Un moteur d’avion réveille des souvenirs

Gérard Lemaire – Cercle d’histoire bailleulois

Lors de la rédaction d’un article sur Louis Baillon (https://www.anciens-aerodromes.com/?p=133003 ), un appel de Geneviève Monneris nous parvient. Cette dame est la fille cadette d’André Guédez, l’un des membres de l’équipage de Louis Baillon et l’auteur du film « De Lourds Souvenirs » réalisé avec son fils Thomas Lesgoirres en 2007. Elle nous a fait parvenir des photographies de son père et de Louis Baillon, ainsi que l’information suivante : le 11 novembre 2018, l’attaché militaire de l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris a rendu hommage à Notre-Dame au courage du pilote Louis Baillon et de son commandant d’avion le Lieutenant Leroy en indiquant : Le L for Love du Squadron 347 Tunisie, du Bomber Command de la RAF, fut le seul bombardier Halifax qui ne rentra pas à sa base d’Elvington, près de York, la veille de Noël 1944. L’équipage faisait partie des deux seuls groupes français du Bomber Command de la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur cible était l’aérodrome de Mülheim-Essen dans la Ruhr, à une époque où les Alliés avaient été pris par surprise par la soudaine attaque allemande dans les Ardennes, plus connue sous le nom « d’offensive von Rundstedt ».

Elle nous fit part également de la découverte, en Allemagne, d’un moteur d’avion appartenant à l’Halifax de Baillon. Un article paru dans le Rheinische Post, le 23 février 2019, rappelait cette découverte, mais surtout le témoignage des jeunes Allemands ayant vu tomber l’avion qu’ils pensaient allemand. L’article de Simona Meier a été traduit; nous vous le livrons en extrait ici.

« Richard Schmitt était avec trois amis l’après-midi avant le réveillon de Noël 1944 dans Wersten. Il avait 14 ans à l’époque. Les garçons avaient entendu dire qu’un avion allemand avait fait un atterrissage d’urgence à Himmelgeist. « C’est là qu’on est allé. Sur le chemin du retour, nous avons vu un avion arriver directement sur la batterie d’artillerie locale. Un coup a endommagé son aile gauche et nous avons vu quelque chose de noir tomber », se souvient-il. L’avion a décrit des cercles au-dessus de Wersten avant de tomber toujours plus bas. Plus tard, Schmitt a vu un parachute s‘ouvrir. Fred Heindrichs, 14 ans, a également observé l’avion avec ses mouvements de balancement. Aujourd’hui encore, il a cette image en tête : « Nous en avons vu un sauter avec son parachute ». 75 ans plus tard, avec la découverte d’un moteur d’avion sur un chantier d’Auf’m Rott, les souvenirs des événements de la Seconde Guerre mondiale reviennent aux hommes. Werner Baum avait alors cinq ans et se trouvait dans le bunker de Wersten avec sa famille à cause du raid aérien. Là, les gens ont entendu un grand bruit lorsque l’avion s’est écrasé au sol. Lorsqu’il a voulu regarder le Brückerbach avec son oncle, Baum a vu les morts et des parties du fuselage de l’avion.

Entre-temps, Werner Baum et son fils Uwe ont sécurisé le moteur de l’avion fouillé la semaine dernière en compagnie de représentants de l’association des habitants de Werstener Jonges. « Nous espérons pouvoir l’exposer bientôt » , déclare Wolfgang Vergölts de la Werstener Jonges Home Association. Le moteur est en cours de nettoyage. « C’est surprenant que les souvenirs de mon père soient liés à une telle histoire », dit Uwe Baum. Si le moteur est un jour exposé, ce sera aussi un mémorial de ce que les gens se sont fait les uns aux autres pendant les guerres. L’histoire du moteur d’avion, Thomas Boller de Gerresheim l‘a mise en lumière. Depuis de nombreuses années, il s’occupe d’avions qui se sont écrasés autour de Düsseldorf pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ses notes, il a trouvé la date de l’accident à Wersten ainsi que les noms des membres de l’équipage. Les données proviennent du registre du cimetière nord de l’année 1944. Cette référence a conduit à la France et à l’Angleterre, où l’événement est également connu sous le nom du “Miracle de Noël” parce que deux Français ont survécu à l’accident ».

 

Quelques photographies envoyées par Geneviève Monneris :

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Équipage du  »L for Love ».

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Louis Baillon, certainement en Tunisie où le Groupe Tunisie est basé.

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Louis avec son frère René.

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Une photographie de Louis Baillon avec le journal de la ville : La Bailleuloise.

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Ci-dessus, René Baillon avec la maquette de l’Halifax qui était, selon Fernand Pruvost, accroché au plafond de l’Épi de Blé après la guerre.

Madame Geneviève Monneris a enfin indiqué que les corps retrouvés dans l’avion ont été enterrés au cimetière de Düsseldorf puis transférés en France; Louis est donc enterré à Bailleul. Son père avait les photographies de ses amis à Düsseldorf, les voici :

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Les tombes de Louis Baillon, Yves Eden et Henri Granier à Düsseldorf.

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La Tombe de Louis Baillon à Düsseldorf.

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Concession familiale Baillon (Cimetière communal de Bailleul).

La ville de Bailleul pour perpétuer le souvenir de ce jeune aviateur a donné le nom de celui-ci à une des rues de Bailleul au Moulin du Prince. Le Cercle lui a rendu hommage lors de la publication du hors-série sur Les Rues de Bailleul, 2017.

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Article extrait du Cahier 14 (CHAB)

 

Par SIMONA MEIER (extrait de la traduction)