Guy de Châteaubrun – L’inoubliable parcours d’un pilote

 Du Gipsy Moth au Delanne 20 T

Portrait de Guy de Châteaubrun réalisé par le studio Harcourt

 

1938, une année charnière
L’année 1938 est sans nul doute une année charnière, tant sur le plan de la politique internationale de l’entre-deux-guerres que sur celui de l’histoire de notre Armée de l’Air. A cette époque, et depuis quelques temps déjà, le regard des grands pays démocratiques comme la Grande-Bretagne et la France est tourné vers le voisin germanique. En cinq ans, Adolph Hitler a redressé de manière spectaculaire la puissance industrielle d’une Allemagne qui se trouvait pourtant bien moribonde après le Traité de Versailles et la crise de 1929.
Au fil du temps, il s’avère cependant de plus en plus évident que les ambitions du chancelier allemand ne se bornent pas uniquement au développement économique de la nation. L’armée allemande elle aussi renaît de ses cendres et de manière quelque peu inquiétante.
Reconstituée progressivement sous le commandement d’Hermann Goering, la Luftwaffe est à présent devenue une force aérienne qui dissimule bien mal ses véritables capacités d’action. A peine camouflés sous la simple croix noire de la Légion Condor, ce sont de toute évidence ses chasseurs Messerschmitt Bf 109 et bombardiers Heinkel He 111 qui participent activement à cet instant à la guerre d’Espagne.
D’autres signaux d’alerte s’allument également en cette année 1938. L’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par le IIIe Reich, puis quelques mois plus tard celle d’une partie de la Tchécoslovaquie. La tension internationale monte alors à un niveau tel niveau que l’on craint cette fois qu’une nouvelle guerre en Europe soit inévitable. Les négociations entreprises alors vont déboucher sur les célèbres accords de Munich signés par l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie. Au sujet de ce traité, accepté dans la hâte par Daladier et Chamberlain et qui doit théoriquement nous assurer une paix durable, Winston Churchill déclarera le 7 novembre 1938 : « Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ».

« Si vis pacem, para bellum »
« Qui veut la paix prépare la guerre ». Face à cette situation, ce vieil adage va alors devoir être appliqué dans des conditions d’extrême urgence à notre Armée de l’Air. En 1938, elle n’en est qu’au stade de la réception de ses premiers Morane Saulnier MS 406. Le Dewoitine D.520 n’est encore pour sa part qu’un prototype en cours de développement. Nos pilotes ont un besoin impératif de disposer dans les plus brefs délais de chasseurs modernes et il s’avère que le retard pris par notre industrie dans ce domaine semble évident.
Pour tenter de combler le plus rapidement ce vide, la France se tourne alors vers les Etats-Unis et passe ses premières commandes de Curtiss H.75, des avions qui seront effectivement les bienvenus à l’aube du 10 mai 1940.
Malgré cette sage décision, des projets de nouveaux appareils français vont toutefois continuer d’être mis à l’étude dans ce contexte d’extrême tension internationale. Parmi ces projets figure celui de l’Arsenal-Delanne 10, un avion de combat biplace doté d’ailes en tandem et capable d’atteindre les 550 km/h. Avant d’envisager la construction d’un prototype et de lancer une fabrication, cette conception peu courante d’un avion va donner lieu à la naissance d’une maquette, le Delanne 20 T. Cet appareil, construit en bois, est équipé d’un moteur Régnier 6 B-01, développant 180 ch., qui lui permet d’atteindre une vitesse d’environ 260 km/h. C’est Guy de Châteaubrun, un jeune pilote dont la notoriété est déjà bien établie dans les milieux de la compétition et des raids aéronautiques, qui va bientôt être choisi pour réaliser les essais en vol du Delanne 20 T.

Un jeune pilote breveté à Orly
Guy de Châteaubrun, fils de René, marquis de Châteaubrun, et de Madeleine Kervyn de Lettenhove, est né à Paris le 27 novembre 1909. Quelques mois plus tôt, le 25 juillet, Louis Blériot venait de réussir la première traversée de la Manche à bord de son Blériot XI.
Le petit Guy de Châteaubrun va vivre une enfance paisible auprès de son père, sculpteur de renom, et de sa mère, belle et pieuse. Une mère qu’il va hélas perdre très tôt, à l’âge de 4 ans seulement, alors qu’elle n’était encore que dans ses trente deuxièmes années. Neuf ans plus tard, René de Châteaubrun épousera en secondes noces Marie de Sarret de Coussergues et le jeune Guy de Châteaubrun reportera alors sur sa belle-mère et sa ‘petite sœur’ Colette, née en 1922, toute l’affection qu’il n’avait pu manifester à sa mère. Ces sentiments ne le quitteront jamais.
Quelques années plus tard vient le temps des études qu’il effectue tout d’abord à l’Institut St Jean à Besançon, puis à Fribourg en Suisse. En 1928 il obtient un bac Mathématique puis, l’année suivante celui de Lettres/Philo avec option anglais, une langue qu’il ne tardera d’ailleurs pas à pratiquer du fait de ses futures activités aéronautiques
En septembre 1931, il commence son apprentissage au pilotage sur Gipsy Moth (F-AJNZ et F-AZHI) à Orly avec comme instructeur Henri Le Folcavez. Il n’a pas encore fêté ses 22 ans lorsqu’il obtient son brevet de pilote de tourisme, le n°392, avec 19 h 30 de vol, le 13 octobre de la même année. Guy de Châteaubrun va dévoiler très rapidement son caractère épris d’aviation et de compétition. Dès le 23 octobre 1931, quelques jours seulement après l’obtention de son brevet, il fait l’acquisition de son premier avion : le Gipsy Moth n°1841, G-ABJE, qui devient le F-ALQA (certificat n° 2998) et qui est basé à Orly. Le 26 octobre suivant, une panne d’essence oblige le pilote a effectué un atterrissage en campagne près de Dijon à la suite d’une panne d’essence. L’épopée aéronautique de Guy de Châteaubrun ne fait bien sûr que commencer et l’erreur est alors bien pardonnable…
La famille de Châteaubrun est propriétaire du château de Noironte, une demeure située à proximité de Besançon. Les prairies qui environnent le château sont nombreuses et Guy de Châteaubrun en profite souvent pour y atterrir avec son Moth, avion léger et maniable qui se prête fort bien à cette manœuvre.

Guy de Châteaubrun en compagnie de sa sœur, Colette, devant le Gipsy Moth F-ALQA au château de Noironte en 1931.

Il profite aussi de cette période de 1931 à 1932 pour effectuer de nombreux vols lui permettant de rendre visite à sa famille en Belgique, mais il se déplace également en Suisse, en Grande-Bretagne et dans le sud-ouest de la France.
N’hésitant pas à associer la mécanique au charme féminin, c’est lui qui a l’insigne honneur d’offrir le baptême de l’air à Netta Duchâteau, au Château d’Ardenne (Belgique), le 4 janvier 1932. Elue Miss Belgique en 1930, Netta (Annette de son vrai prénom) Duchâteau vient il y a peu de temps, le 16 juin 1931 très exactement, d’être élue Miss Univers à Galveston (Texas).

Baptême de l’air en Belgique de Miss Univers, Netta Duchâteau, le 4 janvier 1932 avec son Gipsy Moth F-ALQA.

La fin de l’année 1932 est aussi un moment important qui est marqué par la venue à Noironte de l’aviatrice Hélène Boucher, brevetée comme lui en 1931, qui lui rend visite aux commandes de son Gipsy Moth F-AJKM.

Le Gipsy Moth d’Hélène Boucher (F-AJKM) aux côtés de celui de Guy de Châteaubrun (F-ALQA) réunis devant le château de Noironte lors de cette rencontre en 1932.

Hélène Boucher au château de Noironte en 1932.

L’épopée Percival
La période qui va suivre est très importante pour l’avenir de Guy de Châteaubrun qui totalise à présent 340 heures de vol. C’est en effet en 1933 que le pilote devient officiellement l’agent français de la Percival Aircraft Company, une société britannique de constructions d’avions récemment constituée à Gravesend (U.K). Ce qui avait séduit chez ce jeune homme Edgar Percival1, son fondateur, était « son sérieux, son goût pour la précision, sa volonté de comprendre et d’améliorer (2) ».

Guy de Châteaubrun devenu agent officiel en France de la firme Percival comme l’indique le bas de ce document d’époque.

Le premier appareil réalisé par cette société est le Percival D.1 Gull, un monomoteur trois places emmené à l’origine par un moteur Cirrus Hermes IV de 130 ch. qui lui autorise une vitesse maximale d’environ 230 km/h.
Le 15 avril 1933, Guy de Châteaubrun prend en mains le D.2 Gull Mk IIB G-ACFJ, équipé d’un moteur de Havilland Gipsy Major I de 130 ch., et se sépare bientôt de son Moth F-ALQA qu’il revend en Suisse. Avec l’arrivée de cet appareil plus imposant, les atterrissages sur les prés de Noironte lui sont à présent déconseillés, même s’il est vrai qu’il vient d’obtenir son brevet acrobatie, avec comme moniteur Michel Détroyat (3), sur un Morane MS 230 le 26 avril dernier. Dorénavant, c’est de bien plus grands espaces qui vont pouvoir s’offrir à lui. Durant cette année 1933, les vols sur le territoire européen vont en effet se succéder à un rythme soutenu. La Grande-Bretagne bien sûr, mais aussi du 10 au 15 août lorsqu’il effectue un périple de 15 heures de vol qui le conduit à Vienne, Budapest et Salzbourg. En septembre, c’est en Italie qu’on le retrouve pour un voyage Milan-Bologne-Milan. Ces déplacements allient harmonieusement le plaisir du voyage à celui de la promotion des avions de la marque qu’il représente.

Participation de Guy de Châteaubrun, avec le Gull G-ACFJ, au meeting aérien organisé au profit de la Croix rouge de Belgique, le 21 juillet 1933 à Namur. Il est à cette occasion présenté à la princesse Clémentine de Belgique, fille du roi Léopold II et épouse du Prince Victor Napoléon.

En dehors de sa passion pour l’aviation, Guy de Châteaubrun a déjà su prouver par ailleurs son goût pour la compétition en s’alignant au départ de plusieurs courses et rallyes automobiles au volant d’une Bugatti, une célèbre marque qui fut aussi fort appréciée auparavant par Roland Garros, proche ami d’Ettore Bugatti. Il participe notamment en 1933 au 12ème Critérium Paris-Nice par Vichy et à la Course de côte Nice-La Turbie qui sera gagnée lors de cette édition par le célèbre Jean-Pierre Wimille sur une Alfa-Roméo. L’année suivante, pour la 13ème édition du Critérium Paris-Nice, Guy de Châteaubrun termine à une très honorable 12ème place sur 40 au classement général.

Guy de Châteaubrun lors de sa participation au Critérium Paris-Nice au volant d’une Bugatti 3 l, 31 mars-6 avril 1933.

De la course automobile aux grands prix aéronautiques il n’y a qu’un pas à franchir. Le 8 juillet 1934, il participe aux 12 Heures d’Angers aux commandes du Percival Gull G-ACFJ. Il y retrouve Hélène Boucher, l’une des concurrentes de cette compétition, qui termine deuxième sur son Caudron Rafale.

Guy de Châteaubrun et Colette devant le Percival Gull G-ACFJ au château de Noironte en octobre 1933.

Armand Esders (1889-1940), un industriel du textile très attentif à l’évolution de l’aviation, crée en 1934 la course aérienne Deauville-Cannes-Deauville. Guy de Châteaubrun va y participer à deux reprises. Pour la première édition, il pilote un Caudron Rafale, le F-ANON et réussit à parcourir les deux distances respectives en 3 h 20 mn et 3 h 40 mn.
Le 20 juillet 1935, pour sa seconde participation, la victoire sera au rendez-vous. Il gagne le grand prix et s’octroie la Coupe Esders aux commandes du Percival E2.H Mew Gull, le G-ACND4, à la vitesse moyenne de 303 km/h. Du fait du règlement de l’épreuve qui limitait la cylindrée à 8 litres, l’appareil était équipé pour l’occasion d’un moteur Régnier de 180 ch., en lieu et place de son De Havilland Gipsy Six d’origine développant 200 ch. Ce dernier sera immédiatement réinstallé sur l’appareil après cette compétition. Il est intéressant de noter ici que Guy de Châteaubrun avait pris livraison du G-ACND la vielle de cette compétition, le 19 juillet 1935. Après seulement 1 h 00 de prise en main à Gravesend, puis 1 h 00 de traversée Gravesend-Deauville, il n’hésita pas à se lancer dans cette course qui le conduisit à la première place du classement !

La Coupe Esders, 20 et 21 juillet 1935, qu’il remporte aux commandes de son Percival Mew Gull G-ACND. Il est ici en compagnie de Michel Détroyat.

Michel Détroyat devant le Percival Mew Gull G-ACND, juillet 1935.

Le 17 octobre 1935, Guy de Châteaubrun s’aligne également au départ de la Coupe Michelin, une compétition créée en 1908, sur le Percival E.1 Mew Gull G-ACND4 doté d’un Gipsy Six de 200 ch. Il parcourt la première étape de la course, d’Orly à Bordeaux, à la moyenne de 306 km/h puis redécolle 4 minutes plus tard en direction d’Orly. Malheureusement, la météo est mauvaise et le brouillard est dense. Pour lui la course s’arrête aux environs d’Angoulême lorsque, pris dans le brouillard, il perd les commandes de son Percival et se voit contraint de sauter en parachute. Quelques temps plus tard, dans une interview du journal « L’Aéro » (5), il donnera de nombreux détails sur cet incident : « …Je repars de Bordeaux à l’aveuglette, sachant seulement qu’un trou sur Orly reste problématique… ». Il y explique ensuite comment il a tout tenté pour lutter contre ces intempéries et termine : « …J’ai recommencé la manœuvre jusqu’à 800 m. Même réaction, l’altimètre retombe à 400. Il faut sauter, ou c’est l’écrasement contre les collines que je sais toute proche. ». Il ne volera plus jusqu’en mars 1936…

De gauche à droite : Guy de Châteaubrun, Michel Détroyat et Edgar Percival devant le Mew Gull G-ACND après le retour triomphal de la Coupe Esders 1935.

Guy de Châteabrun sur le terrain de Buc, juillet 1935.

La Percival Aircraft met bientôt un nouvel appareil à la disposition de son représentant français, le G-ACXY, un D.2 Gull modifié en version D.3 (moteur de Havilland Gipsy Six de 200 ch.) et avec lequel Guy de Châteaubrun effectue une vingtaine d’heures de vol. Cet appareil passera sous immatriculation F-AOXY en juin 1936 et, comme beaucoup d’autres avions, disparaîtra en 1940.
Après quelques vols effectués avec le Percival Vega Gull G-AEHA réceptionné le 27 mai 1936, Guy de Châteaubrun prend en main un nouvel appareil du même type, le G-AETD, qu’il reçoit en février 1937.

Rallye du Hoggar du 7 au 25 janvier 1938. Devant le Vega Gull G-AETD, au centre, Guy de Châteaubrun et son épouse Barbara.

Le Percival Vega Gull G-AETD lors du Rallye du Hoggar de 1938.

Aux commandes de ce dernier, il va effectuer du 17 février au 23 mars un périple de plus de 10 000 km et 152 heures de vol dans le cadre du Rallye Egypte et Afrique du Nord. Lors de cette longue expédition il est accompagné de Barbara Wenman qu’il épousera le 20 décembre 1937 à Londres.
Le départ du rallye est lancé depuis Gravesend, fief de Percival, pour prendre la direction de Nice. Le Vega Gull va ensuite se poser à Tunis le 18 février. Puis, parmi les nombreuses étapes qui suivront figurent entre autres Le Caire, Benghasi-Pisita en Lybie, Alger puis à nouveau Tunis le 23 mars avant le retour à Nice via l’Italie.
En 1938, Guy de Châteaubrun prend part au Rallye du Hoggar et Maroc qui se déroule du 7 au 25 janvier. Le décor est très proche de celui du dernier raid de 1937 et les acteurs sont les mêmes. Le pilote renouvelle en effet l’expérience aux commandes de son Vega Gull G-AETD et, comme l’année précédente, il est accompagné de Barbara devenue officiellement Madame la comtesse de Châteaubrun. Deux autres appareils du même constructeur participent également à l’épreuve et l’équipe Percival se classera 6ème au classement général.
Au 27 janvier 1938, le carnet de vol du pilote indique alors un total de 1315 heures de vol.
Après avoir livré un Percival Q.6 Petrel (YI-ROH) au roi d’Irak Ghazi 1er le 15 avril 1938 en compagnie de son épouse, Guy de Châteaubrun participe le 1er août suivant au tout premier rallye aérien de Francfort-sur-le-Main et y termine à la première place.

Le Percival Q6 Petrel YI-ROH qui sera livré au roi d’Irak Ghazi 1er par Guy de Châteaubrun le 15 avril 1938.

Le Percival Q6 Petrel YI-ROH.

Le dernier vol à Coulommiers-Voisins
L’année 1938 semble s’annoncer pour lui comme un grand millésime, sachant qu’il vient également de rejoindre il y a peu la société des avions Delanne en tant que pilote d’essais. Hélas, il ignore encore que le destin va le frapper très durement et très soudainement.

Le Delanne 20 T photographié avant l’accident sur le terrain d’aviation de Coulommiers-Voisins en 1938. (Collection Gilbert Dalichampt, S.A.P de Coulommiers-Voisins)

Le 10 août 1938, quelques jours seulement après sa victoire obtenue au rallye aérien de Francfort, Guy de Châteaubrun effectue le premier vol d’essai du Delanne 20 T sur l’aérodrome de Coulommiers-Voisins en Seine-et-Marne. Pour une raison que l’on ignore encore, l’appareil se met soudainement en vrille à une altitude d’environ 600 mètres. Devenu incontrôlable, le Delanne s’écrase en flammes quelques instants plus tard à proximité de la commune de Giremoutiers. Guy de Châteaubrun est tué sur le coup, laissant derrière lui l’ombre de sa grande carrière de pilote de compétition et d’essais. Il sera cité à l’Ordre de la Nation et promu Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.

 

Epilogue
Le 10 août 1938, Maryan Flak est un jeune garçon qui est paisiblement en train de glaner des blés en compagnie de sa mère au lieu-dit le Hameau des Fermiers à Giremoutiers. Il n’a que 8 ans et aime beaucoup regarder les avions qui volent et font parfois quelques acrobaties au dessus du terrain d’aviation de Coulommiers-Voisins. Mais, ce jour du 10 août 1938, l’avion qu’il voit soudain apparaître dans le ciel ne fait pas une acrobatie. Il pique vers le sol, s’enflamme bientôt et s’écrase quelques instants plus tard sous ses yeux.
Ce rare témoignage de l’accident souligne le fait que l’avion était bien en feu avant de percuter le sol, point crucial qui n’avait pas été précisé dans la presse de l’époque. Résidant depuis de nombreuses années à proximité de cet aérodrome, passionné d’aviation de longue date, Maryan Flak n’oubliera jamais ces tristes images et décidera 77 ans plus tard de graver de sa propre initiative et de sa propre main une plaque de marbre rappelant la tragédie du pilote et de son avion. C’est ainsi que le samedi 13 juin 2015, une stèle à la mémoire de Guy de Châteaubrun et de son Delanne 20 T a été inaugurée au cœur de la commune de Giremoutiers en présence de M. Bertrand Dadvisard, neveu de Guy de Châteaubrun, de nombreux autres membres de la famille du pilote défunt et, bien sûr de M. Maryan Flak. L’histoire de l’aviation continue sa route…

Inauguration de la stèle dédiée à la mémoire de Guy de Châteaubrun à Giremoutiers, le 13 juin 2015.

De gauche à droite : Denis Sarazin-Charpentier, Lt-colonel de réserve et historien régional, Bertrand Dadvisard, neveu de Guy de Châteaubrun, Alain Graton, Antoine Heusele, maire de Giremoutiers, et à l’extrême droite de la photo, Maryan Flak.

(Collection Alain Graton)

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(1) Edgar Percival, né à Albury (Australie) en 1897, décédé en 1984.
(2) Témoignage de Madame Colette Dadvisard, sœur de Guy de Châteaubrun.
(3) Michel Détroyat (1905-1956) fut également le moniteur d’acrobaties d’Hélène Boucher en 1933.
(4) Les Percival E.1 et E.2 H Mew Gull porteront assez curieusement quelques temps la même immatriculation, mais il s’agit en réalité de deux appareils différents.
(5) Journal « L’Aéro », n° 1431 du 1er novembre 1935 – page de couverture.

                                                                                                                                                                                Alain GRATON – juillet 2020.

Sources des illustrations et bibliographie :

– Archives personnelles appartenant à la famille de Châteaubrun et aimablement mises à disposition par M Bertrand Dadvisard, neveu du pilote Guy de Châteaubrun.
– Témoignages de Mme Colette Dadvisard, sœur de Guy de Châteaubrun, de M. Maryan Flak, témoin de l’accident du Delanne 20 T et de Mr Gilbert Dalichampt, ancien pilote de la S.A.P de Coulommiers-Voisins en 1938.
– Journal « L’Aéro », n° 1431 du 1er novembre 1935
– Journal « Le Démocrate de Seine-et-Marne » des 13 et 20 août 1938
– Jean-Louis Bleneau, le Percival D.2 Gull et Le Percival Mewgull, site Internet.

Avec tous mes sincères remerciements à M. Bertrand Dadvisard et à l’ensemble de la famille de Guy de Châteaubrun, ainsi qu’à M. Denis Sarazin-Charpentier, Lt-colonel de réserve et historien régional.

Droits de reproduction des photographies :
– Toutes les photographies présentées ici (sauf collection personnelle indiquée) sont la propriété de M. Bertrand Dadvisard, neveu de Guy de Châteaubrun, et ne peuvent en aucun cas être utilisées sans l’autorisation préalable du propriétaire.

Retrouvez également notre livre sur l’histoire de l’aérodrome de Coulommiers – Voisins :

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