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École de l'Air de SALON-DE-PROVENCE (Bouches-du-Rhône)
et pistes annexes de LA JASSE, de LA LOUBIÈRE et de REGNEIRIS
La décision de créer une École de l’Air à Salon-de-Provence fit l’objet d’un décret du 3 juin 1933 après que, en raison de l’intérêt que présentait pour elle cette création, la ville eût donné son accord au principe d’une participation substantielle. Plus concrètement, la municipalité s’engagea, par convention du 23 octobre de la même année, à fournir à l’État la totalité des terrains nécessaires à cette création, à savoir :
- le terrain principal dit des "Plans" réunissant 510 ha alors coupés en deux par la R.N. 538 entre Salon et Lançon,
- une bande de 40 ha environ située immédiatement au nord, entre la Touloubre et la voie ferrée de Salon à Aix, et destinée à accueillir des logements pour le personnel de l’École,
- une surface de sensiblement 200 ha dans la Crau pour l’aménagement d’une "piste annexe" dite de la Jasse (localisée sur la planche 1),
étant entendu que les acquisitions qui pourraient être conclues à l’amiable par la ville devraient l’être avant le 31 mars 1934, date au-delà de laquelle les parcelles que la ville n’aurait pu elle-même acquérir le seraient pour son compte et par voie d’expropriation par l’État. La déclaration d’utilité publique permettant qu’il puisse en être ainsi donna lieu à un second décret, en date du 22 décembre 1933.
En contrepartie du concours de la ville, l’État s’était engagé à maintenir à Salon, pendant quarante ans, soit l’École de l’Air, soit une formation d’égale importance, à défaut de quoi il rembourserait à la ville la valeur des terrains acquis par elle après abattement éventuel d’un trentième de cette valeur par année d’occupation effective au delà de dix ans.

Par suite de circonstances budgétaires défavorables en début d’année 1934, le projet d’ensemble dut être ajourné. Il fut toutefois décidé, pour réaliser une étape indispensable dans le regroupement des moyens d’instruction de l’Armée de l’Air, de transférer à Salon, sur une partie de l’emprise principale des Plans, le Centre de perfectionnement de pilotage jusque là installé à Etampes Mondésir et que, afin de préserver un avenir plus favorable, les hangars et les bâtiments destinés à ce Centre seraient implantés dans le cadre général du plan de masse adopté pour l’École de l’Air.

C’est dans cette nouvelle perspective qu’un avenant à la convention du 23 octobre 1933 fut signé le 14 octobre 1934 entre le département de l’Air et la commune de Salon. Aux termes de celui-ci et en premier lieu, l’emprise primitive était diminuée d’une cinquantaine d’hectares au sud du terrain des Plans. La ville de Salon ne s’engageait plus, d’autre part, à apporter au projet que les terrains situés à l’est de la route de Salon à Lançon (hachurés en orange sur la planche 2) tandis que l’État prenait en charge l’acquisition de ceux se trouvant à l’ouest (aplat orangé sur la même planche).

Parmi ces derniers, il convenait de distinguer les parcelles totalisant 263 ha, pour lesquelles la ville avait déjà, compte tenu de la date-butoir précédemment fixée, accepté les promesses de vente des propriétaires, de celles constituant 187 ha pour lesquelles il allait devoir être recouru à la procédure d’expropriation.

Le décret déclaratif d’utilité publique du 22 décembre 1933 n’étant plus en harmonie avec les nouvelles dispositions, il fut abrogé et remplacé par un autre, portant la date du 17 avril 1935, qui fut lui-même suivi, à peine un mois plus tard, d’un arrêté préfectoral de cessibilité.

À noter enfin, concernant l’avenant à la convention initiale, que celui-ci prévoyait que la commune de Salon rembourserait à l’État les sommes ainsi payées par lui lorsqu’il serait à nouveau décidé de créer l’École de l’Air de Salon. Ainsi devait-il résulter d’une telle éventualité un retour pur et simple aux dispositions d’origine.

La conjoncture étant redevenue favorable, le département de l’Air fit dès août 1935 connaître à la ville de Salon sa décision de relancer sans délai le projet de l’École de l’Air et entreprit aussitôt l’aménagement du terrain et la construction de deux hangars.

Les formalités d’acquisition et d’expropriation s’étant parallèlement poursuivies, l’État se trouva être en 1937 en possession de la totalité de l’emprise définie en 1934. Prenant alors pour prétexte le rappel du montant avancé par lui au titre des expropriations, le ministère de l’Air demanda en juillet de cette même  année 1937 au préfet des Bouches-du-Rhône d’intervenir auprès de la municipalité de Salon pour que celle-ci accepte une nouvelle modification de la convention d’octobre 1933 remettant à sa charge l’apport d’une partie des terrains constituant la bande nord non évoquée par l’avenant de 1934.

Se référant à l’avis antérieurement exprimé par le Conseil d’État, selon lequel il avait été demandé à sa commune un sacrifice "dépassant ses forces contributives, même compte tenu des avantages assez hypothétiques qu’elle pourrait, dans l’avenir, retirer de la présence de l’École sur son territoire", le maire de Salon fit connaître au préfet que les ressources de sa commune ne lui permettaient pas d’apporter au ministère de l’Air une nouvelle participation.

Afin toutefois de montrer sa bonne volonté, le conseil municipal accepta à l’unanimité, en janvier 1938, que soient occupés gratuitement pendant trois ans par l’École de l’Air 11 ha de terrains appartenant à la ville (aplat bleu sur la planche 2) pour qu’y soient édifiés des casernements provisoires.

Constatant que le parc immobilier de la ville ne permettait pas de recevoir toutes les familles d’officiers et de sous-officiers mariés affectés à l’École de l’Air et considérant que la création de cette dernière avait "apporté une ère de prospérité à la commune", le même conseil municipal autorisa en juillet 1938 le maire à céder gratuitement à l’État près de 3 ha de terrains appartenant à la municipalité au quartier du Mouton (aplat violet sur la planche 2) afin qu’y soit construite une première tranche de 40 logements.

Prête à saisir, pour la suite de ce programme immobilier, la proposition qui lui avait été faite par les propriétaires d’une huilerie-savonnerie en situation difficile, de cession amiable des logements et installations industrielles répartis sur 7 ha situés eux-mêmes en bordure nord de la voie ferrée (emplacement fléché en rouge sur la planche 2), l’Armée prit finalement possession des lieux par voie de réquisition après septembre 1939.

Momentanément interrompus à la mobilisation, les travaux d’aménagement de l’École furent plus longuement arrêtés en juin 1940. Ils ne reprirent, en effet, qu’en  juillet 1941 après que les autorités allemandes aient donné leur accord pour que l’École de l’Air soit reconstituée en configuration réduite à Salon.

La contribution communale se trouvant être tarie, le secrétaire d’État à l’Aviation du gouvernement de Vichy décida en août 1942 d’acquérir par ses propres moyens 7 ha supplémentaires pour le logement des cadres mariés de l’École et 64 ha pour qu’y soient ultérieurement accueillis les casernements définitifs (ensemble couvert par un aplat vert sur la planche 2). Prescrite alors en application des décrets-lois du 30 octobre 1935, l’expropriation des parcelles ne pouvant être acquises à l’amiable ne sera prononcée par le président du tribunal civil d’Aix-en-Provence qu’en  août 1943 du fait de la mise sous scellés, pendant plusieurs  mois, par les Allemands de la section lyonnaise d’acquisitions chargée par le département de l’Aviation de suivre l’opération.

L’État devint ainsi propriétaire des parcelles de cette ultime extension alors que l’École de l’Air avait été dissoute et que l’Occupant avait pris possession du terrain des Plans. Il s’établit d’ailleurs au-delà, au sud et surtout vers l’est pour déployer son réseau de dispersion (les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur la planche 2).

Les Allemands occupant les lieux, la procédure qui devait aboutir à l’indemnisation des propriétaires et fermiers expropriés en août 1943 ne put être entamée qu’après la Libération. Réunie en septembre  et octobre 1945, la commission arbitrale d’évaluation statua de manière acceptable pour l’Administration mais non pour 86 propriétaires qui firent appel devant le tribunal d’Aix-en-Provence.

Bien que le transfert de propriété fût effectif dès le rendu de l’ordonnance d’expropriation, l’importance de l’affaire conduisit le ministre chargé des Transports à demander, en décembre 1945, que soit suspendue la procédure d’appel afin d’examiner les propositions de terrains de remplacement que devait faire la ville de Salon. Les pourparlers avec celle-ci n’ayant pas abouti, la procédure reprit son cours en mars 1947.

S’agissant maintenant de la piste annexe de la Jasse non évoquée par l’avenant d’octobre 1934 à la convention initiale, le ministre de l’Air rappela au maire de Salon son engagement ancien en octobre 1935 avec l’intention de mettre au plus tôt ce terrain de 204 ha (aplat orangé sur la planche 3) à la disposition de la société Gnome et Rhône jusqu’à ce que le fonctionnement de l’École conduise celle-ci à demander qu’il lui soit exclusivement réservé.

Bien qu’il ait signé un accord avec les propriétaires concernés, le maire demanda à son insatiable partenaire de provoquer une déclaration d’utilité publique afin que les formalités d’acquisition puissent être abrégées. C’est ainsi que par décision du 8 août 1936, s’appuyant elle-même sur les décrets-lois du 30 octobre 1935 déjà cités, le ministre de l’Air prescrivit à la fois l’expropriation des terrains nécessaires et la subrogation de la commune dans les droits conférés à l’État en vue de réaliser pour le compte de ce dernier les acquisitions pouvant l’être par voie amiable.

Interdite à la circulation aérienne publique, en raison de son affectation exclusive, par l’arrêté ministériel du 6 février 1947 et ce au même titre que les autres pistes principales et annexes d’Istres et de Salon, la piste de la Jasse n’en fut pas moins, à la même époque, sélectionnée pour figurer au plan d’équipement aéronautique. Affectée, en septembre 1949, à titre principal, aux Transports aériens et à l’Aviation légère et sportive et, à titre secondaire, à l’Armée de l’Air, elle apparaîtra, sous son actuelle appellation de Salon - Eyguières, sur la liste des aérodromes publics inspectés ouverts à la circulation aérienne publique annexée à l’arrêté ministériel du 30 mars 1953.

L’établissement de consignes de vol et de pistes précises ne suffisant pas à empêcher que l’utilisation par de nombreux avions du terrain principal de l’École de l’Air gênât l’instruction des diverses formations, d’autres sites de délestage que celui de la Jasse avaient, dès l’origine, été recherchés indépendamment de toute participation attendue de la commune.

Le premier retenu fut, en 1935, celui de Regneiris (localisé sur la planche 1). L’absence de plan cadastral récemment révisé ne permettant pas d’espérer un conclusion rapide par voie amiable, le ministre de l’Air prescrivit en août  1938 l’expropriation des 96 ha de terrains concernés (aplat orangé sur la planche 4) selon la procédure instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935.

Prononcée par ordonnance du président du tribunal civil d’Aix-en-Provence en date du 24 novembre 1938, cette expropriation n’eut pas le temps de permettre que, après négociation fructueuse avec la plupart des anciens propriétaires, la commission arbitrale puisse, avant juin 1940, statuer sur les indemnisations à attribuer aux autres. Le terrain n’en semble pas moins avoir été utilisé par l’Armée de l’Air jusqu’à l’Armistice avant d’être neutralisé par des tranchées pendant l’Occupation.

Remise en état en 1945 afin d’être mise à la disposition du C.E.V. d’Istres pour ses essais de planeurs et de parachutes, la piste de Regneiris fut, comme celle de la Jasse, interdite en 1947 à la circulation aérienne publique en raison de son affectation exclusive.

Ouverte, par la suite, aux aéro-clubs du C.E.V. et de la société Sud-Aviation, la piste de Regneiris sera désignée par l’appellation d’aérodrome de Berre - La Fare.

Un troisième site fut retenu en janvier 1939 par le ministre de l’Air. Il s’agissait de celui dit de La Loubière qui avait été repéré, dès 1937, sur le territoire de la commune de Saint-Cannat (localisée sur la planche 1). D’une superficie de 65 ha, son emprise fit l’objet, en fin avril 1940, d’une décision ministérielle prescrivant son expropriation. Intervenue le 20 mai, sur ordre de service du Génie, l’entreprise n’eut, avant que tout soit arrêté, que le temps "d’arracher les arbres d’un joli bois de pins constituant pour elle un revenu appréciable"…

Aucun autre travail n’ayant été entrepris sur la plate-forme projetée, le secrétaire d’État à l’Aviation décida, en octobre 1940, "qu’il y a(vait) lieu d’abandonner l’aménagement de cette piste et, par voie de conséquence, de ne pas poursuivre l’acquisition des terrains en cause".


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