Historique – Châteauroux-Déols

Etude et présentation de Didier Dubant

L’aéroport Marcel Dassault de Châteauroux-Déols actuellement géré par l’établissement public régional : aéroport Châteauroux-Centre est situé sur les communes de Déols et Céré-Coings à 2 kilomètres de l’entrée nord de la ville de Déols et 3,5 kilomètres au nord nord-est de l’agglomération castelroussine.

L’occupation permanente du site explique la bonne conservation d’un certain nombre d’installations anciennes.

L’histoire aéronautique du site débute en avril 1936, quand Marcel Bloch indique dans un courrier adressé à Paul Bénazet : « sans faire appel à la caisse de décentralisation industrielle, je me suis donc décidé à acquérir, aux portes de Châteauroux, un terrain de cent hectares, en vue d’y aménager, un champ d’aviation avec lequel j’ai prévu la construction d’une usine de 10.000 mètres carrés, qui sera terminé sous quelques mois ». En fait ce terrain avait été envisagé quelques années auparavant par le Ministère de l’Air pour la création d’un aéroport. L’architecte de l’usine fut Georges  Hennequin (16 septembre 1893 – 31 janvier 1969), un ami d’enfance de Marcel Bloch.

Entrée de l’Usine d’Aviation Marcel Bloch, aux portes de Châteauroux sur la commune de Déols – (collection Didier Dubant)

Suite à la victoire Front populaire aux élections de juin 1936, le 11 août de cette même année est promulguée une loi sur la nationalisation de la fabrication des matériels de guerre. Viennent ensuite les décrets d’application et le 16 janvier 1937, la Société des avions Marcel Bloch dont fait partie l’usine toujours en construction de Déols est nationalisée et transférée à la Société Nationale de Construction aéronautiques du Sud-Ouest dont Marcel Bloch devient l’administrateur.

La production en série débute à l’usine d’aviation de Déols par celle du bimoteur polyvalent Bloch MB 131. La S.N.C.A.S.O. reçoit ensuite la mission de produire en série le chasseur monomoteur Bloch MB 151, puis MB 152.

Bimoteur polyvalent Bloch MB 131 sur le terrain de l’usine d’aviation de Déols – (collection privée droits réservés)

En 1940, débute de l’autre côté du champ d’aviation, c’est-à-dire à l’est, les travaux de construction d’une usine souterraine blindée. En juin 1940 les travaux de la Centrale, «C », comme Châteauroux, sont stoppés. Ils n’ont pas dépassé la réalisation des fondations.

Emblème figurant sur les avions produits à l’usine d’aviation de Déols jusqu’en 1940 – (restitution J.-P. Pierry)

La débâcle, puis la signature de l’Armistice le 22 juin 1940 marquent l’arrêt de la production de guerre et la dispersion du personnel. A partir de cet instant et jusqu’en 1945, seule une activité réduite subsistera sur le site.

Pendant la guerre, l’usine est reliée à la voie ferrée Paris-Toulouse. En décembre 1942, seules restaient à poser les traverses, mais elles ne furent pas mises en place et la voie ne fut rendue opérationnelle qu’en juin 1952.

 –  Présence allemande durant la seconde guerre mondiale :

JG 103 (1er mars 1943 → début 1944) avec NAA 57 Ex-JFS 3. Renvoyée en Allemagne début 1944.

(Source La Luftwaffe en France – Jean-Louis Roba)

Dans la nuit du 10 au 11 mars 1944 l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Déols subit l’attaque de trente Lancaster de la RAF. Si les machines-outils sont rendues inutilisables, les bâtiments principalement touchés par des bombes incendiaires furent eux rapidement réparés après la libération.

Dans cette période d’après guerre outre la réparation et la livraison de différents types d’appareils (Ju.52, NC.710, Siebel 204), l’usine d’aviation de Déols fut à même de produire quatre-vingt bimoteurs Bloch 175 T destinés à la marine.

En août 1951, les forces de l’armée de l’air américaine prennent officiellement la direction de l’usine de la S.N.C.A.S.O. dont le matériel français est évacué et remplacé par du matériel américain. Les ouvriers  de l’usine d’aviation de Déols restent sur place, mais relèvent à partir de cet instant de la Mission de liaison pour assistance aux armées alliées.

L’ancienne entrée de l’usine d’aviation, photographiée pendant la période américaine – (C. P. collection Didier Dubant)

Le 15 septembre 1952 la piste en béton « de l’aérodrome américain de Déols » est mise en service sur l’emplacement du champ d’aviation. Cette piste longue de 2.517, 64 mètres a une largeur utile de 63 mètres. Ce jour là, les premiers avions à réaction, des Thunderjets se posent à Déols : « ils y resteront un certain temps car ils venaient également pour être réparés dans les usines d’aviation de Déols dont ce sera le premier travail de ce genre ».

La base américaine de Châteauroux-Déols. Chiffres portés par les bâtiments se trouvant à l’emplacement de l’actuel aéroport Marcel Dassault. A l’origine, les bâtiments de l’ancienne usine d’aviation de Déols étaient désignés par des lettres.  A l’époque américaine, une numérotation continue commune avec la Base de La Martinerie fut mise en place –  (Collection privée droits réservés)

En 1954-1955 à environ 800 mètres au nord-est de l’usine d’aviation française des installations complémentaires sont édifiées : un mess pour une centaine d’officiers, un dortoir pour les pilotes de passage.

En 1955, une aire de stationnement pour avions lourds est ajoutée en avant de la même zone.

En 1956-1957 des bâtiments opérationnels viennent renforcer les installations complémentaires : une nouvelle tour de contrôle de cinq étages, un poste incendie limité à un rez-de-chaussée, un poste de commandement et intendance avec salle de briefing, une aérogare de fret, un dispensaire et une coopérative-magasin de vente.

Entre octobre 1955 et juillet 1957 une voie de circulation est édifiée à l’est de la piste qu’elle rejoint en trois points. Cette voie de circulation dessert 10 parcs rectangulaires pour avions lourds de 84 mètres de long pour 42 mètres de large.

Les plus grands bâtiments de l’usine d’aviation française ayant des ouvertures et une hauteur insuffisante pour les avions lourds, les Américains font construire en 1957 un hangar côté piste pour effectuer l’entretien des plus gros avions existant à l’époque. La superficie est de 10.740 m2, 182 mètres de long, 91 mètres de large et une hauteur libre sous entrait d’environ 12 mètres.

Le 25 novembre 1957, la route de liaison reliant les deux entités constituant la base américaine : l’aérodrome de Déols et les installations militaires de La Martinerie est ouverte à la circulation. C’était la première fois que l’on réalisait en France deux kilomètres de chaussée en béton sans joints de dilatation.

Maquette des installations de la base aérienne de Châteauroux à l’époque américaine prise depuis le niveau du seuil de piste en 04 (depuis le sud). A droite, vers l’est 9 des 10 parcs rectangulaires pour avions lourds. A gauche, vers l’ouest, les bâtiments de l’ancienne usine d’aviation. A côté du bâtiment rouge côté piste, le grand hangar construit en 1957. A 800 mètres au nord-est de ce dernier, l’extension construite entre 1954 et 1957 avec notamment la nouvelle tour de contrôle, et, devant celle-ci, une aire construite en 1955 pour les avions lourds.   (collection privée droits réservés) –

1961 la SERIMA (la Société d’entretien et de Réparation Industrielle de Matériel d’Aviation) prend la suite d’AEMCO-BREGUET. Dès 1964 les américains commencent à diminuer la  charge de travail confiée aux ouvriers de l’usine d’aviation de Déols.

Mars 1967, les américains quittent Châteauroux et Déols.

Le 1er janvier 1969 SUD-AVIATION prend à Déols la suite de la SERIMA, puis en 1970 la S.N.I.A.S celle de SUD-AVIATION.

En 1975, la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Indre devient gestionnaire de l’Aérodrome (1977 : construction de l’aérogare, 1989 : création de la Zone Industrielle Aéroportuaire).

1991 : inscription des bâtiments de l’ancienne usine d’aviation de Déols à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

1994 : la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Indre transfère la gestion de l’aéroport au Syndicat mixte de l’aéroport de  Châteauroux-Déols.

Le 25 janvier 1994 l’Aéroport de Châteauroux-Déols est baptisé « Aéroport Marcel Dassault « .

En 1995, la piste est rallongée vers le nord sa longueur est portée à 3.500 m.

L’extrémité de la piste de Déols marquée 04 et, à l’arrière-plan, reliés par la voie de circulation orientale 6 des 10 parcs rectangulaires pour avions lourds – (cliché Didier Dubant, juillet 2007)

A partir de 1998 : rachat, réhabilitation et revente des bâtiments des anciennes usines Bloch par la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Indre (2000 : inauguration de l’espace entreprise sur la Zone Industrielle Aéroportuaire dans les anciens bâtiments administratifs de l’usine de 1936).

Mars 2007, l’aéroport passe aux mains de l’établissement public régional : aéroport Châteauroux-Centre en application du processus de décentralisation de 140 aéroports français (Arrêté n° 2007-03-0011 du 2 mars 2007).

Didier Dubant – octobre 2008.

Sources :

Dubant D., Carrillon M., Mardelle S., Rollin N., Promenades dans Déols. Histoire des rues et lieux-dits d’une Commune de l’Indre. Office de Tourisme de Déols, 1998, 256 pages

Dubant D., Déols et ses environs, Editions Alan Sutton, 1999,128 pages

Dubant D., 50 ans d’aviation dans le ciel de l’Indre 1909-1959, Editions Alan Sutton, 2006, 160 pages

Dubant D., Base américaine de Châteauroux-Déols 1951-1968, Editions Alan Sutton, 2008, 144 pages.

 

Centre ; Indre ; Déols dénomination usine de construction aéronautique éléments protégés MH cour ; atelier de fabrication ; pavillon ; portail ; élévation époque de construction 2e quart 20e siècle année 1936 auteur(s) Hennequin Georges (architecte) historique Cette usine de construction aéronautique a été édifiée de 1936 à 1937 pour l’avionneur Marcel Bloch-Dassault. L’ensemble comporte deux grands ateliers à charpente métallique, destinés au montage des avions de guerre, ainsi que plusieurs bâtiments de service (centrales électrique et de chauffe, garage, réfectoire et château d’eau) et différents équipements liés à la base aérienne qui jouxte l’usine. Les ateliers se caractérisent l’un par ses murs aveugles traités en brique rouge, l’autre par ses quatre demi-rotondes vitrées. Tous ces bâtiments ont été dessinés par Georges Hennequin ; endommagés par les bombardements de mars 1944, ils ont été reconstruits à l’identique. Aujourd’hui, ils remplissent diverses fonctions industrielles ou tertiaires dans le cadre de la zone industrielle de l’aéroport, sous la tutelle de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Indre. propriété propriété d’une société privée ; propriété d’une personne privée protection MH 1991/03/29 : inscrit MH ; 1992/03/02 : inscrit MH Façades et toitures des pavillons d’entrée ; portail d’entrée ; cour d’honneur ; façades et toitures des bâtiments à usage de bureaux et de locaux administratifs, situés autour de la cour d’honneur ; façades et toitures des ateliers situés entre l’usine et les bâtiments administratifs ; façades et toitures de l’usine aux volumes semi-circulaires en saillie, élevée en bordure de la R.N. 20 ; façades et toitures de l’usine en brique, élevée en bordure de la R.N. 20, y compris celles du bâtiment n° 740 (cad. AC 369, 377, 378, 382, 384 à 386, 416, 421, 422, 443, 451) : inscription par arrêté du 29 mars 1991, modifié par arrêté du 2 mars 1992 observations Arrêté modificatif pour la parcelle 443 : inscription 02 03 1992 (arrêté). type d’étude recensement immeubles MH référence PA00097493 © Monuments historiques, 1992 date versement 1993/09/14 date mise à jour 2009/10/13 crédits photo Hermanowicz, Mariusz – © Inventaire général, ADAGP Contact service producteur autre dossier dossier d’inventaire

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=TOUT&VALUE_1=%27BASE%20AERIENNE%27&FIELD_2=commune&VALUE_2=&FIELD_3=titre&VALUE_3=&FIELD_4=description&VALUE_4=&FIELD_5=historique&VALUE_5=&FIELD_6=date%20protection&VALUE_6=&FIELD_7=propri%e9t%e9&VALUE_7=&FIELD_8=type%20d%27%e9tude&VALUE_8=&FIELD_9=REF&VALUE_9=&FIELD_10=DOSURLP&VALUE_10=%20&NUMBER=2&GRP=0&REQ=%28%28%27BASE%20AERIENNE%27%29%20%3aTOUT%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=Tous