Beynes-Thiverval, lieu historique du vol à voile.

PaysFrance
DépartementYvelines
NomAérodrome de Beynes-Thiverval
Autre appellationCentre aéronautique de Beynes
Commune (s)BEYNES
Coordonnées48°50'45.2"N / 1°53'58.2"E
OACILFPF
SituationBEYNES
Utilisation1930 à aujourd'hui - Lieu historique du Vol à Voile
Autres rubriques

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Carte Val-de-Gally Beynes-Thiverval-Grignon anciens aérodromes

Croquis localisation

Selon les sources, la découverte du terrain de Beynes, ou plus exactement de ses étonnantes «qualités aérologiques» est revendiquée par deux personnes :

– l’un, Jean Sanson, horticulteur, pisciculteur à Beynes, et amateur de modèles réduits d’avions, qui aurait indiqué en 1929 le site à Pierre Massenet qui se plaignait du manque d’ascendances à Saint-Cyr ;

– l’autre, Charles Fauvel, le créateur de « l’aile volante », qui aurait découvert en 1930, au cours d’un vol, la plate-forme de Beynes-Thiverval, reconnaissable à son « pont d’envol » surélevé, semblable à celui d’un très grand porte-avions, et favorable au « vol de pente ».

Photo terrain Beynes-Thiverval Anciens Aérodromes

En tout cas, le site ne déçut pas les espoirs de ses découvreurs, et les années d’avant-guerre verront les précurseurs français perfectionner les techniques du vol à voile à partir de ce centre. Puis après-guerre, les clubs installés ici feront de ce terrain un des tout premiers sites français pour le nombre de records obtenus. Parallèlement, à partir de la fin de 1964, Auguste Mudry développe ici, au sein d’une coopérative de fabrication, la CAARP, la construction d’avions de voltige remarquables, la série des CAP. Ainsi, Beynes-Thiverval, terrain historique du vol à voile en Ile-de-France, demeure, jusqu’à ce jour, le lieu privilégié des techniques de haut niveau pour cette discipline dans la région.

Les années 1930 à 1939 sont marquées par le dynamisme du CAU et des planeurs AVIA. Le lieu est véritablement un laboratoire de perfectionnement des techniques. Dès fin mars 1932, on essaie un carénage sur le planeur Avia 11 A de l’Ecole Centrale. A la Pentecôte, on maîtrise le vol en « S », avec retour au point de départ.

Il y eut même une tentative de « motoplaneur », c’est-à-dire d’un planeur capable de prendre son envol seul grâce à un moteur. Ce prototype a été imaginé par Maurice Brochet. A partir d’une épave d’Avia 15 A, il avait élaboré une machine fuselée, équipée d’un moteur Poinsard de 25 Cv fixé en arrière des ailes, en position propulsive. Cet engin est validé par Raymond Jarlaud et Pierre Massenet qui le modifient et en font l’Avia 50 MP. Eric Nessler essaie cet appareil à Beynes le 17 mai 1934. Il donne entière satisfaction : d’un pilotage facile, il décolle très rapidement et tient remarquablement l’air. Un second appareil sera construit. Ils feront tous deux le bonheur de leur club pendant de nombreuses années.

1936, époque de l’Aviation Populaire

Beynes devient l’un des 4 « Centres Régionaux » de vol à voile reconnus par le Ministère de l’Air. Des hangars sont édifiés en bordure du terrain. Sa gestion est confiée à l’AVIA dont le directeur, Pierre Massenet, est nommé chef de centre. Le 1er Juin 1938, le Ministère charge également l’AVIA de l’instruction et du perfectionnement des élèves des clubs vélivoles de la Région Parisienne.

A cette date, les dimensions du terrain sont de 660 m x 300 m (19,8 ha). Le Centre y occupe deux hangars pour les planeurs, des bureaux, des salles de cours. Quatre moniteurs sont appointés par l’État. La flotte se compose de 16 planeurs (9 Avia d’école et 7 de performance) et de deux avions : un Caudron 60 de remorquage et un Potez 60.

Les années de guerre

Le 12 mars 1940, les autorités allemandes tolèrent la présence d’une « Amicale du Vol à Voile Français ». Les vols sont autorisés à l’intérieur d’une zone et par lancer au treuil uniquement. L’Amicale regroupe les pilotes du CAU restés à Beynes et ceux du Groupe l’Air qui volent à Saint-Cyr, ainsi que tous leurs matériels. Ils ne pourront voler que du 23 mars au 12 mai, devant alors céder la place aux avions de liaison allemands et à des Caudron Goéland sans doute réquisitionnés. Ce qui vaudra à Beynes quelques sévères attaques alliées.

Dans le même temps, un certain nombre de vélivoles ont dû suivre l’exode. Eric Nessler s’est installé à la Banne d’Ordanche depuis l’Armistice, tandis que Georges Abrial et son Groupe l’Air sont partis à Toulouse. Tous maintiennent l’activité du vol à voile français sous l’impulsion de la Section des Sports Aériens du Commissariat Général aux Sports du gouvernement de Vichy.

En juin 1940, les Allemands ont réquisitionné les planeurs de l’Amicale : tous les planeurs du CAU, dont l’Avia 41 P de Nessler, l’Avia 40 P du Groupe l’Air, et le prototype Delanne 30 P2. Etonnant détail : il a été retrouvé trois factures du 18/5/1942, du CAU à l’État Français, pour l’utilisation par l’occupant d’un Avia 40 P dit « Blanche Neige », d’un Grünau Baby et d’un Rhönsperber de grandes performances…

Que firent les Allemands avec ces machines ? Certes, on peut imaginer que certains officiers, eux-mêmes férus de vol à voile (déjà fort développé dans l’Allemagne d’avant-guerre), mettaient à profit leurs périodes de permission pour pratiquer leur sport favori. Mais l’on sait que Beynes fut utilisé par l’ennemi pendant toute la durée de la guerre, et il y a tout lieu de penser que l’armée allemande se servait du vol à voile au départ de ce terrain pour des missions de surveillance silencieuses au dessus de la vallée de la Seine et de la région. Les archives militaires allemandes de la guerre étant désormais ouvertes, des recherches en ce sens mériteraient d’être tentées, mais elles nécessitent un financement spécifique.

Photo aérienne Beynes-Thivernal Anciens Aérodromes

En août 1944, l’avance Alliée est stoppée sur le plateau de Thiverval et sur l’aérodrome par une contre offensive allemande. Au même moment, au Camp de Frileuse tout proche, un commando du Spécial Air Service établit son poste de commandement, avec pour objectif d’abattre le maréchal allemand Rommel, qui a installé son Q.G. à la Roche-Guyon, au nord de Mantes.

Après guerre, le renouveau 1945 – 1955 : une pépinière de records

Il faut attendre avril 1945 pour que le Centre de Beynes (qui de Régional devient National) soit à nouveau ouvert. A partir de 1949 le SALS décide du transfert du Centre Inter-Clubs (CIC) de Saint-Cyr-l’Ecole vers Beynes, pour des raisons de sécurité.  Dès 1947, les vols de plus de 300 km deviennent monnaie courante.

Beynes est alors au sommet de ses activités : en 1971, on dénombre plus de 10 000 lancements remorqués, et plus de 5 000 heures de vol. En 1972, le Centre Inter-Clubs est transformé en Centre Aéronautique de Beynes (CAB) qui reprend les seules activités de vol à voile du CIC, l’affectation du terrain, et la propriété du matériel. Ses hautes figures en seront Jean Melleton et Jacky Lacheny..

Au cours de cette décennie, les planeurs évoluent rapidement : les machines de la génération de l’avant-guerre, en « bois et toile » sont définitivement remplacées par des engins en résine, fibre de verre ou carbone.

En 1973, avec l’ouverture de Roissy-Charles de Gaulle, l’espace aérien de la plaine de Versailles est restructuré. La nouvelle réglementation impose l’arrêt du vol à voile à Chavenay, et le transfert des planeurs à Bailleau sous Gallardon. L’activité ne se maintient à Beynes qu’au prix de sévères limitations de plafond, et de dérogations durement négociées.

Planeurs Bijave aérodrome Beynes-Thiverval
Les problèmes d’environnement semblent même menacer l’existence du terrain. S’y ajoutent des problèmes techniques, en particulier, l’interdiction de vol des premiers planeurs biplaces, les Bijave, qui devront subir une importante modification avant remise en vol.

Beynes aujourd’hui

Depuis les années 1980, les riverains se plaignent des nuisances de fin de semaine: bien que vouée au vol à voile, l’activité est bruyante… à cause des départs remorqués. La solution passera par la mise en service d’un nouveau treuil, moyen silencieux et spectaculaire de lancement. C’est ainsi que, depuis l’année 2000, le Centre Aéronautique de Beynes est le seul club de la Région Parisienne à offrir le lancement treuillé.

Durant la décennie 1990, sous l’impulsion de Jacky Lacheny, le Centre de Beynes organise au mois d’août les « Dix jours de Beynes » qui attirent les meilleurs pilotes nationaux et internationaux. Cette manifestation servira même de support à divers championnats régionaux ou nationaux entre 1991 et 1998. Cette activité, trop prenante en termes d’organisation sera momentanément abandonnée. Mais Beynes s’est doté, depuis février 1998, d’une Unité d’Entretien Agréée (UEA) qui permet d’entretenir sur place le matériel volant de l’association. En hiver, la presque totale inactivité des planeurs laisse la place au parapente et aux modèles réduits.

Planeurs hangars Centre Aéronautique de Beynes
En 2007, Beynes est le terrain de vol à voile le plus proche de l’agglomération parisienne, le dernier des terrains historiques de la Région Parisienne resté en activité. Les autres ayant été victimes de l’intensification de la circulation aérienne. Haut lieu du vol à voile, connu dans l’Europe entière, le Centre Aéronautique de Beynes reste une école de vie, et un lieu de découverte de soi-même et des autres, bénéficiant d’un important potentiel pour le recrutement de nouveaux vélivoles, et pour la promotion du vol à voile.

Ce terrain, qui appartenait jusqu’ici au Ministère de la défense, a été transféré à la commune de Thiverval en 2007.

Extraits Cent ans d’aéronautique au Val de Gally – Nos remerciements à Michèle Seignette et Philippe Pâris. Ont également participé à la création de l’ouvrage : Christian Bernadat et René Seignette +

Fiche Aériastory – 2020
Crédit photos : Aériastory