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Plate-forme d'opérations de RAMERUPT - VAUCOGNE (Aube)

La décision de faire procéder par le service local du Génie à la création d’une plate-forme d’opérations près de Ramerupt fut prise par le ministre de l’Air en juin 1939. Les plans et états parcellaires ayant été établis entre temps, l’expropriation selon la procédure d’urgence instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935 put être prescrite dès la fin juillet de la même année.

Le pays n’étant pas encore en état de guerre, la prise de possession des 115 ha (aplat orangé sur l’extrait de carte) concernés par le projet était intervenue une quinzaine de jours auparavant après négociation avec les propriétaires.

Au nombre d’une quarantaine, ces derniers acceptèrent tous également de donner promesse de vente de leurs parcelles à l’État sur la base des estimations de l’administration des Domaines.

Approuvant ces promesses de vente en début janvier 1940, le ministre de l’Air se félicita que les négociations entreprises aient pu aussi rapidement aboutir à ce résultat mais jugea expédient de demander au président du tribunal, avant toutes notifications aux ayants droit, de prononcer l’expropriation des terrains "de manière à concentrer sur son ordonnance l’application des dispositions des articles 19 et suivants du décret-loi du 8 août 1935 relatives à la purge des hypothèques légales". Ainsi le président du tribunal civil de Troyes rendit-il ladite ordonnance le 27 février 1940.

Commencés après l’hiver 1939-1940, les travaux furent interrompus par les événements de juin alors que le sol n’avait été que nivelé et labouré superficiellement.

Au printemps 1941, les Allemands, qui n’avaient pas pris possession du terrain, ordonnèrent qu’il soit remis en culture et chargèrent le maire de Vaucogne, conseiller général du canton de Ramerupt, de procéder à son lotissement. Celui-ci ayant donc choisi d’attribuer pour trois ans la location du terrain à ses anciens propriétaires, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées demanda deux jours après que cette décision soit annulée pour laisser place à une mise aux enchères, pour une année renouvelable, de lots de quatre à cinq hectares.

Traduisant le mécontentement soulevé par cette intervention, une protestation par voie de presse soulignera avec humour que le cahier des charges préparé pour cette mise en adjudication avait, sans doute par automatisme, prévu en son article 3 que le bail aurait une durée de trois ans… et, en son article 13, que "l’adjudicataire versera(it) le prix du bail en deux termes égaux les 11 novembre et 11 mai" alors qu’il ne pourrait récolter avant l’été 1942.

Plus concrètement, les locations renouvelées chaque année démontreront leur caractère inadapté lorsque, pratiquant l’assolement triennal, les cultivateurs retenus hésiteront à engager les frais d’amendement sur des parcelles qu’ils n’étaient pas sûrs de récupérer…

Déclaré "définitivement" interdit à la circulation aérienne publique par l’arrêté ministériel du 7 février 1947, en raison du mauvais état de sa plate-forme, le terrain de Ramerupt avait dès le mois de juillet précédent fait l’objet d’instructions ministérielles données au service local des Ponts et Chaussées pour qu’il soit remis à l’administration des Domaines aux fins d’aliénation.

L’opération ayant accumulé les difficultés administratives1, on peut encore trouver dans le dossier de la plate-forme de Ramerupt la réponse, faite à une intervention, émettant le doute que puisse être exercé le privilège de rétrocession eu égard au fait que le terrain "ait été utilisé comme une aire d’atterrissage jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes" alors que, comme le rappellera le maire de Vaucogne en février 1947, son "aménagement n’étant pas terminé à la date du 14 juin 1940, il ne l’a d’ailleurs jamais été".

Finalement ce privilège ne sera offert qu’à quatre anciens propriétaires qui, particulièrement inspirés, s’en étaient expressément réservé le bénéfice au moment de l’expropriation.

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1 N’est pas développé ici le fait que la trésorerie générale de l’Aube rejeta en 1943, pour cause de déchéance quadriennale, le paiement de divers mandats d’indemnités d’expropriation au motif que les actes d’adhésion à l’expropriation du 27 février 1940 avaient indiqué pour date d’entrée en jouissance le 12 juillet 1939, date d’entrée en vigueur de l’occupation temporaire.


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