de vent l’a emporté et le gars a paniqué.
Il m’a couché par terre et m’a mis en joue avec son Famas…Voilà l’histoire… « 

 

GE306 Bâtiment 107 hébergement (Coll. JM Borde)

 

Impressions d’un stagiaire de L’EFOA
« Tout a été certainement dit sur les activités du GE 306, mais ayant eu la chance d’y faire un stage du 7 janvier au 22 février 1974, je me propose de vous parler du GE en tant qu’élève. A l’EFOSA, ce qui frappe d’abord c’est l’accueil. Les élèves y sont très sensibles. Tout a été prévu dans le moindre détail, depuis les places dans les salles de cours, jusqu’aux plaquettes d’identification aux couleurs bleue, mauve ou rouge suivant les spécialités. En ce matin du 7 janvier, après les discours de bienvenue du commandant du GE et du commandant de l’EFOA, nous faisons connaissance entre stagiaires dans nos salles de cours. Nous sommes 87 élèves officiers répartis en 4 brigades de 21 à 22 et classés par ordre alphabétique. Chaque brigade a son brigadier : le plus impressionnant est, sans nul doute, le lieutenant Mousssie. Sa grosse voix fait vibrer les élèves, aussi les déplacements en rang par 6 ne se font bien qu’en sa présence. Mais de la même manière qu’il avait fait peur au début, il allait forcer l’admiration au cours du stage par son sens de l’organisation, son impartialité, son dévouement et son grand cœur. Il sut se faire estimer de tous et certains, à la fin du stage, regrettèrent de ne pas l’avoir eu comme brigadier. Les cours commencent aussitôt : règlement, correspondance militaire, organisation de l’armée de l’Air, topographie, combat, NBC, législation militaire etc. Le mercredi soir, troisième jour du stage, première marche pour une mise en jambes de 8km seulement. Le lundi suivant, les exposés commencent, chaque élève doit en faire deux. Le premier sur un sujet au choix, le second sur un sujet imposé : le conflit sino-soviétique, la justice, la constitution, le tiercé, la pollution et le pétrole étaient parmi les sujets imposés. Scénario : l’élève parle pendant une vingtaine de minutes puis dirige un débat et on en fait la critique. Pour les stagiaires, les exposés et les marches sont deux sujets de préoccupation dominants. Chaque mercredi soir avaient lieu les sorties hebdomadaires, par commandos de 4 élèves : 8km, 16km, 20km ! Mais l’apothéose fut ‘’la longue nuit’’ du mercredi au jeudi 14 février. Cette sortie remplaçait pour des raisons de sécurité, le parcours évasion des stages précédents qui durait 3 jours. Mais si celle-ci ne durait que 24 heures, le kilométrage à l’ancienne avait été conservé et c’est 65km en trois étapes truffées de contrôles intermédiaires, qu’il a fallu parcourir. Il serait vain de vouloir raconter les épreuves endurées et beaucoup ont regretté que les organisateurs de cette promenade nocturne n’aient pas été invités à y participer. Il faut dire que notre moyenne d’âge était de 40 ans. Un commando de sa brigade s’est trouvé réduit à deux élèves au cours de cette sortie. Un brigadier a su s’attirer l’estime générale car après l’abandon des deux autres, il leur était interdit de continuer par le règlement. C’est alors que le lieutenant Muckensturm, prévenu, n’a prit que le temps de mettre sa tenue de combat et a rejoint les 2 rescapés pour les 20 derniers kilomètres ; ceci leur a permis de terminer dans les temps et d’avoir une bonne note. C’était important, car après la notation il y a le classement et celui-ci conditionne le choix de l’affectation. L’affectation étant la préoccupation de tous les stagiaires, la course au classement est une motivation très importante de ce stage d’information. L’inconnue dans le classement, c’est la note d’aptitude au commandement, mieux connue sous le nom de ‘’côte d’amour’’. A la troisième brigade, on estimait que le brigadier se contenterait de mettre à chacun une note voisine de sa moyenne générale.
Nous n’avions jamais pensé que c’est nous qui avions le brigadier qui note bien : le titre lui a été décerné.
Maintenant que notre stage est terminé, les locaux qui nous ont vu au travail sont occupés par une promotion d’officiers techniciens. Puis ce sera le calme plat. Enfin en novembre, viendront les ORSA et en janvier prochain, une autre promotion rang. La promotion 74 ne leur souhaite qu’une chose : que le capitaine Gehin soit toujours commandant de l’EFOA car nous lui devons d’avoir rendu le stage plus facile, sinon plus agréable. Tous les stagiaires ont leurs soucis au cours du stage. Après coup, ils vous diront tous que ce n’est rien. Il en est ainsi chaque fois que l’on repasse à l’école et ce n’est qu’après avoir franchi l’épreuve que l’on peut en parler : c’est ce que vient de faire un officier ex stagiaire 74 du GE.306. »
– SLT Vital Leca –

Témoignage d’un élève technicien au concours d’ORSA
« En septembre 1979, je passe les épreuves du concours pour l’accession au statut d’officier de réserve en situation d’activité (ORSA). Nouveau recrutement, j’appartiens à la première vraie promotion en formation sur la BA 105 d’Évreux à partir de mai 1980 (statut nouveau ouvert aux « non navigants » pour combler le bas de la pyramide des grades d’officiers). Cette promotion se compose de 60 PN (personnel navigant), 20 basiers PNG (administratifs, contrôleurs, commandos, etc.) et 20 mécaniciens PNS. Je sors avec le classement de 17/100 de la promotion et 2/20 des mécaniciens. Je choisis un poste au sein du service télécommunications du CEL (Centre d’essais des Landes) de Biscarrosse (Landes).« 

 

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Article réalisé en complément du livre Collection Aérodromes n°11 Evreux – Fauville