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Aérodrome communal de MONT-DE-MARSAN (Landes)

L’existence d’un aérodrome militaire à Mont-de-Marsan fut signalée pour la première fois par le Bulletin de la Navigation Aérienne de juillet 1924. Il s’agissait alors d’un terrain de 550 m x 130 m qui sera par la suite successivement décrit comme étant, avec les mêmes dimensions, en 1926, un "champ de course… pouvant être utilisé éventuellement", en 1928, un "terrain de secours…pouvant être éventuellement utilisé en cas d’atterrissage fortuit" et, en 1930, un "terrain de l’aéronautique militaire de 3ème catégorie".

À ce terrain plus ou moins de fortune se substituera, en octobre 1933, un "aérodrome public (communal) en cours d’agrément " à proximité immédiate du précédent (le guide Michelin des aérodromes de 1936 cite l’hippodrome comme étant un repère à 500  m à l’ouest) dont l’évolution aboutira à l’actuelle Base aérienne 118 de l’Armée de l’Air.

Jusqu’en 1937, l’aérodrome communal de Mont-de-Marsan comprit un terrain de 55 ha environ (aplat vert sur l’extrait de carte) sur lequel avaient été établies diverses installations servant à l’abri et à l’avitaillement des avions ainsi qu’à la vie de l’Aéro-club des Landes.

Pour des raisons inspirées par des nécessités aussi bien civiles (telle l’utilisation de l’aérodrome comme escale régulière de la ligne postale Paris - Pau) que militaires, l’État décida, en début 1938, de réaliser lui-même une extension d’emprise (aplat orangé sur le plan) portant sa surface à 180 ha.

Les terrains concernés ayant été expropriés par ordonnance du 30 juin 1938, les décisions de la commission arbitrale d’évaluation donnèrent lieu à appel de la part des anciens propriétaires puis à pourvoi en cassation qui fut rejeté par la Cour en septembre 1940.

S’agissant maintenant de la coexistence du terrain communal et de son extension nationale, il était très vite apparu au ministère de l’Air comme à la ville de Mont-de-Marsan que la gestion du tout devait être assurée par l’État. C’est ainsi que, par délibération du 1er juillet 1938, la municipalité décida de se décharger de toutes obligations afférentes à l’aérodrome et de céder gratuitement à l’État la partie de celui-ci qui lui appartenait.

Trois circonstances retardèrent toutefois, l’une après l’autre, la mise en application de cette décision. La première fut que la ville de Mont-de-Marsan et l’Aéro-club des Landes ne parvinrent à un accord sur la propriété de certaines parcelles et installations qu’au cours d’une conférence tenue sur place en février 1939. La deuxième fut que l’État subordonnait sa prise de gestion à l’installation d’un gardien sur l’aérodrome, gardien pour lequel la construction d’un logement ne fut adjugée qu’en  août 1939. La troisième enfin fut que l’administration des Domaines mit ici, pour l’une des premières fois, le doigt sur le fait – qui sera, bien après, largement exploité en sens inverse – que l’incorporation du terrain communal au domaine public national devait se résoudre par simple mutation exclusive de tout transfert de propriété.

Cette incorporation ne fut malheureusement prescrite par le ministre de l’Air que le 30 mai 1940 de sorte que, "par suite des circonstances de la guerre, cette décision n’est parvenue aux autorités locales que le 20 novembre 1940". L’aérodrome étant alors occupé par les autorités allemandes, le maire, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et le directeur des Domaines, réunis alors à Mont-de-Marsan, estimèrent qu’il n’était "pas indispensable d’opérer un transport sur les lieux", que la conférence de février 1939 citée plus haut avait déjà défini avec précision les terrains et installations à remettre et tombèrent d’accord "pour constater l’incorporation de l’aérodrome communal au domaine public national pour compter du 1er juin 1940".

Ayant donc pris possession de l’aérodrome, les Allemands en repoussèrent considérablement les limites, à l’intérieur desquelles ils construisirent une piste bétonnée est  / ouest de 2 450 m x 80 m, une amorce de piste macadamisée N-O  / S-E de 550 m x 25 m, une voie de circulation en béton ceinturant la plate-forme sur environ 5 km et tout un dispositif de desserrement desservant hangars, abris ou ateliers dispersés dans la forêt (les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur le plan).

Commandée par la construction de la piste principale en béton, l’extension allemande vers l’ouest eut pour conséquences non seulement de couper la R.D. 53, qui constituait l’ancienne limite de l’aérodrome, mais aussi la R.N. 651 (actuelle R.D. 321) et la ligne de chemin de fer à voie unique de Mont-de-Marsan à Luxey.

Le projet vraisemblablement formé par les Allemands d’aménager de manière plus conséquente l’axe N-O / S-E conduisit en outre à ce qu’ils entreprennent la mise en canalisation du ruisseau des Nonères dont le cours encaissé avait constitué la limite nord de l’aérodrome communal et avait été maintenu à l’intérieur de l’extension de 1938.

Interrompue à la Libération, cette mise en conduite se révéla avoir été calculée trop juste, être à l’origine d’inondations après de fortes pluies et nécessiter au moins l’exécution de travaux complémentaires.

Le ministre des Armées ayant décidé, en 1945, de créer un Centre d’expériences aériennes militaires pour l’étude de l’emploi technique et tactique des nouveaux matériels des unités aériennes, l’État-major général de l’Air choisit de lui donner comme base l’aérodrome de Mont-de-Marsan en raison de sa situation géographique et "des aménagements de grande valeur" qu’y avaient effectués les Allemands.

Ainsi les extensions importantes adjointes par ces derniers au terrain appartenant à l’État furent-elles immédiatement occupées par le C.E.A.M. par maintien des réquisitions. Toutes les réquisitions ayant dû prendre fin le 28 février 1947 conformément à la loi du 10 mai 1946 fixant la date de cessation des hostilités, le préfet des Landes prit le 24 février 1947 un arrêté d’occupation temporaire s’appliquant aux 252 ha de terrains à acquérir.

Cette disposition conservatoire ne permettait toutefois pas qu’entrave soit apportée à l’usage de la route nationale et de la voie ferrée. C’est ainsi que, perdant patience, le prestigieux Colonel Rozanoff, alors directeur du Centre d’essais, attira l’attention du préfet sur le fait que, en dépit des précautions rigoureuses prises pour barrer la route nationale avant chaque envol ou atterrissage, un troupeau de vaches s’était engagé paisiblement sur la piste au moment où un Siebel était en train de décoller…

Intervenu le 18 août 1947, le décret déclarant d’utilité publique et urgentes les acquisitions à effectuer se trouva presque immédiatement neutralisé par celui du 9 octobre de la même année portant interdiction de dépenses sur le budget d’équipement. L’ordonnance d’expropriation finira tout de même par être rendue en décembre 1948, le détournement de la R.N. 651 par être réalisé et la clôture de l’aérodrome par être verrouillée.

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Carte IGN Série bleue et TOP 25 au 1 : 25 000
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