Meaux-Esbly

PaysFrance
DépartementSeine-et-Marne
NomMEAUX - ESBLY
Autre appellationN/A
Commune (s)ISLES-LÈS-VILLENOY
Coordonnées48°55′37″N / 2°50′02″ E
OACILFPE
Situation5 km au SW de MEAUX
UtilisationAérodrome militaire 2eme GM puis civil
Autres rubriques

 

5ème publication de la Collection Aérodromes




  Depuis septembre 1939, Meaux-Esbly vit à l’heure de la ‘‘drôle de guerre’’ et abrite à présent une escadrille de chasse de nuit, le GCN I/13 qui compte onze bimoteurs Potez 631. Pilotes et mécaniciens ont pris peu à peu leurs quartiers dans la région et logent pour bon nombre chez l’habitant, à Esbly ou à Villenoy. Dès le début de l’offensive du 10 mai, le GCN I/13 va faire partie des unités aériennes chargées d’assurer la couverture du secteur, mais c’est en réalité six jours plus tard que le terrain de Meaux-Esbly va véritablement commencer à connaître ses premières heures de gloire.

Suite à la rapide avancée des troupes allemandes et aux bombardements intensifs de leur base, le groupe de chasse GC I/3 quitte Wez-Thuisy dans la Marne le 16 mai pour se replier en toute hâte sur Esbly. Ce groupe est l’un des maillons essentiels de notre jeune armée de l’air car c’est le premier à avoir été équipé du dernier-né de nos chasseurs de l’époque : le Dewoitine D.520. Ce monomoteur est l’un des rares avions français capables de se frotter à armes égales avec l’impétueux et omniprésent Messerschmitt Bf 109 de la Luftwaffe . Malheureusement pour nos pilotes, il n’y en eut guère que 36 exemplaires du D.520 effectivement opérationnels au matin du 10 mai 1940…

Dès leur arrivée à Meaux-Esbly, le premier danger que vont devoir affronter les 18 Dewoitine du GC I/3 est celui de leur vulnérabilité lorsqu’ils sont au sol. Le petit terrain d’aviation peut à l’évidence devenir une cible facile, et il faut impérativement répartir au mieux les D.520 et les Potez pour éviter toute nouvelle perte en cas de bombardement. Accentuant encore cette crainte, ce même jour 4 Potez 631 du GC I/16 rejoignent également la base d’Esbly portant ainsi le nombre total des appareils à plus d’une trentaine d’unités. Cette inquiétude est loin d’être sans fondement, et pas plus tard que le 18 mai, l’aérodrome subit deux raids de bombardiers allemands qui ne causent fort heureusement que très peu de dégâts.

Le lendemain après-midi, un nouveau groupe de chasse, le GC II/3 qui est équipé lui aussi de Dewoitine D.520, atterrit à Esbly pour venir renforcer le GC I/3. Mais du fait de la surcharge importante de l’aérodrome et des risques de destruction au sol, le groupe aérien juge préférable de repartir dès la fin de journée.

A partir du 21 mai, les pilotes de chasse de Meaux-Esbly vont effectuer de nombreuses missions sur les secteurs de l’Aisne et de la Somme, et deux d’entres-elles vont particulièrement marquer de leurs empreintes l’histoire de la « Bataille de France »…

La première va se dérouler le 23 mai lorsqu’un Bloch 174 du GR II/33 piloté par Antoine de Saint-Exupéry atterrit à Esbly. Le bimoteur, qui a pour mission d’effectuer une reconnaissance sur la région d’Arras, repart en milieu d’après-midi escorté par 5 chasseurs D.520 du GC I/3. Après avoir atteint avec succès son objectif, malgré le harcèlement de la DCA et de la chasse allemande, Antoine de Saint-Exupéry réussit finalement à regagner Orly, mais deux des Dewoitine de l’escorte sont descendus durant l’opération .

Le lundi 3 juin, un message d’alerte tombe brusquement en début d’après-midi sur Meaux-Esbly : « attaque massive des forces aériennes allemandes sur la région parisienne ». La Luftwaffe vient de déclencher l’opération ‘Paula’ et lance ses bombardiers et ses chasseurs à l’assaut de plusieurs sites stratégiques d’Ile de France. Le Bourget, Melun, Mantes, Creil, ainsi que les usines Citroën et Renault font partie des sites visés…

A 13 h 10, dix-sept Dewoitine D.520 décollent d’Esbly. Pour les pilotes du GC I/3, nettement en infériorité numérique, la bataille s’avère bien vite être très rude. Touché par un groupe de Messerschmitt 109, l’adjudant Vinchon s’écrase à Charmentray. Son corps sera inhumé le surlendemain dans le petit cimetière de la commune. Le sergent Robert succombe lui aussi à l’attaque d’un chasseur allemand et se tue en percutant le sol au lieu-dit ‘Les Trente Arpents’ à Favières. Seuls treize appareils vont finalement rentrer de cette mission.

Quelques jours plus tard, le 5 juin 1940 pour être précis, 25 nouveaux Dewoitine D.520 du groupe GC II/7 basé à Avelanges en Côte-d’Or sont envoyés à Esbly en fin de matinée pour venir renforcer à leur tour le GC I/3 qui a subi de lourdes pertes depuis le 14 mai. Peu après 15 h 00, un nouvel ordre de mission tombe brusquement sur les deux groupes de chasse. C’est le troisième de la journée pour les pilotes de Meaux-Esbly. Deux heures plus tard, un âpre combat aérien se déroule dans le ciel de Picardie : aux commandes de son Dewoitine D.520 n° 266 de la patrouille basse du GC II/7, le sous-lieutenant Pomier-Layrargues, qui vient de descendre un Messerschmitt Bf 109, se retrouve soudainement aux prises avec cinq autres chasseurs du même type. Mais après quelques minutes d’une lutte inégale, et sans doute à court de munitions, le pilote français finit par succomber sous le nombre et s’écrase à proximité de Beauvais après avoir envoyé au tapis un second chasseur à croix gammée.

Le sous-lieutenant français ne saura jamais que le premier avion qu’il venait d’abattre était piloté par l’un des plus grand as allemand de l’époque : le capitaine Werner Mölders, l’homme aux 39 victoires aériennes. Mais Mölders réussira à sauter en parachute et sera aussitôt fait prisonnier par les troupes françaises basées aux environs d’Estrée-St-Denis. Rendu à la Luftwaffe par les signataires de l’Armistice franco-allemand, il participera ensuite activement à la Bataille d’Angleterre et descendra personnellement une vingtaine d’appareils de la RAF. Une bien belle récompense offerte par Vichy aux héros de l’Armée de l’Air française de mai-juin 1940…

Le 9 juin, le front est définitivement enfoncé et les allemands sont déjà à Forges-les-Eaux. Les Dewoitine d’Esbly continuent leurs attaques désespérées sur les nuées de bombardiers et de chasseurs de la Luftwaffe qui se sont dorénavant octroyés la totale maîtrise du ciel de France. Malgré son incontestable infériorité numérique, le GC I/3 totalise à la fin de cette mémorable journée 14 victoires sur des appareils ennemis de tous types. Mais rien ne peut plus endiguer à présent l’avancée allemande et l’ordre d’abandonner la base de Meaux-Esbly est immédiatement donné. Tous les Dewoitine D.520 quittent le terrain d’aviation le soir même. Le GC II/7 repart pour Avelanges et le GC I/3 est envoyé sur Etampes. L’état major de l’Air lui-même évacue la région de la Ferté-sous-Jouarre pour regagner le Loiret.

Le lendemain, jour du 10 juin 1940, le terrain d’aviation est totalement abandonné et les deux derniers Potez 631 du GC I/16, qui ne sont plus en état de voler, sont incendiés sur place. En l’espace de 25 jours, les bien maigres escadrilles de Dewoitine D.520 basées à Meaux-Esbly ont remporté 44 victoires aériennes sûres ou probables ( bombardiers et chasseurs ) pour la perte de 12 appareils.

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L’aérodrome de Meaux Esbly posséde aussi un autre passé militaire juste à la veille de la seconde guerre mondiale. Début 1937, la guerre civile fait rage en Espagne. La France va accueillir et former de jeunes pilotes Républicains sur différents terrains de la métropole. Meaux Esbly fut l’un d’eux.

Ces jeunes pilotes en formation vont être accueillis dans un hôtel sur les bords de la Marne et s’entrainer depuis le terrain de Meaux. Ils regagneront ensuite leur pays afin de poursuivre la lutte contre leurs fréres nationalistes qui eux, bénéficiaient de l’aide de leurs alliés Italiens et Allemands.

Pour en savoir plus ou transmettre des informations, contactez Alain Graton :

alain.graton@cegetel.net

Commande livre possible par courrier au siège de l’association :

Association Anciens Aérodromes

Aérodrome de Merville-Calonne

Rue  de l’Epinette, 62136 LESTREM (France)

ou news@anciens-aerodromes.com
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Meaux-Esbly est un aérodrome du groupe ADP