Plaisir-Grignon

PaysFrance
DépartementYvelines
NomPLAISIR - GRIGNON
Autre appellationAérodrome REP
Commune(s)GRIGNON
Coordonnées48°51'07.7"N - 1°56'40.4"E
OACIN/A
SituationCommune PLAISIR - GRIGNON
UtilisationAérodrome éphémère 1931- 1933

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Plaisir-Grignon Anciens Aérodromes Val-de-Gally carte plan

Localisation

A partir de l’automne 1931, et jusqu’en 1933, un premier « champ d’aviation », situé à Grignon tout proche, est ouvert pour une durée éphémère. Une école de vol à voile, baptisée « Centre Capitaine Ferber », est créée, par un pionnier de cette discipline : Jean René Lagasse.

Fondateur de la Société Française de Vol à Voile (SFVAV), il conçoit et fabrique à Toulouse ses propres planeurs dénommés Eole. A Grignon les entraînements et les vols sont intenses, les après-midi du mardi au jeudi, sur deux planeurs de type Sulky et Eole Les premiers brevets A et B du centre sont passés avec succès : on y entend des noms que l’on retrouvera plus tard à Beynes ou Chavenay, comme le couple Girod, Feldzer, mais aussi un certain Maurice Brochet

En mars 1932, le groupe scolaire Carnot (de Plaisir ?), premier établissement d’enseignement secondaire de France à former une section de vol à voile, prend livraison d’un planeur Eole, et vient s’entraîner sur ce terrain. Pilote de la section d’entraînement du Bourget, Rabot en assure l’instruction. Le baptême de l’appareil donne même lieu à une fête le dimanche 13 mars, à laquelle assistent plus de 500 personnes ! En avril 1932, après une année de fonctionnement, le « Centre Capitaine Ferber » enregistre son 5 000e vol. Il reçoit la visite d’avions civils, comme celui du colonel Lartigue et de son épouse. Des démonstrations de vol sans moteur par les clubs locaux attirent des amateurs de clubs régionaux, et internationaux, comme « l’American Legion ».

Mais, vers le début de l’année 1933, l’école et le terrain ferment leurs portes : les planeurs conçus par Lagasse pâtissent du succès écrasant des planeurs AVIA, essayés ici même . De surcroît, l’installation dès 1930 d’un centre de vol à voile à Beynes, et celle annoncée d’un nouvel aérodrome à Chavenay (l’enquête publique venant d’être ouverte) achèvent de condamner la SFVAV.

Les avions Maurice Brochet

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En juin 1931, la famille Brochet s’installe à Neauphle-le-Château, rue Saint Martin. Maurice Brochet reprend l’atelier de carrosserie automobile artisanale G. Camus. et se lance aussitôt dans la construction aéronautique, amateur d’abord, puis artisan. Au fil des années, il va se tailler une réputation tout à fait respectable. Planeurs et motoplaneurs sortent de ses ateliers, sur les lieux mêmes où sont carrossés des véhicules routiers de toute nature. Sa fille Ginette Noël, et son petit fils Christian Noël ont procédé à un remarquable travail de conservation et de mise en valeur de la mémoire familiale. Le site « Avions Brochet » qu’ils ont mis en ligne, a définitivement sorti de l’oubli l’histoire de ce constructeur.

Neauphle-le-Château atelier famille Maurice Brochet hangar avion Aériastory Anciens Aérodromes

Maurice Brochet, avant même de reprendre les ateliers Camus, conçoit et réalise son premier planeur baptisé Type 10 dans la cour de l’Hôtel des Voyageurs à Plaisir, où la famille s’était installée avant de trouver un domicile définitif à Neauphle-le-Château. Cet appareil est essayé par Georges Abrial, sur le versant opposé au terrain de Grignon. Puis, sans aucun conseil, il réalise un planeur de perfectionnement d’une finesse notablement supérieure à celle des planeurs écoles. Cet appareil vole parfaitement. En 1933, il récupère une épave d’Avia 15 A, élabore un nouveau fuselage, et installe un bâti central sur lequel il fixe un moteur Poinsard de 25 CV en position propulsive : ce motoplaneur appelé Type 20 décolle en 10 secondes, atteint les 100 km/h, et dispose d’un rayon d’action de 100 km.

Informés de cette construction, Raymond Jarlaud et Pierre Massenet rendent visite à Maurice Brochet. La machine les intéresse, ils l’achètent et signent un protocole pour la construction en série. L’ingénieur Jarlaud modifie la machine pour utiliser le maximum de pièces Avia.

Elle prend alors la dénomination d’Avia 50 MP. L’appareil est essayé par Eric Nessler un matin de mai 1934, et déclenche son enthousiasme et ses compliments. D’un pilotage facile, il fait pendant plusieurs années le bonheur des habitués de l’Aérodrome de Toussus-Paris, siège de l’Aéro-club de Paris. Plus tard, un second appareil est construit.

La même année sort le MB-30, immédiatement appelé Petit Brochet, qui est un Type 20 dont le moteur, de propulsif, devient tractif. Il vole pour la première fois en septembre 1934 à Toussus le Noble. Il est présenté en vol, en public, en décembre 1934 à Orly, puis apprécié au cours de nombreuses exhibitions, pendant un an et demi, sur les principaux aérodromes de la région parisienne. Deux monoplans sont construits. L’engin perfectionné par M. Letord, répondra à toutes les exigences de l’Aviation Légère ; il est présenté au 15ème salon de l’Aéronautique de 1936.

Avion monoplan Brochet MB-120 Aériastory Anciens Aérodromes

Avion Brochet MB-120

Maurice Brochet construit également des Pou du ciel, pour le compte de particuliers, et des planeurs, dont un Avia 32 E d’entraînement. Mais, faute de capitaux, il ne peut mener à bien la fabrication du MB-40 dont il a commencé les études en 1936. A la libération, deux MB-40 en cours d’achèvement se trouvent dans les ateliers. L’un d’eux est acquis par MM. Decoux et Filloteau de l’Aéro-club de Suresnes basé à Saint-Cyr. Il est utilisé pour l’entraînement de ses membres.

La libération permet à Maurice Brochet de reprendre sa passion en achevant en 1947 un nouveau prototype de motoplaneur, le MB-50, qui sera baptisé Pipistrelle. Mis au point par Lambert, du CAU, piloté par Max Gasnier, du centre de Beynes, il accomplit quelques essais de maniabilité. Ce monoplace, équipé d’un moteur Poinsard de 25 CV, peut atteindre 139 km/h, décolle en 68 m, et monte à 360 m en 2 mn. Fin 1947, Maurice Brochet réalise pour les constructeurs amateurs des plans de la Pipistrelle. Le dossier sera achevé en janvier 1948. En décembre 1948, un certificat de navigabilité restreint est accordé, rapidement transformé en certificat normal.

En 1949, le monoplace est suivi d’une version biplace en tandem, le MB-60, surnommé La Barbastelle.  L’appareil, également destiné aux constructeurs amateurs, doit être d’une réalisation très simple. Il est soumis aux épreuves du certificat de navigabilité normal : avec un moteur Salmson de 85 CV, il décolle en moins de 80 mètres, monte à plus de 3 mètres/secondes et se pose à la vitesse de 50 km/h. Sur le terrain de Chavenay, en juillet 1949, le MB-60, piloté par André Deschamps est testé en remorquage de planeur, avec un Castel-301, puis un Caudron C.800 biplace de 440 kg, qu’il tracte sans effort. Malgré des essais et des démonstrations très satisfaisants, la certification n’est pas demandée, et il donne naissance au MB-70, sous forme de deux prototypes qui volent en janvier 1950 et avril 1950. L’un deux, le MB-71, est équipé d’un moteur Minié de 75 CV. Tous deux obtiennent le certificat de navigabilité. Maurice Brochet remet aussi en état de vol un Bücker Bü 133 C allemand appartenant à Fred Nicole en un appareil que ce dernier utilisera ensuite dans ses meetings aériens.

L’expérience acquise sur le MB-70 et le MB-71 est mise à profit sur le MB-80 dont il est fabriqué 10 exemplaires pour le Service Aéronautique de l’Aviation Légère. Ils sont répartis dans différents aéro-clubs. Le certificat de navigabilité est obtenu le 6 juin 1951. Cet avion est une réussite pour les écoles de pilotage et de perfectionnement.

De sa propre initiative, Maurice Brochet entreprend une extrapolation de son biplace en  triquadriplace, le MB-100, équipé d’un moteur Hirth de 95 CV. Essayé à Chavenay le 3 janvier 1951, il obtient son certificat de navigabilité le 7 février 1951. Il est livré à 20 exemplaires pour l’équipement des aéro-clubs en France, et dans l’Union française. La version MB-101 destinée à l’Afrique du Nord et les territoires d’outre-mer, est équipée d’un filtre à air, suivi du MB-120, doté d’une cellule identique, mais allégée et équipée d’un moteur 90 CV Continental à démarreur électrique, d’un train à amortisseurs de caoutchouc, plus souples à l’atterrissage. Le premier vol a lieu le 5 avril 1954 à Chavenay, aux mains de Melleton.

Est réalisé ensuite un MB-110, extrapolé du MB-100, pouvant supporter une augmentation de puissance et de poids. Son premier vol a lieu le 12 mars 1956. Maurice Brochet étudie ensuite un MB-130. Mais, dans les années soixante, les exigences techniques sont de plus en plus fortes, et les conditions financières pour produire un appareil de plus en plus difficiles. Ce dernier projet ne débouche pas. Le constructeur artisanal poursuit alors sa carrière de carrossier, tout en assurant la réparation de planeurs et d’avions légers jusqu’en 1962, date à laquelle il prend sa retraite.

Ainsi, entre 1931 et 1956, Maurice Brochet aura conçu et réalisé au moins 11 modèles d’avions et de planeurs différents, certains d’entre eux construits à vingt exemplaires au moins, sans compter les transformations d’autres appareils. La très grande majorité de ces machines ont été essayés sur les terrains voisins : Plaisir-Grignon, au tout début, puis Beynes, Chavenay et Saint-Cyr pour une grande partie des autres.

Extraits Cent ans d’aéronautique au Val de Gally – Nos remerciements à Michèle Seignette et Philippe Pâris. Ont également participé à la création de l’ouvrage : Christian Bernadat et René Seignette +

Fiche Aériastory – 2020