Ouvert à l’exploitation en avril 1922 par le service de la Navigation aérienne sur la route aérienne de Paris à Londres le terrain de secours d’Abbeville était situé à environ 3 km au nord de l’agglomération.

Son emplacement rompait avec celui des débuts aéronautiques de la cité picarde, qui avaient eu pour cadre un ancien champ de manœuvres dont le contour est indiqué en violet sur la carte.

Longé à l’ouest par l’ancienne R.N. 28 (devenue aujourd’hui R.D. 928), le nouveau terrain (aplat bleu sur la carte) occupait un emplacement qui serait aujourd'hui séparé par cette route de l’emprise actuelle de l’aérodrome d’Abbeville (délimitée en rouge).

Offrant une surface d’atterrissage de 600 m x 600 m, le terrain de secours d’Abbeville était délimité par des balises en bois peintes en blanc et rouge. Douze d’entre elles furent équipées d’une lampe électrique rouge en septembre 1926. Un cercle d’atterrissage de 25 m de diamètre était tracé au centre du terrain. Hébergeant un gardien, le terrain fut en juin 1922 équipé d’un téléphone et doté d’un phare à occultation répétant la lettre "F". Une antenne T.S.F. supportée par deux mâts de 28 m et distants de 70 m fut érigée dans l’angle ouest du terrain en mai 1923.

Le terrain de secours d’Abbeville servit, toujours en 1923, de support à une expérience de signalisation au sol des conditions météorologiques observées sur les terrains de Beauvais et de Saint-Inglevert. Il s’agissait de deux lignes de quatre panneaux blancs de 6 m x 9 m indiquant, au moyen d’une lettre pour chacun des deux premiers, le terrain concerné par la ligne et, selon le nombre de carreaux rouges ouverts sur les autres, la hauteur de la base des nuages bas, la distance de visibilité et la qualité du temps.

Abbeville étant à peu près située au centre d’une ligne qui aurait été tendue entre Le Bourget et Douvres, un radiophare¹ indiquant cet axe fut installé au début 1931 à 1500 m à l’ouest du terrain de secours (en vert sur la carte).

Offrant à l’origine une surface d’atterrissage d’environ 35 ha, le terrain d’Abbeville verra celle-ci portée à 140 ha par recours en avril 1936 à la procédure d’extrême urgence instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935 pour les opérations intéressant la Défense nationale (extension indiquée en orange sur la carte).

Après juin 1940, l’aérodrome fut occupé par les Allemands qui le dotèrent, en grande partie à l’extérieur de l’emprise dont ils avaient hérité, de trois pistes en béton de 1.600 m x 50 m, respectivement orientées N-N-E / S-S-O, E / O et N-O / S-E, ainsi que d’un réseau de voies de circulation et de dispersion (les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur la carte).

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¹ Le radiophare de Buigny comportait deux cadres triangulaires supportés par un pylône de 45  m de hauteur. L'un de ces cadres émettait en caractère morse la lettre L, l'autre la lettre F. Les signes constituant ces caractères étant complémentaires, l'effet produit sur un récepteur situé sur leur plan bissecteur était un signal continu.