Kbely : un musée de l’aviation en République tchèque.

Créé en 1919 et premier aérodrome de la naissante Tchécoslovaquie, l’aérodrome de Kbely est situé à quelques kilomètres au nord-est de Prague. Il est actuellement toujours en activité et abrite un groupe de transport de l’armée de l’air tchèque. C’est également le site d’un musée de l’aviation ouvert au public depuis 1968 et qui offre une intéressante collection d’avions de transport, de chasseurs et d’hélicoptères, des années 1920 à nos jours. Comme nul ne l’ignore, l’histoire de cette nation ne fut pas à proprement parler un long fleuve tranquille et ce passé tumultueux se reflète assez bien au gré des allées empruntées par le visiteur…


L’entrée du musée de Kbely (Coll. Alain Graton)

La République tchèque est un tout jeune pays puisqu’il n’existe en fait que depuis 1993. Avant d’en arriver là, ce territoire a connu bien des évolutions depuis près d’un siècle. Créée de manière artificielle après la Première Guerre mondiale, la Première République tchécoslovaque regroupe comme son nom l’indique Tchèques et Slovaques, mais aussi, comme son nom l’indique moins, des populations allemandes, polonaises, ukrainiennes et hongroises. Vingt plus tard à peine, l’annexion des Sudètes (à population allemande) par l’Allemagne signe la fin de la Tchécoslovaquie. Il faut ensuite attendre 1945 pour qu’elle renaisse à peu près de ses cendres, amputée notamment de la partie ukrainienne annexée cette fois par le voisin russe. En 1948, le pays devient un satellite de l’Union soviétique et adhère au Pacte de Varsovie en 1955. Après le tragique Printemps de Prague en 1968, la Révolution de Velours de 1989 va mettre un terme à la présence soviétique en Tchécoslovaquie, aboutir à la scission du pays en 1993 et à l’entré de la République tchèque dans l’OTAN en 1999, puis dans l’Union Européenne en 2004. A la lecture de ce bref historique il est aisé de comprendre que le musée de l’aviation de Kbely peut offrir une certaine originalité dans l’éventail des appareils qui y sont exposés.

Il serait long et fastidieux de vouloir citer ici l’ensemble des appareils exposés à Kbely mais parmi ceux-ci figurent quelques « incontournables » de l’histoire de l’aviation de cette nation. C’est ainsi que l’on retrouve de vieilles connaissances d’origine française de l’entre-deux-guerres comme un Spad XIII et un Morane-Saulnier MS 230. La production nationale de cette époque est bien sûr largement mise en valeur et témoigne du dynamisme de l’industrie aéronautique tchèque :  Aero, Avia (un superbe chasseur B-534), Zlin…

Kbely présente également la particularité d’exposer deux exemplaires du biréacteur Messerschmitt Me 262. Ces avions sont en fait des Avia S.92 (monoplace) et CS-92 (biplace fabriqués localement à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et utilisés par les forces aériennes tchécoslovaques jusqu’en 1950 environ. Une douzaine de ces appareils auraient été construits à l’époque.


L’Avia S.92 monoplace (Coll. Alain Graton)

Les années 1950 à 1980 sont bien sûr fortement représentées par les productions soviétiques et de multiples types d’avions répondant aux doux patronymes de Soukhoï ou Tupolev, mais aussi par d’impressionnants hélicoptères comme le Mil Mi-24…Les pilotes tchèques ont combattu en nombre dans les rangs alliés durant la Seconde Guerre mondiale et c’est pour cette raison qu’un F-4 Phantom y a trouvé sa place. Celui-ci a en effet été offert au musée par la RAF, au début des années 1990, en hommage aux services rendus durant la guerre. On ne peut s’empêcher d’avoir ici une petite pensée pour les 113 pilotes tchèques qui ont aussi servi dans l’Armée de l’Air en 1940 et à leurs 78 victoires confirmées…


Un Mil Mi-24 (Coll. Alain Graton)

Selon la formule consacrée, le musée de Kbely vaut vraiment le détour, notamment pour son côté quelque peu atypique. Comme dans beaucoup d’autres musées, hélas, le matériel exposé à l’extérieur nécessiterait sans aucun doute un petit rafraîchissement, mais l’entrée est gratuite et l’on peut imaginer qu’un petit effort financier demandé au visiteur serait certainement le bienvenu pour entretenir cette riche collection…

Alain Graton (membre 2A) Juin 2017