La décision de créer une plate-forme d'opérations de 117,5 ha près d'Attichy, sur le territoire des communes de Jaulzy et de Croutoy, et d'en confier la réalisation à la chefferie du Génie d'Amiens-Air fut prise par le ministre de l'Air en janvier 1939.

Prescrite en juin de la même année, l'expropriation des terrains nécessaires dut être élargie en septembre à 1,5  ha formant appendice au sud de l'emprise initialement définie et dont l'acquisition était commandée par le rétablissement de l'accès à une carrière (l'ensemble des 119  ha est couvert par un aplat orangé sur la carte).

La prise de possession immédiate des lieux eut pour conséquence inattendue de retarder l'aménagement de la plate-forme. En effet, la récolte ayant dû être vendue aux enchères par l'administration des Domaines, l'acquéreur fut mobilisé avant d'avoir eu le temps de la rentrer. Les meules restèrent donc malencontreusement dispersées sur le terrain jusqu'à ce que, en avril 1940, le ministre prit la décision - couvrant le Génie - d'avoir recours aux grands moyens.

Prenant le terrain tel qu'il était, les Allemands ne poursuivirent que très modestement son aménagement en aérodrome. En effet, pour autant que les vestiges de surfaces bétonnées laissées sur le terrain puissent être reliés à l’activité aérienne attestée par la mémoire locale, leurs dimensions sont trop faibles pour être celles de pistes de l’époque et correspondent plus vraisemblablement à des aires de stationnement en façade de hangars

S’y établissant à leur tour, les Américains transformèrent le terrain en un important camp de prisonniers comme, semble-t-il, les Allemands l’avaient momentanément fait avant eux.

En septembre 1946, le ministre des Travaux publics et des Transports décida que ce terrain ne présentait plus aucun intérêt pour l'aviation civile ou militaire et qu'il convenait de procéder à son aliénation. Celle-ci ne pouvait intervenir avant le départ des Américains, mais fut également retardée par le fait que la Société nationale de vente des surplus s'établit immédiatement après eux sur plus de la moitié des 119 ha appartenant à l'État. Aussi n'est-ce finalement qu'en octobre 1948 que pourra être prononcée par décret leur totale désaffectation.