Aérodrome de Pontelevoy – Fonds René Crozet

Extrait du carnet de notes n°2

L’histoire de ce dossier et la mise en valeur de ce trésor
Juste avant le passage en l’année 2000, un descendant de René Crozet apporte ce dossier volumineux dans le centre Onera de Meudon-la-Forêt. «Faites-en bon usage» dit-il avant de partir sans laisser d’adresse, hélas. Il n’est pas dans les missions de l’Onera d’exploiter ce volumineux dossier mais il a néanmoins été conservé précieusement durant des années avant d’être confié à l’association Anciens-Aérodromes pour valorisation.

René Crozet

Une exploitation conjointe de ce dossier est en cours avec l’association Aeriastory http://aeriastory.blogspot.com/2020/11/le-fonds-rene-crozet-anciens-aerodromes.html 

Note de 2A ; Les carnets de René Crozet ne sont pas que des textes car en effet il dessine beaucoup et avec précision comme le montre le dessin ci-dessus (Farman – Type 1914 – 80 HP Renault).

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Le carnet n°2 de René Crozet est principalement tourné vers les évènements qui se sont produit en 1915 sur l’aérodrome de Romorantin, mais … parmi les 225 pages de ce document on trouve un petit article sur Pontlevoy.

Le contexte 

Vendredi 24 septembre 1915 René Crozet arrive sur le terrain de Romorantin vers 8h du matin pour assister à une maladresse de mécano puis un départ pénible pour Avord. Peu après il découvre au-dessus de la Butte (voir la fiche de Romorantin-La Butte – https://www.anciens-aerodromes.com/?p=128361) un Voisin qui arrive au ralenti, vire à plat (inquiétude de René), atterri trop long et s’embourbe au bout du terrain. C’est le V.281 à plans inégaux et hélice Chauvière est piloté par Varillon. Admirez les détails de l’avion et de la description du terrain ci-dessous.
Je transcris maintenant le texte de René Crozet sur Pontlevoy :
« L’après-midi, excursion en auto (Rochet-Schneider) avec M. Normant à Pontlevoy … Dans Pont. Levoy, nous tournons à droite et prenons la route de Chaumont (sur-Loire) en bordure de laquelle sur la droite à 5 ou 600 m du bourg se trouve l’aérodrome. 4 hangars tournant le dos à la route ; girouette, téléphone, flèche anémomètre, restes de palissade et de clôture. Nous entrons.

Deux images issues de Google Street.
La route à droite (D114) dans Pontlevoy et la culture remplaçant l’aérodrome.

 

A droite, 2 hangars accolés, peints en noir, vides, de dimensions assez restreintes. Le long de ces hangars, entassement de débris informes, lavés par la pluie, provenant de 2 Farman avec stabilo à l’avant. Auprès, un vieux châssis à fourche, genre Voisin, sans roues.
A gauche, hangar peint en blanc. A côté, logement atelier du mécanicien, pièces de rechanges pour Caudron G3, pièces de moteur. Dans ce hangar, par les fentes des planches nous apercevons un appareil bizarre, ailes en carré, gouvernes et pilote au centre, sans moteur, construit en tubes d’acier, produit de l’imagination maladive d’un indigène de Pont.Levoy.
Plus loin, hangar de 16m x 20m dans lequel se trouve un Caudron-le Rhône C.708, hélice Régy. Il a dû atterrir brutalement. Les 2 plans sont affaissés au droit de la nacelle, les contre-fiches obliques sont faussées. Terrain exigüe, cabossé, dur mais dégagé de partout sauf vers la route qui est bordée d’une ligne téléphonique. T en toile au milieu, dépôt souterrain d’essence, à côté du hangar du Caudron. Petite conversation avec le mécanicien et le pilote. Retour pour Pruniers sous une pluie battante. »

Juste sous ce texte nous donnant les détails de ce terrain il y avait la note suivante que l’on ne peut pas raccrocher au texte sauf que cela se passe certainement à Pontlevoy quelques jours après le vendredi 24.

Le texte de René Crozet nous aide à positionner approximative du terrain de Pontlevoy sur une photo aérienne de 1950.

Origine Géoportail – Remonter le temps

En partant de ces éléments, deux membres de 2A ont effectué une recherche approfondie qui est présentée dans la suite de cet article. Merci à eux pour ce gros travail de remise en mémoire historique de cet aérodrome qui, en 2010 a fêté son Centenaire.

 

René Crozet le 24 septembre 1915

Par Jérôme Grosse, membre de 2A, qui a réalisé un résumé des actions de René Crozet durant cette période de l’avant-guerre 14-18.

René Crozet a 19 ans et il est en classe de terminale. Il passera son BAC fin Juin 1915 à Paris. Il est chez lui à Romorantin dans une maison avec jardin qui semble assez proche du terrain d’aviation. René est presque chaque jour au terrain et dans les hangars. Il ne vient pas pour regarder mais participe aux entrées-sorties des avions. Il discute avec les pilotes et participe au décollage des aéronefs. Et en plus il note dans ces carnets tout ce qui se passe dans cet environnement aéronautique.
Son père étant Ingénieur aux Etablissements Normant Frères il a ses entrées un peu partout. Par 2 fois il accompagne le PDG Monsieur Normant sur les terrains d’aviation d’Avord et de Pontlevoy.
Normant Frères est une grande usine de fabrication de draps, qui fait vivre toute la ville.

Photo de l’usine Normant-Frères extraite du site
(http://www.histoirenormantromorantin.com/index_m.html)

Cette usine fonctionne nuit et jour pour produire le drap bleu du poilu mais qui est ce Mr. Normant en 1915 : Benjamin Normant (1845-1920), le PDG ou son fils Hippolyte ?
Cette très grosse usine est appelée « Maison drapière Normant-Frères ».

Je pense qu’en recoupant les journaux d’époque, les visites de Crozet et les articles Internet, nous avons une vision claire du terrain de 1910 à 1915.