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Plate-forme d'opérations de NANGIS - LES LOGES (Seine-et-Marne)

Adoptant les conclusions de l'étude effectuée sur place en conférence deux mois auparavant, le ministre de l'Air fit en septembre 1938 connaître au général commandant la 2ème Région aérienne sa décision de créer d'urgence une plate-forme d'opérations de 115 ha (aplat orangé sur la carte) à Nangis - les Loges et d'en confier, par son intermédiaire, la réalisation au chef du génie de Paris-Air.

Le projet d'assainissement ayant été établi et approuvé entre temps, les travaux purent être lancés dès octobre 1938 sur des terrains provisoirement placés sous le régime de l'occupation temporaire.

L'établissement des plans et états parcellaires ne pouvant suivre le même rythme, la mise en route des acquisitions foncières dut par contre attendre le 17 mars 1939 pour qu'intervienne la décision ministérielle prescrivant l'expropriation des terrains selon la procédure d'urgence permise par les décrets-lois du 30 octobre 1935.

L'ordonnance d'expropriation ayant été rendue le 27  mars 1940 pour l'ensemble des propriétaires concernés, les transferts de propriété furent effectués pour la totalité de la plate-forme avant que n'interviennent les événements de juin.

Par contre, tel ne fut pas le cas de la consignation des indemnités provisionnelles fixées par ladite ordonnance, consignation qui n'interviendra qu'en janvier 1942 après que le secrétariat d'État à l'Aviation du gouvernement de Vichy ait mis en place le complément de financement nécessaire auprès du centre liquidateur des chefferies replié à Dun-sur-Auron.

N'acceptant pas les montants consignés et arguant du fait que le "camp d'aviation" ne possédait ni hangars ni pistes, les expropriés s'adressèrent en juillet 1942 au secrétaire d'État à l'Aviation afin qu'il prenne la décision de ne pas donner suite à la procédure en cours dans la perspective d'une restitution des terres "à la fin des hostilités". Il ne pouvait, en effet, s'agir de davantage compte tenu de ce que l'Occupant utilisait la plate-forme, non d'ailleurs comme aérodrome mais comme terrain d'exercice de bombardement…

Ayant jugé qu'il n'y avait pas lieu d'envisager alors la rétrocession demandée, le secrétaire d'État à l'Aviation prescrivit que la procédure d'acquisition fût poursuivie avec toute la diligence désirée. Bien que la commission arbitrale d'évaluation se fût réunie le 31 mai 1943, la procédure ne put progresser davantage avant la Libération.

Excédés de constater que leur désaccord sur le prix n'était toujours pas pris en considération, les propriétaires firent parvenir en mars 1946 une pétition au ministre des Travaux publics et des Transports dans laquelle ils se déclarèrent prêts à "renoncer à tous leurs droits d'indemnité présents et futurs" dans le cas où leurs terres leur seraient restituées.

Cette démarche n'aboutira qu'à ce qu'instruction soit donnée au service local des Ponts et Chaussées de se mettre en rapport avec celui des Domaines afin que ce dernier procède à l'amodiation du terrain qui, "n'étant pas à ce moment nécessaire aux Services de l'Air", devait être remis en culture.

Les choses en resteront là jusqu'en février 1949, quand trois anciens propriétaires, réunissant eux-mêmes 39 ha, feront valoir par l'intermédiaire d'un avocat que les terres dont ils avaient été dépossédés n'avaient pas reçu la destination qui motivait leur expropriation, et qu’elles étaient par suite susceptibles d'être rétrocédées conformément à l'article 53 du décret-loi du 8 août 1935. Le ministre chargé des Transports se contentera d'inviter les plaignants à se mettre en rapport avec le service des Ponts et Chaussées à qui avaient été données toutes instructions utiles "en vue du règlement des indemnités d'expropriation pouvant être encore dues".

La suite ne se fera guère attendre puisque, en mars 1950, deux puis quinze anciens propriétaires assigneront le préfet et le directeur départemental des Domaines à comparaître devant le tribunal civil de Melun.

Entre temps, l'intention du secrétariat d'État aux Forces armées "Air" d'établir à Nangis un Centre de réception interarmes comprenant bâtiments et antennes aura semblé constituer un élément nouveau favorable au maintien de l'État sur les lieux. Le choix du site de Chartres mettra toutefois fin à cette perspective de solution en… décembre 1954.

L'affaire ne sera finalement close qu'en juin 1956 après que le tribunal civil de Melun aura débouté les anciens propriétaires de leurs demandes, fins et conclusions. Les éléments déterminants de cette issue seront, d'une part, l'énumération chiffrée des travaux réalisés sur l'aérodrome par l'administration de l'Air avant 1940, d'autre part, la preuve apportée par le Service historique de l'Armée de l'Air de la présence permanente de cette dernière sur le terrain de janvier à juin de cette même année.


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