Historique – Escarmain – Vertain

Escarmain / Vertain – (Département du Nord) Situé entre Cambrai et Le Quesnoy.

Localisation du terrain selon les archives de la DGAC (droits réservés). On remarque la position  »à cheval » sur les deux communes, source de confusion dans de nombreux documents. Nous pouvons aussi retrouver une autre localisation sur Solesmes pourtant bien plus au Sud de ces communes.

Les premiers projets pour ce terrain d’aviation, nom  »plate-forme d’opérations » par l’aviation Française, remonte à 1935 selon la Mairie de Vertain. Les premières expropriations sont toutefois datées de décembre 1937 avec 99 hectares de cultures cédées aux Autorités militaires. De nombreux engins de terrassement vont ensuite retourner et niveler les terres. Dans les mois qui précédèrent la déclaration de guerre, 16 autres hectares furent réquisitionnées auprès des propriétaires afin de réaliser des travaux de défenses du type tranchées de protection, positions de mitrailleuses et abris pour avions.

A la déclaration de guerre, les premiers appareils vus sur le terrain sont des Potez 39 suivis ensuite par d’autres avions plus modernes comme des Potez 63 (bombardiers légers ou de reconnaissance) et des Morane Saulnier Ms 406 (Chasseurs). Vers la mi-avril 1940 on dénombrera prés de 36 Morane Saulnier Ms 406, abrités prés du château d’eau dans des alvéoles sommairement aménagées. Présence également de plusieurs GAO ( Groupe Aérien d’Observation) sur ce terrain en mai 1940.

Jeudi 16 mai 1940 entre 12h et 12h30, plusieurs Dornier 17 de la Luftwaffe survolent le terrain à basse altitude, surprenant la défense Française. De nombreuses bombes sont larguées tandis que les mitrailleurs arrosent toutes les cibles possibles. La plupart des appareils présents sur le terrain sont mis ainsi hors d’usage, calcinés par les incendies ou criblés de balles.

Un mécanicien Polonais, l’adjudant Jozef Zak est tué prés du calvaire en tentant de se mettre à l’abri . Il s’agira de la seule victime de ce raid aérien.

Selon des témoins, prés de 26 carcasses calcinées de Ms 406 et de Potez 63 furent dénombrées sur le terrain juste avant l’arrivée des Allemands qui prirent rapidement possession de la base quelques heures après l’arrivée des premiers éléments motorisés. Les épaves resteront sur le terrain, parqués à l’écart jusqu’en septembre 1940 avant leur enlèvement par les occupants.

Unités Françaises présentes sur le terrain avant arrivée des Allemands :

–  Le GAO 505 du 8 octobre 1939 au 16 mai 1940 avec des Potez 63/11. Repli ensuite sur Aulnat pour y être re-formé             à la suite de pertes importantes.

–  Le GAO II / 551 et IV / 551 avec des Potez 63/11

–  Le GAO I / 506 avec des Potez 63/11

–  Le GC II / 6 du 15 au 17 mai 1940 avec des Ms 406 ( c’est sûrement ce groupe de Ms 406 qui subit l’attaque du 16/5)

Le terrain va être ensuite utilisé pendant quelques jours par la I./JG 77 de la Luftwaffe qui va séjourner du 20 au 22 mai 1940, utilisant l’ancienne plate-forme d’opération Française comme un terrain de campagne pour suivre l’avancée des troupes durant la Westfeldzug (campagne à l’Ouest).

L’aérodrome va être ensuite aménagé avec bétonnages de pistes et réalisation d’abris avec des sacs de terre pour protéger les appareils. Un embranchement de voies ferrées va également être construit venant de la gare de Solesmes ou de Landrecies afin d’acheminer des wagons de matériels et de carburant. Présence ensuite de la II / KG 76 quelques jours en juin 1940 avec des bombardiers bimoteurs Dornier 17 Z .

L’activité aérienne sera ensuite assez réduite, seul quelques Junker Ju 52 seront vus sur le terrain jusqu’en 1943. En mars 1944, le terrain sera rendu inutilisable par un quadrillage de tranchées réalisés par des hommes de la commune réquisitionnés par l’occupant.

En 1944 (date indéterminé), deux P38 Lightning Américains mitraillèrent le château d’eau en bordure du terrain qui servait aussi pour le village voisin. Cette attaque eut pour conséquence de priver les habitants d’eau courante pendant quelques jours.

Quelques mois après la Libération, le terrain servit de piste de secours à un B17 Flying Fortress en difficulté qui effectua un atterrissage sur le ventre au retour d’une mission sur l’Allemagne. L’épave resta sur place plusieurs semaines.

Après guerre, le terrain sera rendu aux propriétaires pour remise en culture des terres, les pistes étant déclarées par l’arrêté du 6 février 1947 :  » interdites à la circulation aérienne publique en raison du mauvais état de la plate-forme ».

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Remerciements à la Mairie d’Escarmain et de Vertain pour son concours à la réalisation de cette page.

Sources :    » le Champ d’Aviation de Vertain ‘  Daniel Doison – journal communal.