Châteauroux – Centrale blindée C

Historique de la Centrale blindée « C », comme Châteauroux, édifiée en 1940, sur le territoire de la commune de Coings, dans le département de l’Indre
par Didier DUBANT

FIGURE n° 1 – Reconstitution du projet de la Centrale blindée « C », comme Châteauroux, qui aurait dû produire des Bloch MB 152-155 s’il n’avait pas été interrompu par la défaite de juin 1940 (dessin Liliane Dubant).

Introduction
Au début du mois d’août 1939, le Ministre de l’Air, Guy La Chambre vient dans le département de l’Indre inspecter la Base Aérienne de Châteauroux La Martinerie et l’usine d’Aviation de la S.N.C.A.S.O. à Déols, c’est du moins ce qu’indique la presse locale (La Dépêche du Centre samedi 12 août 1939, p. 3).

Le 1er septembre 1939, à 4h45 du matin, les troupes du Reich envahissent la Pologne. Le 3 septembre à 11 heures, la Grande-Bretagne se déclare en état de belligérance avec l’Allemagne. Le gouvernement français en fait autant le même jour à 17 heures (BENOIST-MECHIN 2011, p. 11).

Le 1er décembre 1939 :

« Paris, le 1er décembre 1939 le Ministre de l’Air à Monsieur le Préfet du Département de l’Indre Châteauroux.

J’ai l’honneur de vous faire connaître à toutes fins utiles que j’ai décidé la construction d’une centrale de montage à Châteauroux. Dans toute la correspondance ultérieure au sujet de cette affaire, et dans le but de conserver le secret, le chantier sera exclusivement désigné par l’indicatif « Centrale C » Pour le Ministre et par son ordre le Directeur des Travaux et installations Signé : STAHL » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE. 17590).

Le 7 décembre 1939, le Ministre de l’Air (Guy La Chambre) écrit à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux :

« J’ai décidé l’établissement, en un point qui vous a été défini de manière plus précise et qui dans toute la correspondance ultérieure sera exclusivement désigné par l’indicatif Centrale « C », d’un Centre industriel aéronautique. Celui-ci comprendra essentiellement :

– la construction d’une Centrale de Montage à alimenter en force et lumière électrique par les secteurs voisins

– le raccordement de celle-ci aux routes voisines et éventuellement à la voie ferrée

– divers travaux accessoires à préciser ultérieurement.

Vous aurez à faire procéder à la réalisation du Centre industriel ainsi défini dans des délais exceptionnellement réduits. Il faut en effet que la Centrale soit entièrement achevée le 1er avril 1940 et aménageable à partir de cette date. Dans le principe, le Centre industriel dont la réalisation vous est confiée, serait remis après achèvement des travaux à la S.N.C.A.S.O. Vous aurez donc à rester en contact étroit avec les ingénieurs de cette Société ; vous aurez à prendre garde que, vis à vis de leurs demandes, vous êtes sous mon autorité le représentant de mon Département et que s’il convient de faire le nécessaire pour avoir des installations d’un bon rendement, il importe de n’exécuter que ce qui est indispensable et de le faire aux meilleures conditions possibles. Les dessins d’exécution de la Centrale vous seront adressés incessamment par les soins de mon Service des Etudes Techniques. Je vous adresse dès maintenant deux dessins schématiques définissant les cotes principales de l’ouvrage et permettant une fois l’implantation faite d’entreprendre immédiatement les terrassements. Pour l’implantation exacte de la Centrale vous tiendrez compte de la nécessité de sauvegarder les qualités aéronautiques du terrain. Non seulement la Centrale sera située en dehors de l’aérodrome, mais encore elle ne devra pas constituer un obstacle. Vous entreprendrez au plus tôt tous les sondages nécessaires pour la reconnaissance du sol de fondations et vous étudierez les raccordements. Vous me ferez ensuite connaître, et ce le plus rapidement possible et sous forme d’un plan de masse sommaire, les résultats de vos études sur ces questions. Vous prendrez, au sujet de ce plan de masse, l’accord du Directeur de l’Usine sur place. Vous voudrez bien en m’envoyant le plan de masse m’indiquer quelles sont les parcelles à acquérir par l’État. Étant donné l’urgence des travaux, je vous prie de prendre immédiatement possession de ces parcelles de terrain par voie de réquisition en application de la loi du 11 juillet 1938 et du décret du 28 novembre 1938 (J.O. des 28 et 29 novembre, page 13.423) L’acquisition des terrains sera poursuivie en utilisant la procédure d’expropriation organisée par le décret-loi du 30 octobre 1935. Dans ce but, je vous prie de m’adresser le plus tôt possible en trois exemplaires le plan et l’état parcellaire des terrains à acquérir accompagnés de l’avis de la Direction Départementale des Domaines. Il conviendra d’associer celle-ci étroitement aux procédures de réquisition et d’expropriation. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Le même courrier précise ensuite :

« En vue de l’attribution des travaux de Génie Civil de l’ensemble des Centres industriels aéronautiques à réaliser, un appel d’offres a été lancé par mon Service des Etudes Techniques entre quelques entreprises importantes. Cet appel d’offres a été défini par une note programme précisant les caractéristiques des ouvrages et indiquant sur quelles bases les prix devaient être établis. Vous trouverez sous ce pli un exemplaire de cette note programme à laquelle étaient joints les dessins visés plus haut que je vous adresse sous ce pli. A la suite de cet appel d’offres, j’ai décidé de désigner l’entreprise ANT.LEVAUX et ses fils, 12, rue de Tilsitt, PARIS 8ème, comme adjudicataire des travaux de génie civil du Centre industriel C. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41, courrier du 7 décembre 1939 – le dossier conservé aux Archives de Départementales de l’Indre ne comprend pas les documents indiqués comme joint au courrier du Ministre de l’Air).

Le 19 décembre 1939, l’Ingénieur Ordinaire Griveaud rédige depuis Châteauroux, en réponse à la demande du Ministre de l’Air, un rapport (qui aurait été accompagné d’un plan de masse du projet de Centre industriel aéronautique, plan de masse absent dans la cote 1074W41 des Archives Départementales de l’Indre). Dans ce rapport (qui fut approuvé le jour même, c’est-à-dire le 19 décembre 1939, par M. Rapilly, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux) est précisé :

« EMPLACEMENT DE LA CENTRALE. La Centrale est prévue à l’Est et en bordure du terrain actuel, elle est orientée perpendiculairement ou à peu près, à la lisière du terrain ; ce qui réduira au minimum les obstacles à l’envol. L’emplacement choisi est le plus favorable étant donné que les vents dominants sont dans la région Sud-Ouest – Nord-Est et Ouest.

TERRAINS La réquisition des terrains en bordure de l’aérodrome à l’Est et au Sud a été prévue.

ROUTES Le raccordement de la centrale est prévu : 1° – avec la R. N. 151 de Châteauroux à Issoudun. La route à construire emprunte en partie un chemin rural existant, sensiblement perpendiculaire à la route nationale. Ce sera le plus court chemin d’accès à la Centrale, 2° – à l’usine existante par une route concourant le terrain au Sud, 3° – à l’agglomération de Déols par un petit tronçon de route Nord-Sud reliant la route prévue au § 2 à un chemin déjà construit de Déols.

VOIE FERREE DE RACCORDEMENT Sa longueur sera de 3km,800 environ, les courbes seront de 1.000 m de rayon au minimum et les rampes de 8m/m au maximum. Elle se greffe sur le chemin de fer de Paris à Toulouse entre les stations de Montierchaume et de Châteauroux. Elle franchit à niveau la R.N. n° 151. Un petit ouvrage d’art est à prévoir au passage d’un ruisseau.

LIGNE ELECTRIQUE Il faut aller chercher le courant 15.000 V à Châteauroux. La ligne suivra d’abord la R.N. n° 151 puis se rapprochera de la Centrale pour venir aboutir sur la route d’accès à 500 m de la limite du terrain, à partir de là elle suivra parallèlement à la route et à la voie ferrée de raccordement pour entrer dans l’usine par le pignon de la petite porte.

EGOUT Etabli au niveau du radier inférieur de l’usine au départ, il suivra la voie ferrée jusqu’au ruisseau sur une longueur de 2.100 m. Il pourra peut-être consister en un simple fossé à ciel ouvert sur une partie de son parcours.

ALIMENTATION EN EAU Cette alimentation sera obtenue par une canalisation de 125 m/m en tubes d’acier greffée sur la canalisation de 175 m/m qui dessert l’usine actuelle en suivant la R.N. n° 20. La canalisation à construire contournera la partie Sud du terrain pour aboutir au pignon de la petite porte.

REFECTOIRES ET VESTIAIRES Ces bâtiments seront placés à proximité de la porte du petit pignon et au Sud ou au Sud-Est de celle-ci. Un plan de masse détaillé à plus grande échelle de la centrale et de ses annexes sera dressé ultérieurement.

HABITATIONS OUVRIERES Celles-ci, s’il en peut être édifié, trouvent leur place la meilleure le long de la route qui relie la Centrale à l’agglomération de Déols et à une distance comprise entre 700 et 1.200 m de la Centrale. Ce plan de masse a reçu l’accord de M. (Marcel) MINCKES, directeur de l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols. Nous sommes d’avis qu’il y a lieu de demander à M. le Ministre de l’Air de bien vouloir l’approuver. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Le 28 décembre 1939, le Ministre de l’Air (Guy La Chambre) écrit à Monsieur l’Ingénieur en Chef des Ponts & Chaussées du Département de l’Indre Châteauroux :

« Par dépêche n° 4998 DT/CIV/3 en date du 7 décembre 1939, je vous ai fait connaître la décision que j’avais prise quant à l’établissement, dans votre Département, d’un Centre Industriel Aéronautique. Afin de vous permettre d’ouvrir le chantier en vue de l’exécution des travaux envisagés dans des délais exceptionnellement réduits, je vous ai informé qu’un crédit provisionnel de 4 Millions de francs vous était alloué au titre des crédits de paiement du chapitre H, article 3 du Compte des Investissements en Capital de l’Exercice en cours. Les conditions exceptionnelles de lancement des travaux vous entraînant à passer d’urgence des marchés de gré à gré avec des entreprises locales pour l’exécution de certains travaux de préparation d’ouverture du chantier, j’ai décidé : I/ conformément aux prescriptions de l’arrêté du Ministre des Travaux Publics en date du 7 décembre 1935 et de la circulaire n° 6 du même jour, sur les mesures de décentralisation de vous donner délégation pour la passation et l’approbation des marchés de gré à gré à intervenir en vue de l’ouverture du chantier. Cette délégation vous est donnée sous réserve que le montant partiel de chaque marché ne dépasse pas 200.000 Frs, le montant total des marchés à passer restant dans la limite d’un crédit global d’un million de francs. Il me sera rendu compte, sous le présent timbre de l’utilisation de ce crédit, II/ de porter de 4 à 9 Millions le montant des crédits de paiement qui vous ont été accordés par D.M. précitée. En conséquence, vous trouverez ci-joint une notification complémentaire d’allocation d’un crédit provisionnel de 5 millions de francs, au titre du chapitre H, article 3 du budget de l’exercice en cours. Pour le Ministre et par son ordre le Directeur des Travaux et installations. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

La Centrale « C » comme Châteauroux, une usine blindée.

Le 16 décembre 1939, le chef du Service des études techniques immobilières et des travaux de la région parisienne adresse à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux le message suivant :

« Construction d’usines B(blindée), affaire n °121. Usine « Ch ». J’ai l’honneur de vous confirmer la remise faite hier à la conférence chez M. Stahl (le directeur des Travaux et installations au ministère de l’Air) d’un exemplaire des clauses techniques du cahier des charges en date du 11 décembre 1939 relatif aux usines blindées en béton armée. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

La Centrale « C » ou « Ch » pour Châteauroux, à construire d’urgence à proximité de l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols, est donc en fait une usine blindée en béton armé.

Lorsque le site de Châteauroux-Déols fut retenu en 1936 par Marcel Bloch pour installer sa nouvelle usine d’aviation, c’était pour répondre au souhaite du Ministre de l’Air d’une décentralisation aéronautique loin de la région parisienne tout en pouvant satisfaire rapidement les commandes massives d’appareils militaires que venait de lui attribuer l’Etat. Dans l’esprit de l’époque, cette usine bien qu’ultramoderne, prévue pour répondre à un besoin de production en grande série n’était nullement conçue pour pouvoir résister à des bombardements aériens (DUBANT 2006, pages 67 à 75 et DUBANT 2018, pages 95 à 99 et JOANNE 2003 p. 48).

Le concept d’usines blindées en béton armé, capable de résister directement à des impacts de bombes d’aviation n’est apparu qu’en 1939 lorsque « Max Jacobson, professeur à l’Ecole Centrale des arts et manufactures et déjà Ingénieur-Conseil des Sociétés Nationales » de constructions Aéronautiques réalisa « une étude très détaillée, truffée de plans, d’abaques et de graphiques, titrée Défense des grandes usines contre les bombardements aériens. » (BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018, p. 20).

Cette note/étude rédigée en mars 1939 fut diffusée une première fois de manière restreinte et confidentielle. En novembre 1939 une deuxième édition remaniée fut éditée. Signée « Max Jacobson aux Armées »  et intitulée « Défense des grandes usines contre les bombardements aériens (2ème édition), Présidence des Sociétés Nationales de Constructions Aéronautiques, novembre 1939. » (In-4, 150 pages, 26 figures indexées), elle comporte en couverture la précision suivante : « il a été tiré de cette Note 300 exemplaires tous numérotés de 1 à 300« . Cette note intègre comme l’indique Max Jacobson en première page : « un certain nombre de renseignements supplémentaires, des résultats d’expériences et des exemples d’applications« . En page 1 de sa note de novembre 1939 Max Jacobson précise : « les grandes usines, en particulier, celles qui travaillent pour la Défense Nationale (usines d’aviation, d’armement, etc.) constitueront en temps de guerre, un objectif de première importance, pour l’aviation de bombardement ennemie. Il faut donc les protéger, tant en ce qui concerne le personnel, que le matériel de valeur… …rien ou presque rien n’a été fait et ceci pour deux raisons qui se complètent : l’absence de toute technique concernant la protection des grands bâtiments industriels contre les bombes et comme conséquence, l’ignorance des dépenses qu’il y aurait lieu d’engager, pour réaliser cette protection. Dans le doute les Industriels se sont abstenus. Le but de notre travail est d’exposer, de façon succincte, des éléments et des principes permettant la réalisation de la protection du personnel et du matériel de valeur dans les grandes usines. »

En page 2 Max Jacobson ajoute : « il ne saurait être question de protéger contre les bombes tous les bâtiments d’une usine, couvrant 20.000 ou 30.000 ou plus de m2 ; la dépense serait trop élevée. Nous estimons qu’il suffira de protéger une surface de bâtiment, permettant l’emplacement de tout le matériel de grande valeur de l’usine (machines spéciales, difficiles ou longues à remplacer, matières précieuses, produits finis, etc.). Cette surface ne dépassera pas, suivant l’usine et sa spécialisation, 15 à 20 % de la surface totale couverte. Cette surface, protégée, sera constituée, soit, par un ou plusieurs bâtiments des types standard, que nous décrivons plus loin, dans lesquels le travail s’effectue normalement, soit, en établissant dans des bâtiments, non protégés, une travée protégée, dans laquelle on peut travailler, où un « coffre-fort » dans lequel on emmagasine les matières précieuses, sans y travailler. En ce qui concerne le personnel, il sera entièrement protégé selon qu’il se trouve dans les bâtiments eux-mêmes protégés, ou selon que des abris spéciaux, tels que ceux décrits plus loin, auront été prévus pour lui, s’il travaille dans les ateliers non protégés. Il est bien évident, que si des abris naturels (grottes, carrières souterraines, etc.) existaient à proximité des usines, il conviendrait de les aménager (lumière, ventilation, téléphone, etc.) pour permettre l’envoi du personnel au moment des alertes. »
« Ces unités protégées dites « blindées », dont certaines devaient avoir une toiture plate « en dalle » et d’autres un recouvrement par voûte, étaient proposées en plusieurs versions pouvant, pour certaines, supporter les coups directs des bombes de 300 kg ou 1.000 kg sans trop de dégâts. » (BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018, p. 20 et 21).

Le 14 mars 1940 à l’occasion de l’audition au Sénat du ministre de l’Air (Guy La Chambre) par un comité secret, le ministre évoqua les sites industriels spéciaux en cours d’aménagement et donna des détails concernant les usines blindées ou Centrales sous voûtes en béton d’au moins 2 mètres d’épaisseur, précisant que 7 unités étaient en cours de construction, l’ensemble représentants 160 000 m2 de surface couverte. Le ministre indiqua que la décision d’entreprendre ce vaste programme avait été prise au cours de l’été de l’année 1939 (BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018, p. 27).

Ces sept unités présentées par ordre alphabétique sont les suivantes :

– Ambérieu-en-Bugey (Ain) Code : Centrale « A » S.N.C.A.S.E, pour la production du bombardier bimoteur LeO 451/455

– Châteauroux-Déols (Indre) Code : Centrale « C » S.N.C.A.S.O., pour la production du chasseur monomoteur MB 152/155

– Cravant-Vincelles (Yonne) Code : Centrale « V », S.N.C.A.S.E. pour la production du bombardier bimoteur LeO 451/455

– Evreux-Gauciel (Eure) Code : Centrale « E », S.E.C.M. pour la production du bombardier bimoteur Amiot 351/354

– Le Mans-Arnage (Sarthe) Code : Centrale « M », Gnome et Rhône, pour la production de moteurs

– Le Neubourg (Eure) Code : Centrale « L », S.N.C.A.M., pour la production du chasseur bimoteur Potez 670 et futur 700 ?

– Nevers-Fourchambault (Nièvre) Code : Centrale « N » S.N.C.A.C., au profit de S.E.C.M. pour la production du bombardier bimoteur Amiot 351/354 (BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018, p. 31).

Dans sa déposition en mai 1945 lors de l’affaire Bergeret, l’Ingénieur général Roos précise en évoquant la situation en 1939-1940 :

« Un nouveau programme devait être entrepris au début des hostilités par l’édification d’usines souterraines ou d’usines protégées. En ce qui concerne les premières, d’importantes réalisations furent entreprises dont quelques-unes purent être achevées (Messier à Saint-Cyr-en-Bourg (49), Gnome et Rhône à Saint-Mars-la-Pile (37), Thomson à Saint-Astier (24), etc.). Des usines bétonnées prévues pour le montage des cellules ne purent être achevées. Seule de ce genre fut terminée l’usine Gnome et Rhône, Boulevard Kellermann, construite par la firme Gnome et Rhône. » (Archives Nationales Microfilm 3W65 (film 1) – AFFAIRE BERGERET (4 dossiers) – Déposition de l’Ingénieur général ROOS le 14 mai 1945 (Joseph ROOS, quarante ans, ingénieur militaire de l’air) : L’effort de l’industrie aéronautique de 1938 à 1940 et ses résultats p. 11).

Pour avoir une idée de l’aspect qu’aurait dû avoir la Centrale blindée « C » (FIGURE n° 1), si elle avait été achevée, il suffit d’aller à l’est de l’Aéroport de Nevers Fourchambault (58), sur le territoire de la commune de Varennes-Vauzelles, pour y découvrir la Centrale blindée « N » (FIGURES n° 2 et 3). Le modèle de « SOUMISSION – Devis et Cahier des Charges » utilisé pour la Centrale « C » comme Châteauroux ayant été celui de la Centrale blindée « N », les deux édifices auraient forcément dû se ressembler. En ce qui concerne l’allure intérieure de la Centrale de montage blindée elle peut se deviner à travers les figures 4a page 27 et 4b page 29 de la Note de M Jacobson : « Défense des grandes usines contre les bombardements aériens (2ème édition), Présidence des Sociétés Nationales de Constructions Aéronautiques, novembre 1939 », représentant respectivement en coupe transversale et en coupe longitudinale ce que devait être ce type d’atelier protégé en voûte (FIGURES n° 4 et 5).
Un plan représentant en coupe transversale le projet de centrale de montage blindée de Cravant-Vincelles est également visible sur le site « http://www.aviatroglo.fr/Le-projet-Centre-V.html » http://www.aviatroglo.fr/Le-projet-Centre-V.html . (Association membre 2A)

FIGURE n° 2 – Centrale blindée « N » à l’est de l’Aéroport de Nevers Fourchambault (58), sur le territoire de la commune de Varennes-Vauzelles. La façade avant (Cliché Didier Dubant 2016).

FIGURE n° 3 – Centrale blindée « N » à l’est de l’Aéroport de Nevers Fourchambault (58), sur le territoire de la commune de Varennes-Vauzelles. La façade arrière (Cliché Didier Dubant 2016).

FIGURE n° 4 – Coupe transversale du modèle atelier protégé en voûte préconisé par Max Jacobson dans sa note : « Défense des grandes usines contre les bombardements aériens (2ème édition), Présidence des Sociétés Nationales de Constructions Aéronautiques, novembre 1939 », figure 4a p. 27 (collection Didier Dubant).

FIGURE n° 5 – Coupe longitudinale du modèle atelier protégé en voûte préconisé par Max Jacobson dans sa note : « Défense des grandes usines contre les bombardements aériens (2ème édition), Présidence des Sociétés Nationales de Constructions Aéronautiques, novembre 1939 », figure 4b p. 29 (collection Didier Dubant).

Le début des travaux de la Centrale « C » comme Châteauroux

Le 6 janvier 1940, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux, écrit au Ministre de l’Air Guy La Chambre : « la Compagnie Centrale d’Energie Electrique livrera le courant nécessaire à la force motrice et à l’éclairage de la Centrale « C ». Fréquence : 50 périodes, sous 15.750 volts, entre phases (plus ou moins 5 %) de tension » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41). Le marché avec la Compagnie Centrale d’Energie Electrique fut approuvé le 20 janvier 1940 par l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux. Il prévoyait la mise en place d’une ligne spécifique entre la R.N. 151 (la route Déols – Issoudun) et la route d’accès à la Centrale, parallèlement à la ligne principale d’éclairage (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Egalement daté du mois de janvier 1940, un courrier du ministère de l’Air révèle que l’entreprise « Levaux et ses fils » qui est chargée de la réalisation de la Centrale « C » rencontre d’importants problèmes de main d’œuvre :

« 29 janvier 1940. Le ministère de l’Air à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Département de l’Indre à Châteauroux. Suite aux décisions prises lors de la conférence du 20 janvier 1940, j’estime qu’il y a lieu de supprimer le risque d’un arrêt momentané ou partiel des travaux de construction du Centre « C » en prescrivant la réquisition collective du personnel et du matériel de l’entreprise « Levaux et ses fils » chargée d’en assurer l’exécution. L’affichage, de la décision, le 30 janvier 1940, sur le chantier, est demandé. »
(Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

31 janvier 1940 : pour le Centre industriel aéronautique « C » comme Châteauroux, le modèle de « SOUMISSION – Devis et Cahier des Charges » utilisé est celui des « TRAVAUX DE CONSTRUCTION DE LA CENTRALE N » établi par le « Service des Ponts et chaussées du Département de la Nièvre », c’est-à-dire celui de la centrale de Nevers – Fourchambault (modèle portant la date du « 24 janvier 1940 – ministre de l’air : Guy la Chambre »). Selon ce document à Nevers le titulaire du marché est « Pierre CHAUFOUR, agissant en qualité d’Administrateur Délégué de la Société DUMEZ, 5, rue de Prony à Paris » qui s’engage « à exécuter les travaux de construction de la Centrale N, ainsi que les terrassements nécessaires à l’établissement de l’embranchement particulier destiné à desservir la Centrale ». L’article 3, permet de se faire une idée de ce qui aurait dû être réalisé à Châteauroux, sur le modèle de ce qui fut édifié à Nevers-Fourchambault :

« Consistance des ouvrages – 1° Centrale – La Centrale comprend essentiellement une grande voûte en béton armé protégeant des planchers en béton armé. La voûte compte des retombées avec semelles en béton armé étudiées en principe pour un sol résistant en toute sécurité à 4 kg par cm2. Il en est de même pour les semelles de fondations du plancher haut du sous-sol. Des sous-fondations supplémentaires en gros béton seront à prévoir si la nature du sol l’exige, de manière à réduire la pression sur le sol à un taux capable d’être supporté en toute sécurité. Des armatures formant tirant seront noyées dans le dallage du sous-sol. La voûte ainsi que les murs pignons sont en gros béton armé, le ciment étant du ciment artificiel à prise lente. Les planchers, piliers et semelles de fondations sont en béton de gravillon armé, le ciment étant également du ciment artificiel à prise lente. Les massifs de sous-fondations sont en gros béton au ciment de laitier. Ces massifs peuvent recevoir quelques armatures ou chaînages formés de grosses barres espacées. Les ouvrages comprennent également les portes blindées dont les dispositions définitives seront arrêtées après étude de détail, et tous travaux accessoires d’aménagement suivant les indications qui seront données par l’Administration… …Des monorails, ponts-roulants, etc… pourront exister dont les conditions de surcharge seront fixées au fur et à mesure de l’étude de détail. L’entreprise devra demander à l’administration et en temps utile tous renseignements à cet égard. Il en est de même pour tout ce qui concerne l’aménagement intérieur ainsi que les portes blindées, les passages de camions ou wagons dans certaines travées, etc… …En outre, pour tenir compte des effets des bombes, les ouvrages devront être calculés de manière à résister à des efforts correspondant aux hypothèses suivantes :

1°/ – effort de poinçonnement de 2.000 T. en un point quelconque de la voûte, avec direction de 0 à 30° sur la verticale. Effort de poinçonnement horizontal de 500 T. en un point quelconque des pignons verticaux

2°/ – moment fléchissement positif de 500 T. par mètre courant en un point quelconque de la voûte tant dans le sens des génératrices que dans celui des directrices. Dans les mêmes conditions, moment fléchissement négatif de 200 T. par mètre courant. Pour ces deux hypothèses, les fatigues doivent être inférieures aux fatigues de rupture, compte tenu des fatigues supplémentaires dues aux charges et surcharges normales existantes

3°/ – effet de souffle de 10 T. par m2 sur les pignons et les portes. Pour cette 3ème hypothèse, les fatigues ne doivent pas dépasser les fatigues normales fixées par les règlements. La voûte à deux mètres d’épaisseur. Les armatures de la voûte sont constituées par un quadrillage d’armature d’intrados et un quadrillage d’armatures d’extrados, ces deux quadrillages étant réunis par des étriers. Les quadrillages sont constitués, en principe, par des rails et les étriers par des aciers ronds ». A la fin le document porte la mention « le 24 janvier 1940, le Ministre de l’Air : Guy la Chambre ». (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Au problème du manque de main d’œuvre qui pénalise l’avancement des travaux, s’ajoute les mauvaises conditions climatiques :

“16 février 1940. Le ministère de l’Air à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux. En ce qui concerne les périodes de gelée qui se sont prolongées sur le chantier près de cinq semaines retardant l’exécution des travaux. Est considéré comme normal une perte de temps de trois semaines comme cas de force majeur ce qui proroge d’autant le délai imparti à l’entrepreneur. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Il faut aussi s’occuper du logement des ouvriers qui participent à la construction de la Centrale « C ». Le 26 mars 1940 : rapport de l’ingénieur des T.P.E. subdivisionnaire. Par dépêche ministérielle n° 0131/DTI/III/3 du 16 janvier 1940 le ministère de l’Air a décidé d’inclure dans le programme des travaux du Centre Industriel “ C ” la construction de baraques, type amélioré, pour le logement des ouvriers appelés à travailler dans la Centrale. L’emplacement choisi pour la construction de ces baraques est situé à 1.200 m environ de l’aérodrome de part et d’autre du chemin rural de Châteauroux à Issoudun qui va être amélioré, goudronné et porté à quinze mètres de largeur par voie d’alignement. Ordre est donné. Il faut procéder aux acquisitions. Transmis à Châteauroux pour avis conforme le 26 mars 1940. (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE. 17590).

Le 2 avril 1940. L’Ingénieur en chef (des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux écrit) au chef de Gare de Châteauroux : « Monsieur le chef de Gare, L’entreprise Levaux adjudicataire des travaux de construction de la Centrale « C » doit décharger en gare de Châteauroux, les wagons de matériaux provenant des carrières de Diénat (Allier), Fort du Temple (Creuse), Saint-Sauves d’Auvergne (Puy-de-Dôme) et Argenton-sur-Creuse (Indre) dont le transport sera pris en charge par l’Etat (ministère de l’Air). Je vous serais obligé de bien vouloir faciliter à l’entreprise le déchargement de ces wagons expédiés au service des Ponts et Chaussées du département de l’Indre (Centrale « C ») Simplement de vérifier le tonnage des wagons non précisés et par pesée. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Le 4 avril 1940 l’ingénieur en chef (des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux précise)  au chef de Gare de Châteauroux : « transport par fer à petit vitesse des matériaux de voirie (cailloux, filler (un granulat fin), graviers, pierres à macadam, sable). » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Le 25 avril 1940 un courrier du ministre (de l’Air) à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre – Châteauroux annonce à celui-ci qu’il approuve le projet de marché définitif avec l’entreprise “Levaux et fils ” : « Travaux à l’entreprise : 36.000.000, somme à valoir : 1.000.000, transport par fer : 3.000.000. Total : 40.000.000. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Le vendredi 10 mai 1940, « c’est à l’aube, vers cinq heures sur un ciel sans nuage, que le rideau se lève. La Luftwaffe entre la première en scène. Par groupes de six à dix avions, généralement en vol rasant, elle attaque nos terrains à la bombe et à la mitrailleuse. » (ASTIER DE LA VIGERIE 1952, p. 83).

L’offensive allemande n’empêche pas la poursuite du projet d’édification de la Centrale « C ».
Le 16 mai 1940, un courrier concerne l’alimentation en énergie électrique de la centrale, la transformation de fournitures et des installations adjointes : transformateur AC E1E2 et groupe électrogène ACI E1E2. (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

« Conférence de coordination du 18 mai 1940 à 9h30. Présents : Mr. Romulldo représentant Mr. Levrier de la S.N.C.A.S.O. Mr. Griveau D. l’ingénieur des Ponts et Chaussées était absent. Appareils de levage, ponts. La S.N.C.A.S.O. présente une demande de modification des appareils de levage et de manutention. En raison de l’organisation projetée pour ses chaînes de montage elle envisage la suppression de deux ponts plate-forme sur quatre, l’établissement de quatre ponts roulants de deux tonnes au rez-de-chaussée, quatre au premier étage et d’un dispositif de monorail à tous les étages sur un tracé très différent de celui prévu. Le capitaine Brurt fait observer qu’en principe toutes les Centrales suivent un standard et que les commandes ont été passés. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Entretemps, le 21 mai 1940 en fin de journée, vers 20h40, c’est l’usine d’aviation de la S.N.C.A.S.O. à Châteauroux-Déols qui est attaquée par un bimoteur allemand (qui lâche 7 bombes explosives de 50 kg sans causer de véritables dégâts – DUBANT 2006 A, p. 82). La Centrale « C » n’est pas menacée. Le 18 juin 1940 : vers 17h30, les installations de l’usine d’aviation de la S.N.C.A.S.O. à Châteauroux-Déols subissent un mitraillage par des chasseurs monomoteurs allemands appartenant au Jagdgeshwader 1 «Oesau ». Pendant la seconde passe de mitraillage deux pilotes du 2./JG 1 du Stab I./JG1 (le sergent Fritz STAHN né le 3 février 1918 – 22 ans – à Leisnig et l’unteroffizier Hans BRANDT né le 27 février 1915 – 25 ans – à Gadeland) qui avaient décollé le matin d’un terrain provisoire près d’Auxerre, se percutent en vol. Leurs appareils des monomoteurs Messerschmitt Bf 109 s’abattent en flammes au nord de l’usine sur le territoire de la commune de Coings, entraînant la mort des deux pilotes (DUBANT 2013, p. 102 et 40).

Juin 1940, l’arrêt des travaux de construction de la Centrale « C »

Au moment de l’armistice de juin 1940, seules les fondations de la Centrale blindée « C » semblent avoir été réalisées. C’est du moins ce que laisse entendre une photographie aérienne verticale en noir et blanc du site, prise par la R.A.F. le « 18.6.41 » (ce cliché est visible dans BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018 p.32 sous le titre : « Centrale « C » de Châteauroux-Déols » et sur internet dans un extrait du même ouvrage accessible par le lien : « https://www.avionsbateaux.com/uploads/attachment/produit/produit_3492_5d59ccb43461db44f0b0c35bc300600b.pdf »

Sur ce cliché, à l’est des bâtiments de l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols (qui sont disposés selon un axe sud-ouest nord-est parallèlement à la R.N. 20), au-delà du champ quadrangulaire d’aviation (dont l’herbe apparaît en sombre, sauf une bande oblique), apparaît en blanc la forme rectangulaire de l’emplacement terrassé de l’usine blindée (le substrat calcaire tranche par sa couleur blanche par rapport aux surfaces environnantes).
Au nord-est et surtout au sud-est de la zone rectangulaire, d’autres surfaces blanches correspondent à des espaces secondaires perturbés par les travaux. Ces espaces devaient entre autres recevoir à terme le réfectoire et les vestiaires, ainsi que la voie ferrée de raccordement de la Centrale « C » à la ligne Paris à Toulouse (qui passe plus à l’est en dehors des limites du cliché).
L’emprise de la Centrale « C », plus précisément de l’usine blindée, est conforme à ce que l’Ingénieur Ordinaire Griveaud avait annoncé dans son rapport du 19 décembre 1939 : les fondations ont bien été réalisées à l’Est et à la lisière du champ d’aviation, c’est-à-dire à un kilomètre à vol d’oiseau et perpendiculairement au grand axe sud-ouest nord-est des bâtiments de l’usine d’avion de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols. Si l’on compare aux dimensions des bâtiments de l’usine d’aviation visibles plus à l’ouest la forme rectangulaire terrassée pour la centrale blindée semble approcher les 130 mètres de long pour 60 mètres de large.

Un courrier de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre à Châteauroux légèrement antérieur donne de précieuses informations sur l’état d’avancement de la construction de la Centrale « C » après la défaite de juin 1940 et évoque une possible nouvelle destination pour construction inachevée :

« Châteauroux, le 27 novembre 1940. L’ingénieur en chef à Monsieur le Secrétaire d’Etat à l’Aviation (Jean Bergeret). Service de l’Infrastructure. CABINET. VICHY. J’ai l’honneur, comme suite à votre dépêche n° 1377 SI/Cab. du 14 octobre 1940, transmettant une instruction 10.744 SI/Cab. du même jour :

1/ de vous adresser une note de l’Inspecteur d’Arrondissement Ouest, relative au chantier Willème (la décision du ministre de l’Air Guy La Chambre, de faire construire par l’entreprise Girault et Desbarres d’Argenton-sur-Creuse (36), non loin du château de Chabenet qui était à l’époque la propriété de Louis Marius Willème, un ensemble industriel dénommé le « Centre Aéronautique de Chabenet », comprenant quatre blocs ateliers et un hall de traitements thermiques pour les établissements Willème de Nanterre fut enregistrée à la Préfecture de l’Indre le 6 janvier 1940 – Archives Départementales de l’Indre cote 882W228). Je ne puis qu’adopter les conclusions de cette note et je demande l’autorisation d’engager une dépense de 310.000 francs, car les travaux du bâtiment des traitements ne doivent pas être poursuivis. Dans la négative, les mesures conservatoires des installations qui ne doivent pas être achevées coûteront environ 50.000 F. Il est en définitive essentiel que je connaisse la suite donnée à mon rapport du 21 septembre 1940. J’ajoute que le propriétaire du terrain. M. Fauduet, désire être fixé sur les intentions de l’Administration. Il a fait une démarche auprès de M. le Préfet dans ce but. La question de la levée totale ou partielle de la réquisition est traitée dans le rapport du 17 octobre 1940

2/ de rendre compte que les mesures conservatoires à prendre pour le chantier industriel C à Déols sont fonction de la décision qui sera prise au sujet de la reprise et de la transformation des travaux. J’attends une demande ferme du service du Ravitaillement Général et de la Direction des Services agricoles pour la continuation de la centrale C en vue du stockage des céréales. J’ajoute que les fers mis en œuvre sont des rails ou des aciers ronds de 40 qui ne craignent rien, quelques poteaux sont commencés et contiennent des aciers de plus faible diamètre. Je fais prendre les mesures conservatoires prévues. La dépense est négligeable. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074 W142).

Les travaux de la Centrale blindée « C » ne se sont donc pas limités au simple terrassement à cinq ou six mètres de profondeur, la semelle des fondations en béton de gravillon armé, du sous-sol à été réalisée, ainsi que les semelles en béton armé des retombées des voûtes, puisque les premiers piliers (poteaux) ont été commencés.

Un autre document révèle qu’en 1941 les travaux de raccordement au site de la Centrale « C » furent poursuivis. En effet par arrêté du Préfet en date du 22 janvier 1941 la Société des Travaux Routiers du Centre, titulaire des travaux de fourniture de ballast calcaire pour le raccordement de la voie ferrée de la Centrale “ C ” est autorisée à occuper pendant l’année 1941 la parcelle de terre de la commune de Châteauroux au lieu-dit le Moulin de Salles, n° 1.580 F de la série B. C’est une carrière au lieu-dit « Moulin de Salles ». But : la construction d’une voie de raccordement et d’une route d’accès par le Centre Industriel “ C ” à Châteauroux-Déols. L’extension de la carrière au lieu-dit le « Moulin de Salles » nécessite l’acquisition par l’Etat de terrains. Superficie : 5 ha 28 a 07 ca. (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590).

Le 22 avril 1941, le Secrétaire d’Etat à l’Aviation écrit à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de l’Indre. Objet : la résiliation et la liquidation de la commande passée par D. M. 1931 : DTI/III/3 du 15 mai 1940 aux établissements Nessi Frères en vue de l’aménagement de la ventilation mécanique dans la Centrale Blindée C, ayant fait l’objet du rapport du 25 janvier 1941. Le coût est passé de 39.600 F à 44.000 F (Archives Départementales de l’Indre Cote 1074W41).

Plus surprenant, lors de la séance extraordinaire du Conseil Municipal de la commune de Déols qui se déroule le 6 août 1942, sous l’autorité de Daniel Mardon maire, est évoquée une demande de l’usine d’aviation de Châteauroux-Déols :

“ Canalisation d’eau de la S.N.C.A.S.O. Mr. le Maire expose qu’il a été saisi par la S.N.C.A.S.O. d’une demande d’autorisation d’une canalisation d’eau reliant le château d’eau de la commune aux baraquements installés au lieudit “la Hache ” situé sur l’ancien chemin de Châteauroux à Issoudun. La S.N.C.A.S.O. prendrait à sa charge les frais d’installation de cette conduite qui resterait la propriété de la commune. Le Conseil décide d’accorder cette autorisation et désigne Mr. Gaillardin ingénieur-conseil à Bourges pour étudier les intérêts de la commune dans l’organisation, l’installation et la signature du contrat avec la S.N.C.A.S.O. » (Mr. Dessauvages étant l’architecte de la S.N.C.A.S.O. chargé de l’affaire : p. 130) ”. Les baraquements installés, entre la Centrale « C » alors qu’elle était en cours de construction et l’agglomération déoloise sont donc toujours fonctionnels.

L’évolution de la situation après l’occupation de la zone libre

Le 11 novembre 1942, les forces armées allemandes envahissent la zone non occupée et s’installent à nouveau dans le département de l’Indre. Le 25 mars 1943, le Rüstungskontrollinspektion, c’est-à-dire l’Inspection allemande de contrôle des Industries de Guerre, installée à Bourges (Cher) se préoccupe de la présence d’un dépôt de fer à béton et de matériel ferroviaire près de « ROZIER » (le lieu-dit Rosier se trouve dans le département de l’Indre, le long de la RN 151, sur le territoire de la commune de Montierchaume à 1.500 mètres au sud-est de la Centrale « C »).

Le 4 mai 1943, depuis Vichy, « Le Secrétaire Général près LE CHEF DU GOUVERNEMENT. Direction des Services de l’Armistice. Hôtel Thermal » répond à « Monsieur l’Ingénieur Principal MALCUIT. Chef du Détachement de liaison auprès de l’Inspection allemande de contrôle des Industries de Guerre à BOURGES » :

1. en réponse à votre lettre de référence, j’ai l’honneur de vous faire connaître que le matériel visé par la note 9830/43 de la R.K.I. était destiné à la construction d’une centrale C, d’un atelier de construction de moteurs d’avions, pour le compte de la Direction de l’Infrastructure, service civil du Département de l’Air

2. au moment de la mise en place, il appartenait à l’entreprise LEVAUX, chargée de la construction. Celle-ci n’ayant pu être réalisée par suite des évènements, la Direction précitée a acquis les fers ronds, quant au matériel d’entreprise destiné à l’exécution des travaux il est resté propriété de la Société LEVAUX

3. la direction de l’Infrastructure, organe purement civil n’employant que du personnel civil, est chargée de l’exécution de tous les travaux pour le compte de l’aviation aussi bien civile que militaire. Seule, la destination des travaux entrepris confère un caractère civil ou militaire. 4° dans le cas présent, la Direction de l’Infrastructure a destiné le matériel à l’Etablissement de Recherches Aéronautiques à TOULOUSE, pour des besoins purement civils. Ce matériel ne peut donc être considéré comme butin de guerre, n’ayant été à aucun moment, comme il est dit ci-dessus, propriété militaire. » (Archives Nationales AJ 41/1460).

Le 11 mai 1943, le Détachement de liaison de Bourges fait connaître que l’inspection allemande de Contrôle de Bourges demande la cession à titre onéreux de la totalité du matériel (fers à béton et matériel d’entreprise) déposé près de Rosier (Archives Nationales AJ 41/1460). Le 3 juin 1943, depuis Vichy, « Le Secrétaire Général près LE CHEF DU GOUVERNEMENT. Direction des Services de l’Armistice. Hôtel Thermal » répond à « Monsieur l’Ingénieur Principal MALCUIT. Chef du Détachement de liaison auprès de l’Inspection allemande de Contrôle des Industries de Guerre à BOURGES » :

1. par lettre n° 1100 du 11 mai (1943) vous avez bien voulu me faire connaître que la Rü.K.I. de Bourges demandait la cession à titre onéreux de la totalité du matériel d’entreprise entreposé à Rozier. Ce matériel appartient partie à la Direction de l’Infrastructure (ronds à bétons et rails), partir à la Société LEVAUX (bétonnières, grues de construction, matériel de voie, etc…), comme vous l’a précisé ma lettre 7099/DSA/8 du 4 mai (1943)

2. j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir faire savoir verbalement (sous réserve de confirmation écrite) à l’Inspection de BOURGES, que :

a/ la Direction de l’Infrastructure ne peut envisager la cession des rails dont elle va avoir incessamment le plus impérieux besoin pour terminer l’embranchement particulier de l’Usine de Déols de la S.N.C.A.S.O.

b/ le reste du matériel d’entreprise appartenant à la Société LEVAUX ne paraît pas pouvoir faire l’objet d’une cession si l’on s’en rapporte aux déclarations qui ont été faites au début d’avril, par la Société, au Capitaine DITTMANN du W.E.K.9 qui désirait acquérir le matériel pour le compte d’un organisme allemand – il a été en effet répondu que le matériel n’était pas à vendre et que la Société en aurait prochainement l’emploi sur ses chantiers

c/ au cas où la Rü.K.I. désirerait néanmoins reprendre avec la Société LEVAUX la demande de cession déjà formulée auprès de celle-ci, il lui serait loisible de prendre contact avec le Siège social qui est à Paris (Société LEVAUX et ses fils, 5 et 7 rue de Tilsitt – PARIS (17e arrondissement)),

d/ si au cours de l’entretien vous constater que la réponse des Services français risque d’avoir des suites fâcheuses telles que la réquisition pure et simple du matériel vous voudrez bien signaler à la Rü.K.I. que cette réponse n’est toutefois pas entièrement négative et que la Direction de l’Infrastructure serait disposée à céder les ronds à bétons façonnés ou d’un diamètre supérieur à 20 m/m. » (Archives Nationales AJ 41/1460).

L’entretien du site implique aussi la mise en place de plusieurs baux. « A Châteauroux, le 5 mai 1943. Base de CHATEAUROUX-DEOLS Location des terrains non affectés du Centre Industriel C. Rapport de l’Ingénieur des T.P.E. Subdivisionnaire. L’Etat Français (Direction de l’Infrastructure) dispose sur la Commune de COINGS de terrains non encore affectés, qui ont été achetés pour la construction du Centre Industriel C et qui sont destinés à l’extension de l’aérodrome de Châteauroux-Déols. Cette extension n’étant pas réalisable actuellement, nous avons laissé à la culture et, en principe, aux exploitants, tous les terrains disponibles. Nous avons à cet effet, fait souscrire par les intéressés des projets de bail qui comportent tous une clause de résiliation immédiate, sans préavis et sans indemnité de quelque nature qu’elle soit. En raison de cette clause restrictive extrêmement sévère, nous avons consenti des prix de location sensiblement inférieurs à ceux pratiqués dans la région. Nous transmettrons à la signature de M. l’Ingénieur en Chef des Ponts et chaussées et de M. le Directeur des Domaines, et à l’approbation de M. le Préfet de l’Indre, les trois projets de bail ci-joints concernant :

1/ la location à M. REY-GUERIN du droit d’exploitation de l’oseraie située sur les anciennes parcelle n° 532 et 534 de la section B de Coings

2/ la location à M. REY-GUERIN du droit de culture de l’ancienne parcelle n° 533 de la section B de Coings

3/ la location à MM. PATRY et PERRIN du droit de pacage pour chèvres d’une zone de trois hectares de terrains impropres à la culture faisant partie de l’ancienne parcelle n° 535 de la section B de Coings. Vu et transmis avec avis conforme. CHATEAUROUX, le 10 Mai 1943. L’Ingénieur Ordinaire » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W231 : ancien ZE 17594).

A Châteauroux, le 8 mai 1943. SECRETARIAT D’ETAT à la DEFENSE Location des terrains non affectés du Centre Industriel « C ». Rapport de l’Ingénieur des T.P.E. Subdivisionnaire. « Par rapport n° 293 du 6 mai 1943, nous avons transmis trois projets de bail concernant la location de terrains non affectés du Centre Industriel « C ». Nous transmettons aujourd’hui à la signature de M. l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et de M. le Directeur des Domaines et à l’approbation de M. le Préfet de l’Indre, deux nouveaux projets de bail concernant :

1/ la location à M. RICHOUX du droit de culture d’une zone de 10 hectares de l’ancienne parcelle n° 535 de la section B de COINGS

2/ la location à M. RICHOUX du droit de pacage et de fauchage d’une zone de 6 hectares de l’ancienne parcelle n° 535 de la Section B de Coings. L’Ingénieur T.P.E. Signé : JEAN Vu et transmis avec avis conforme. CHATEAUROUX, 9 juin 1943 L’Ingénieur Ordinaire. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W231 : ancien ZE 17594).

Des régularisations foncières sont également effectuées:

« Vichy, le 17 avril 1943. Le Général de Brigade Aérienne, secrétaire général à la défense aérienne à Mr. le Chef de la section centrale d’acquisition n° 2 Lyon. Aimerait qu’il approuve les plans et états parcellaire joints et demande d’entamer des négociations avec les propriétaires. » Signé : « LEMAIRE le directeur de l’Infrastructure pour le secrétaire général à la Défense aérienne » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590).

« Mémoire présenté par Mr. le secrétaire général à la Défense aérienne relatif à l’expropriation d’un terrain appartenant à la Société des Immeubles de Beaumont sur le territoire de la commune de Montierchaume. Par ordonnance en date du 20 mai 1943 rendue par le juge faisant fonction de président du tribunal civil de Châteauroux, l’expropriation d’une parcelle de terrain sise commune de Montierchaume et appartenant à la Société des Immeubles de Beaumont a été ordonnée pour cause d’utilité publique et pour besoin de l’Industrie Aéronautique. … pour affectation des travaux nécessaires à la construction de l’établissement de la voie ferrée reliant le Centre Industriel “ C ” à la ligne Paris-Toulouse, par décision en date du 17 avril 1943 le ministère de l’Air prescrivant l’acquisition des terrains nécessaires : 38 parcelles appartenant à des propriétaires différents. Règlement amiable pour 37 sauf le n° 3 de la Société des Immeubles de Beaumont, terrain qu’elle a acquis le 3 mai 1941. Superficie 104 a 22 Proposé 5.723F60. L’administration condamne la Société aux dépens. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590).

Dans le même temps est mené l’acquisition par expropriation des terrains où se trouvaient les baraquements des ouvriers ayant participé à la construction de la Centrale « C »:

« Mémoire présenté par Mr. le secrétaire général à la Défense aérienne relatif à l’expropriation d’un terrain appartenant à Mr. l’abbé Gillet sur le territoire de la commune de Déols. Par ordonnance en date du 20 mai 1943, l’expropriation d’un terrain appartenant à Mr. l’abbé Gillet, terrain sis à Déols, nécessaire à la construction des baraques de “ La Hache ”, a été ordonnée. Ce terrain a une superficie de 2a57. Une somme de 1.233F60 est proposée par l’administration. La commission juge cette offre suffisante et condamne l’abbé Gillet aux dépens. » (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590).

La liste des personnes expropriées est publiée dans le journal local « Le Département » du mercredi 30 juin 1943. Le motif indiqué est :  « expropriation pour cause d’utilité publique des terrains nécessaires à la construction de maisons ouvrières dites « Baraques de la Hache » commune de Déols ».

La Centrale « C » est également visible sur plusieurs clichés verticaux noir et blanc pris par les avions de reconnaissance photographique du 540 Squadron de la Royal Air Force : le 29 janvier 1944 (les clichés 4218 et 4219 – J/165 540 Sqdn 29JAN44 // F/36), le 23 mai 1944 et le 27 mai 1944.
Les clichés du 23 mai 1944 (3001 US 7GR 1519 23 AY44 F24//27.500 22 SQ) et du 27 mai 1944 (3354 106G.535.27.MAY.44.F/36//540 Sqdn et 4354 106G.535.27.MAY.44.F/36//540 Sqdn – National Collection of Aerial Photography) montrent par ailleurs que le bombardement effectué en douze passages par trente Lancaster de la R.A.F. dans la nuit du 10 au 11 mars 1944, s’est concentré sur les bâtiments de l’usine d’aviation S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols édifié le long de la R.N. 20 à partir de 1936 et sur la piste en herbe (DUBANT 2011 A, p. 45 et 46) utilisée à l’époque par les élèves de l’école d’aviation allemande la Jadfliegerschule 103 (Escadre de Chasse 103) installée sur la base voisine de Châteauroux – La Martinerie. L’emplacement de la Centrale « C » dont la construction avait été abandonnée en 1940 a été totalement épargné.
Analyse détaillée des photographies : la qualité de ces clichés permet de constater que le pignon ouest de la centrale blindée comportait à ses extrémités nord et sud un net empattement. L’ombre portée confirme la profondeur de 5 ou 6 mètres. Elle permet d’identifier plusieurs partitions internes à celle-ci. Au nord-est et à l’est de la grande structure, plusieurs installations (des baraquements à couverture à deux pans et pour d’autres bombées) et équipements de chantier sont visibles.

FIGURE n° 6 – Dans le cercle de gauche, l’usine d’aviation de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols et les traces laissées sur la piste par les impacts de bombes lâchées par trente Lancaster de la R.A.F. dans la nuit du 10 au 11 mars 1944. Dans le cercle de droite l’emplacement de la Centrale « C » dont la construction avait été abandonnée en 1940 a été totalement épargné (D.A.O. Didier Dubant 2019 sur la base d’une photographie verticale prise le 27 mai 1944 Réf. : 3354 106G.535.27.MAY.44.F/36//540 Sqdn – National Collection of Aerial Photography).

 

Le plan d’Aérodrome de la fiche « CHATEAUROUX-DEOLS » de l’Atlas aéronautique du ministère de l’Air dans sa version de juillet 1946 comporte une représentation simplifiée de la Centrale « C » sous une en T tournée vers l’ouest et comportant en légende « Centrale Munitions ». A deux kilomètres au sud-est les baraquements qui avaient été édifiés pour les ouvriers portent la dénomination « la Hache ».

FIGURE n°7 – Le plan d’Aérodrome de la fiche « CHATEAUROUX-DEOLS » de l’Atlas aéronautique du ministère de l’Air dans sa version de juillet 1946 comporte une représentation simplifiée de la Centrale « C » sous une forme en T tournée vers l’ouest et comportant en légende « Centrale Munitions ». A deux kilomètres au sud-est les baraquements qui avaient été édifiés pour les ouvriers portent la dénomination « la Hache » (collection privée).

Sur le plan d’Aérodrome de la fiche « CHATEAUROUX-DEOLS » de l’ « ATLAS DES AERODROMES – FRANCE METROPOLITAINE » du ministère des travaux publics et des transports, secrétariat général à l’aviation civile et commerciale, section des constructions aéronautiques dans sa version de juillet 1947 la « Centrale Munitions » est rebaptisée « Carrière ».

FIGURE n° 8 – Sur le plan d’Aérodrome de la fiche « CHATEAUROUX-DEOLS » de l’ « ATLAS DES AERODROMES – FRANCE METROPOLITAINE » du ministère des travaux publics et des transports, secrétariat général à l’aviation civile et commerciale, section des constructions aéronautiques dans sa version de juillet 1947 la « Centrale Munitions » est rebaptisée « Carrière »
(collection Didier Dubant).

 

L’acquisition des terrains liés à l’implantation de la Centrale « C » en 1948

1948, le 22 avril, 9h30. Utilité publique, acquisition des terrains situés sur les communes de Déols et de Coings nécessaires à l’extension du Centre Industriel “ C ” Châteauroux-Déols et à la construction d’une route sud partant de la Pièce des buissons pour aboutir à la R.N. 20. (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590).

Le 30 avril 1948 : extrait des minutes du greffe du tribunal civil de Châteauroux. Procès-verbal de la commission arbitrale d’évaluation (Archives Départementales de l’Indre Cote 882W227 : ancien ZE.17590). Sur un plan de « SITUATION DOMANIALE (TERRAINS) » de la « S.N.C.A.S.O. USINE DE DEOLS », référencé « 2bis », vraisemblablement réalisé en juillet 1949 par le « MINISTERE DE L’AIR. Service Production Aéronautique. Moyens Industriels » la Centrale « C » est dénommée : « USINE BLINDEE ABANDONNEE ». La symbolique utilisée est la même forme en T tournée vers l’ouest que celle figurée sur le plan d’Aérodrome de 1946. Ce plan permet de discerner les terrains relevant de la S.N.C.A.S.O. de ceux acquis par l’Etat. Ceux relevant de la S.N.C.A.S.O. recouvrent 156 hectares 88 ares 43 centiares. Ceux relevant de l’ETAT recouvrent 51 hectares 44 ares 10 centiares. C’est dans la parcelle n° 535, sur la commune de Coings, qu’est figurée la Centrale « C ».

FIGURE n° 9 – Sur un plan de « SITUATION DOMANIALE (TERRAINS) » de la « S.N.C.A.S.O. USINE DE DEOLS », référencé « 2bis », vraisemblablement réalisé en juillet 1949 par le « MINISTERE DE L’AIR. Service Production Aéronautique. Moyens Industriels » la Centrale « C » est dénommée : « USINE BLINDEE ABANDONNEE ». Ce plan permet de discerner les terrains relevant de la S.N.C.A.S.O. de ceux acquis par l’Etat. Ceux relevant de la S.N.C.A.S.O. recouvrent 156 hectares 88 ares 43 centiares Ceux relevant de l’ETAT recouvrent 51 hectares 44 ares 10 centiares. C’est dans la parcelle n° 535, sur la commune de Coings, qu’est figurée la Centrale « C » (collection privée).

Cette partition se retrouve sur la carte qui accompagne «l’ Atlas DGAC des terrains d’aviation de France Métropolitaine 1919-1947». Par contre le texte d’accompagnement pour Châteauroux-Déols, est à prendre avec beaucoup de de précautions dans la mesure où il comporte pour le « centre industriel C » certaines imprécisions et erreurs (Consultable sur le site https://www.anciens-aerodromes.com/?p=29339).

Les vestiges de la Centrale « C » sont encore parfaitement visibles sur le cliché IGN n° 166 de la mission du 1er mai 1950
(https://remonterletemps.ign.fr).

La disparition des vestiges de la Centrale « C » pendant les travaux d’aménagement américains en 1951-1952

Suite à la signature le 27 février 1951 d’un “Accord entre le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique au sujet de la création d’un Entrepôt de matériel aéronautique à Déols La Martinerie ” par Alexandre Parodi et David Bruce, en août 1951, les forces armées américaines prennent officiellement la direction de l’usine de l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols et récupèrent l’emprise de la base de Châteauroux La Martinerie (DUBANT 2008 p. 33).

Dès le mois d’octobre 1951 les américains commencent la réalisation d’une piste en béton à l’emplacement du champ d’aviation qu’utilisait l’usine de la S.N.C.A.S.O. de Châteauroux-Déols.

FIGURE n° 10 – La construction de la piste en béton de l’aérodrome américain de Châteauroux-Déols en 1952 par l’entreprise Valbi-Mosec de Paris (collection Didier Dubant)

Un plan conservé dans la cote 1074W92 des Archives Départementales de l’Indre intitulé « Ministère des Travaux Publics des transports et du Tourisme. Secrétariat Général à l’aviation Civile et Commerciale. Direction des Bases Aériennes. Pont et Chaussées – Département de l’Indre – Arrondissement de l’Est. Aérodrome de Châteauroux-Déols. Avant-Projet. Plan d’ensemble des Installations Echelle 1/2.000 n° 1 VALBI-MOSEC »  révèle que pendant les travaux de réalisation de la piste en béton le « Parc à Matériel » avec les bureaux, le laboratoire, l’infirmerie, le magasin et le château d’eau était installé juste au nord de l’emplacement des vestiges de la centrale « C » qui porte sur le plan l’indication « Réserve d’eau (Fouille de l’usine) ». L’eau avait envahi l’excavation !

La piste en béton « de l’aérodrome américain de Déols » est mise en service le 15 septembre 1952 (DUBANT 2008 p. 35). Les vestiges de la Centrale « C » disparurent quasi complètement lors de ces gigantesques travaux. Ils sont devenus non discernables sur le cliché IGN n° 119 de la mission du 4 avril 1959
( https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=1.723342&y=46.854338&z=14&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.4965007 . L’emplacement de la Centrale « C » se trouve à l’intérieur des limites de l’actuel aéroport Marcel Dassault de Châteauroux-Centre, tout à côté de l’emprise du C2FPA (Centre Français de Formation des Pompiers d’Aéroport « https://www.c2fpa.fr/ » https://www.c2fpa.fr/).

Bibliographie et remerciements

ASTIER DE LA VIGERIE 2018 Astier de la Vigerie (Général F. d’.) – Le ciel n’était pas vide 1940, René Julliard, 1952, 261 pages.

BENOIST-MECHIN 2011 Benoist-Méchin (Jacques). – Soixante jours qui ébranlèrent l’occident. 10 mai – 10 juillet 1940, Robert Laffont, 2011, 1029 pages.

BOUVIER-BELLEVILLE et COUDERCHON 2018 Bouvier-Belleville (René). et Couderchon (Philippe). – Du Focke-Wulf 190 au NC 900 – Usines souterraines et blindées en France. Collection histoire de l’aviation n° 28. Editions Lela Presse 2018, 480 pages.

DUBANT 2006 A Dubant (Didier). – 50 ans d’aviation dans le ciel de l’Indre 1909-1959. Témoignages et récits, éditions Alan Sutton 2006, 169 pages. DUBANT 2006 B Dubant (Didier). – L’avionneur Marcel Bloch en Berry (1936-1940). In Cahiers d’Archéologie et d’Histoire du Berry n° 168, 2006, p. 19-28.

DUBANT 2008
Dubant (Didier). – Base américaine de Châteauroux-Déols 1951-1968, Provinces Mosaïques, éditions Alan Sutton 2008, 144 pages.

DUBANT 2011 A Dubant (Didier). – Ceux de l’usine d’aviation Bloch. Mémoire d’ouvriers dans l’Indre (1936-1951). Editions Alan Sutton 2011, 160 pages. DUBANT 2011 B Dubant (Didier). – Le travail du métal au sein des usines d’aviation : l’exemple de l’usine d’aviation Bloch/S.N.C.A.S.O. (1936-1951). Actes du 67e Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes du Centre de la France. In Bulletin des Amis de Montluçon. Société d’Histoire et d’Archéologie n° 62, 2011, pages 145-155.

DUBANT 2013 Dubant (Didier). – Châteauroux – La Martinerie. Histoire d’une base militaire dans l’Indre. Provinces Mosaïques. Editions Sutton 2013, 176 pages.

DUBANT 2018 Dubant (Didier). – L’Indre dans l’entre-deux-guerres. Editions Sutton 2018, 152 pages.

DUBANT 2018 Dubant (Liliane). –Le mystère du « Camp de la Hache » à Déols (Indre). In Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui n° 74, mars 2018, p. 6-8.

DUBANT 2019 Dubant (Liliane). –Le mystère du « Camp de la Hache » à Déols (Indre). Suite. In Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui n° ?, ? 2019, à paraître. JOANNE 2003 Joanne (Serge). – Le Bloch MB-152. Collection Histoire de l’Aviation n° 13. Editions Lela Presse, 2003, 545 pages. HENRY 2011 Henry (Adrien). – Un Meusien au cœur des deux guerres. Mémoire du colonel Adrien Henry – 1914-1918 et 1939-1945, Ysec Editions, 2011, 264 pages.