Saint-André-de-Cubzac

 

PaysFrance
DépartementGironde
NomSaint-André-de-Cubzac
Autre appellationLa Garosse,Saint-André-de-Cubzac
Commune(s)Saint-André-de-Cubzac
Coordonnées0°26’10 6’’O / 45°00’30,3’’N
OACIN/A
Situation10 km Nord-est Bordeaux
UtilisationAncien aérodrome français militaire et civil

 

 

 

1 – Synthèse sur le terrain d’aviation à partir du recueil de textes d’époque (1911-1914, 1921)

 

C’est grâce aux efforts des membres de l’Association Générale Aéronautique, porteurs de l’élan national de créations de stations d’atterrissages, d’achats d’appareils et de formations de personnels par voie de souscription, largement encouragé par la presse et porté par le Comité national pour l’aviation militaire, dont  Association Générale Aéronautique est la base, ainsi que de soutiens locaux, qu’un terrain a pu voir le jour à Saint-André-de-Cubzac .
Reprenons le cours des étapes de la création de ce terrain d’atterissage, à la lumière des seuls articles de quelques périodiques d’époque : le Bulletin de l’Association générale aéronautique, la fameuse Association Générale Aéronautique  dont il va être souvent question, Flight, bulletin de l’Aéro-club royal du Royaume-Uni, et de L’Aéro, quotidien mettant les nouvelles sportives et notamment celles de l’aviation, à l’honneur.
Les délégués et sociétaires de l’Association Générale Aéronautique, émanation de l’Aéro-club de France fondée le 10 juillet 1910, repèrent un bon terrain au nord de Saint-André-de-Cubzac. On ne sait pas encore, à cette étape de la recherche, si le terrain est vendu, ou cédé comme c’est souvent le cas  pour les terrains destinés à l’aviation militaire dans le cadre de la souscription nationale.
Dés août 1911, Saint-André-de-Cubzac est mentionné dans une liste de terrains où les aviateurs pourront recevoir de l’assistance de la part de sociétaires de l’Association Générale Aéronautique.
Trois mois plus tard, le délégué de l’Association Générale Aéronautique  à Saint-André-de-Cubzac, le Dr Charron, informe, qu’un champ d’aviation s’organise à 1 km au Nord de Saint-André-de-Cubzac, entre le chemin de fer de l’état et la bifurcation des deux grandes routes venant de Blaye et de Cavignac. Le sol de l’aérodrome y est formé de terre de bruyère. Des mécaniciens, ainsi que des dépôts d’huile et essence sont disponibles à Saint-André-de-Cubzac.

Le  terrain d’atterrissage de Saint-André-de-Cubzac est un des nombreux terrain destiné à renforcer la cinquième arme, comme l’aéronautique militaire était surnommée à l’époque. Un des buts de l’Association Générale Aéronautique est de permettre de développer le tourisme aérien par l’extension et le renforcement du maillage des aérodromes sur le territoire. Ces terrains étant aussi, et surtout, à orientation militaire, puisque financés en large partie par les subsides récoltés dans le cadre de la souscription nationale pour le développement de l’aviation militaire. C’est donc sans surprise qu’un an après les premiers travaux des délégués, au milieu de novembre 1912, L’Aéro indique que « Le terrain d’atterrissage de  Saint-André-de-Cubzac vient d’être accepté par le Ministre de la Guerre. Les travaux vont commencer incessamment sous la direction des autorités militaires de façon à ce que le terrain soit définitivement prêt au printemps prochain.  Saint-André-de-Cubzac est le premier terrain militaire de la Gironde ». Le même périodique, dans l’article « Les terrains d’atterrissage de France » range  Saint-André-de-Cubzac dans la liste des terrains avec un hangar en construction.

L’été de l’année suivante, Flight indique que le 15 juin 1913, un nouveau record de traversée sans escale est établit par le LTN Varcin. Après avoir quitté Buc vers 3h30 sur son biplan Farman, avec son mécanicien comme passager, il vole jusqu’à l’aérodrome militaire de Saint-André-de-Cubzac, près de Bordeaux, où il atterrit vers 11h, après 7h30 de vol et 477km parcourus entre les deux points.

La seconde moitié de l’année 1913 voit les choses s’accélérer pour la station d’atterrissage de Saint-André-de-Cubzac.

Le terrain d’atterrissage  est utilisé par l’aviation militaire dans le cadre des grandes manœuvres aériennes du Midi. Ainsi L’Aéro, dans son édition du 3 septembre 1913, indique que la veille au matin « … a atterri à l’aérodrome militaire de la Garosse un avion militaire, ce qui porte à 4 le nombre des avions arrivés. Un cinquième qui sera probablement le dernier, est attendu à la tombée de la nuit. L’escadrille ainsi complétée prendra le départ sans doute demain pour les manœuvres du Midi. Des tracteurs automobiles sont également arrivés ». Toujours dans le cadre de la participation aux manœuvres, le 4 septembre 1913, « … l’escadrille de Belfort, capitaine Jacques est partie ce matin pour Agen au milieu des ovations d’un public enthousiaste ». 5 appareils de l’escadrille sont présents ce jour : « … une première escadrille composée de trois appareils, a rallié la région de Libourne. Deux autres appareils se sont dirigés sur l’aérodrome de  Mérignac près Bordeaux, où un troisième appareil remplacera celui qui a eu un accident près de Ruffec ».

Septembre 1913, c’est aussi le mois de l’inauguration officielle de l’aérodrome de Saint-André-de-Cubzac, annoncé dés la fin  juillet 1913 dans L’Aéro : « Les hangars du terrain militaire de  Saint-André-de-Cubzac sont à peu près terminés ; l’inauguration officielle doit avoir lieu en septembre, probablement lors du passage du président de la République à Bordeaux ».
A. Boudin, dans son article « Inauguration du hangar de Saint-André-de-Cubzac » paru dans L’Aéro du 23 septembre 1913, raconte que le dimanche 21 septembre 1913 a lieu sur l’aérodrome de la Garosse, à Saint-André-de-Cubzac, la remise officielle du hangar militaire au ministre de la Guerre. Cette imposante cérémonie, est organisée en lien avec la Société Aéronautique de  Saint-André-de-Cubzac: 15 aéroplanes des escadrilles de Versailles et du camp de Chalons revenant des grandes manœuvres sont présents. On assiste au défilé de plusieurs sociétés de gymnastique, de la préparation militaire et  de la fanfare, avec remise du drapeau à la Société de préparation militaire de Saint-André-de-Cubzac. Quelques aviateurs effectuent des vols, devant une foule de spectateurs. Le soir,  la municipalité organise un banquet en l’honneur des aviateurs.

La Société aéronautique de  Saint-André-de-Cubzac est une « … société locale, fondée sous le patronage de l’Association Générale Aéronautique, par M. le Dr Moure, déjà à la tête de plusieurs sociétés sportives, a groupé sous le drapeau de la cause aéronautique près d’un millier de membres enthousiastes… La Société aéronautique de  Saint-André-de-Cubzac étant un groupement purement sportif et une filiale de l’Association Générale Aéronautique, les aviateurs peuvent être assurés de trouver à  Saint-André-de-Cubzac l’accueil le plus cordial ».

Dans le Bulletin de l’Association Générale Aéronautique d’octobre 1913, l’article sur l’inauguration de la station d’atterrissage de  Saint-André-de-Cubzac fourmille de détails, qu’il serait bon de vérifier aux archives municipales de la ville.
En terme de financement, le terrain a été présenté par  l’Association Générale Aéronautique comme susceptible de servir de terrain d’atterrissage, puis après les travaux des délégués de l’Association Générale Aéronautique sur place, l’Aéro-club de Bordeaux et du SO a semble t’il versé une subvention, complétée par l’argent de la souscription nationale.
En ce qui concerne les infrastructures de la station d’atterrissage de Saint-André-de-Cubzac, le hangar est présenté comme « … un hangar modèle du type du Comité national pour l’aviation militaire », soit un hangar de 20m x 20m, « … vaste, luxueusement aménagé, et la Société y loge dans un appentis un gardien chargé d’entretenir le terrain et de procurer aux aviateurs ce dont ils peuvent avoir besoin. ». La piste est d’un « … repérage extrêmement facile, grâce au croisement des deux grandes routes nationales, et au fleuve assez proche » et bénéficie d’une « … souplesse extraordinaire du sol étanche toute l’année … ». Elle présente une « … couronne blanche au centre, marquée d’un point blanc … » qui « … signale aux aviateurs l’existence du terrain et est visible d’une vingtaine de km au moins ».

En 1914, dans le Bulletin de la Ligue Aérienne de France de’avril 1914,  Saint-André-de-Cubzac est mentionné sur la carte des stations d’atterrissages comme, on l’a vu, une station organisée par le Comité national pour l’aviation militaire.

 

Saint-André-de-Cubzac est aussi un aérodrome utilisé par les civils


Un article de Flight, du 9 mai 1914, indique que le 3 mai 1914, à bord de son hydravion Deperdussin, moteur Anzani 10 cylindres de 85HP, Issartier, accompagné d’un passager, a volé depuis Bordeaux au-dessus de la Garonne et la Dordogne jusqu’à SAC, couvrant les 45km en 25mn. Il est ensuite revenu à Bordeaux dans l’après-midi.
Après vérification sur la carte actuelle, environ 45km séparent bien Bordeaux de Saint-André-de-Cubzac  en suivant le cours des fleuves, depuis Bordeaux au bec d’Ambès, puis en remontant la Dordogne jusqu’à Saint-André-de-Cubzac.

 

 Extrait de carte : producteur : IGN

 

De plus, toujours dans Flight, éditions du 12 juin et du 19 juin 1914, on lit que concourant pour la coupe Michelin, le pilote Gilbert boucle un tour de France en avion en deux jours. Il survole  Saint-André-de-Cubzac après être parti de Pau le matin du 2e jour. Dans l’édition du 19 juin ; Gilbert fait le récit de son tour de France. Il est arrivé le 9 juin à Saint-André-de-Cubzac à 6h15 et en est reparti à 6h30. L’étape suivante est Romorantin où l’aviateur arrive vers 9h.

Saint-André-de-Cubzac est toujours sur le circuit du concours pour remporter la coupe Michelin 1921.

En guise de conclusion,  Saint-André-de-Cubzac est donc un terrain créée par les membres de  l’Association Générale Aéronautique pour répondre au but de développement du tourisme aérien que s’était donné l’Association Générale Aéronautique , puis dans le cadre du Comité national pour le développement de l’aviation militaire, le terrain est aménagé pour être cédé opérationnel au ministère de la Guerre. Cet ancien aérodrome va, avant la première guerre mondiale, être utilisé principalement, mais pas seulement, dans un but militaire. Il semble toujours en activité en 1921.
Il est situé sur l’axe Bordeaux-Paris, un des axes majeurs du développement technique de l’aéronautique en France avant 1914, à une vingtaine de km de la capitale girondine, et fait partie de la liste des terrains militaires anciens cernant Bordeaux, comme celui de la Croix d’Hins ou de Beau-Désert à Mérignac.
La consultation des archives administratives, notamment municipales, et militaires, permettrait de préciser, confirmer ou infirmer, les premières pistes parcourues ici.

 

 2 – Tentative de localisation du terrain

Indices pour la localisation précise :
A 1 km au N de Saint-André-de-Cubzac, entre le chemin de fer de l’état et la bifurcation des deux grandes routes venant de Blaye et de Cavignac.
Lieu-dit la Garosse.
Au croisement des deux grandes routes nationales, et au fleuve assez proche.
Le terrain est situé sur la ligne droite Paris-Bordeaux. Il est placé à l’intersection des routes nationales n°10 et 137 (texte dans Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, d’octobre 1913).

Proposition :
Sur la photo ci-dessous (la plus ancienne téléchargeable) du Géoportail, mission 1950_F 1335-1635_P_25000, extrait du cliché n°29, daté du 8 juillet 1950, on distingue au carrefour du sud de la photo, une forme type champ de course, qui pourrait bien être la localisation du terrain. Sur la carte, cela est situé juste à coté des lieux-dits contenant le terme Garosse, sur Saint-André-de-Cubzac , à la bifurcation des deux routes, la Nationale 137 à l’Ouest et la N10 à l’Est.
                                                                              
                                                                         

 

(Le nord est en haut de l’image. Au sud du carrefour des 2 grands axes routiers se trouve Saint-André-de-Cubzac). La forme mesure environ 450m de long, ce qui semble suffisant pour un terrain de 1913. Peut-être un hangar au nord.

 

 

Cordonnées géographiques du centre approximatif de la « forme » :
(Système géographique, coordonnées sexagésimaux) : 0° 26’ 10,6’’ O ; 45° 00’ 30,3’’ N

Pas trouvé de cartes postales anciennes d’illustrations sur internet du terrain de la Garosse.

Les réponses aux questions concernant les limites exactes du terrain, la durée d’utilisation, les causes de fermeture, divers évènements ou cérémonies sur place, etc, seront probablement trouvables aux archives municipales de  Saint-André-de-Cubzac(horaires d’ouverture des archives municipales de Saint-André-de-Cubzac : L-V / matin 8h30-12h / Après-midi : L 13h30-19h, M au J 13h30-17h, V 13h30-16h).

Mathieu Pilorget (membre 2A) – septembre 2012.

 Sources :

Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, 01/1911.

Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, 08/1911.

Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, 11/1911.

L’Aéro, 14/11/1912.

Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, 08/1911.

Flight, 21/06/1913.

L’Aéro, 05/09/1913.

L’Aéro, 24/07/1913.

Bulletin de l’Association Générale Aéronautique, 10/1913.

Flight, 06/01/1921.

 

Cartes postales de  la Garosse

(Coll Bruno Boudet)