Le cerf-volant Pantenier

Conférence de Monsieur Athelstan Marin-la-Meslée 1 aux ingénieurs de l’ICAM – Lille 1922

Je m’en voudrais de vous causer une déception en donnant aux quelques mots que je vais vous dire le titre pompeux de conférence. Je n’ai aucune intention de soutenir devant vous telle ou telle théorie relative à la sustentation par l’air, tels ou tels calculs de surface ou de courbe, discuter le fameux coefficient Ki. Non. Mon but ce soir est de vous intéresser à une partie du grand problème aéronautique peu connu parce que pratiqué par un trop petit nombre d’adeptes. Je veux vous parler du planeur captif plus connu de nous et surtout de nos enfants sous le nom de CERF-VOLANT.

Quelle est I’origine du cerf-volant ? II faut remonter jusque Franklin et Romas pour trouver une utilisation pratique au planeur captif. Tous, vous vous souvenez de leurs expériences auxquelles son dues la découverte de l’électricité atmosphérique et du paratonnerre. De nos jours, de nombreux noms se sont ajoutés à leur suite : les Baden-Powell, les Hargrave, les Cody, les Potter, les Conyne, les Madiot, les Saconney. Lecornu, Frantzen, Houard et notre compatriote Pantenier se sont lancés dans l’étude du planeur captif et c’est à eux et en particulier au Lillois Gabriel Pantenier que j’ai  le plaisir de compter parmi mes amis que je vais avoir recours pour documenter cette causerie qui paraît vous intéresser si j’en juge par l’attention bienveillante que vous me témoignez.

 

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Gabriel Pantenier lors du congrès des cerfs-volistes en mai 1914 à Boulogne-sur-Mer. Celui-ci avait déjà participé à différents meetings tant en France qu’en Belgique.

(Coll. Pantenier-Marias)

 

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Cerf-volant Pantenier au Congrès de Boulogne

Le Grand Écho du Nord et du Pas-de-Calais du 31/05/1914 (p 4)

(BNF)

 

D’abord, qu’est-ce qu’un planeur captif ? Le planeur captif (j’abandonne intentionnellement l’ancien nom appellation Cerf-Volant qui n’a plus aucun sens appliqué à nos appareils modernes) est un ensemble de surfaces planes judicieusement établies en vue d’utiliser la force motrice de l’air en mouvement pour se soutenir dans cet air par sa réaction sur ces surfaces et d’y trouver une position d’équilibre la plus stable possible.

Le problème posé est le même que pour l’aéroplane à moteur avec cette différence que, dans le premier cas, le planeur est relié à un point fixe et l’air est en mouvement tandis que, dans le second, l’air est considéré pratiquement comme immobile et le planeur se déplace. Dans les deux cas, la réaction de l’air sur la surface provoque la sustentation.

 

Les planeurs captifs se divisent en deux catégories :

  • 1° Les planeurs légers, c’est-à-dire ceux dont le poids par rapport à la surface portante est faible (0,3 à 0,6 kg par mètre carré). Ce rapport s’appelle densité,
  • 2° Les planeurs lourds, ceux dont la densité est plus grande (au-dessus de 0,6 kg par mètre carré).

Les planeurs légers dans lesquels la voilure domine sont forcément plus fragiles et ne conviennent que pour des expériences où le planement et la hauteur sont nécessaires (certaines expériences et recherches météorologiques telles que la direction des vents à diverses altitudes, l’étude des vents faibles, T.S.F., photographie aérienne ou moyens de 4 à 12 m seconde).

 

En revanche, les planeurs lourds dont la charpente est étudiée pour résister à des vents allant jusqu’à 30 mètres seconde, vents de tempête, sont utilisés dans toutes les expériences où une forte traction est nécessaire pour obtenir un soulèvement de nacelles emportant un observateur.

Ce classement m’amène naturellement à vous citer les applications actuelles du planeur captif. Les voici en résumé :

  • APPLICATIONS SPORTIVES : La pratique du planeur captif est un excellent sport de grand air développant l’initiative de l’enfant et l’intéressant aux problèmes de l’air dès son plus jeune âge,
  • APPLICATIONS SCIENTIFIQUES : Le planeur captif est un porte-antenne de T.S.F. de tout premier ordre permettant de recevoir les ondes des postes les plus éloignés et bien supérieur aux antennes horizontales de même longueur,
  • II permet au photographe d’obtenir des vues d’ensemble et de porter sa chambre noire à des altitudes que ni la configuration du terrain ni I’élévation des constructions ne lui permettent d’atteindre,
  • II est l’outil de premier ordre de I’observatoire météorologique pour l’étude du vent en force et en direction, de la température et de l’humidité de l’air à haute altitude,
  • II est, pour les mêmes raisons, l’adjuvant précieux de l’artillerie pour les corrections des tables de tir et pour l’observation par des vents interdisant la sortie des ballons (vents au-dessus de 18 m.),
  • Sa collaboration avec la Marine est étroite : il porte l’observateur plus haut que le plus grand des mâts et lorsque le navire est drossé par la tempête, il porte le câble qui reliera le bâtiment à la terre ferme et établira le va-et-vient d’évacuation de l’équipage et des passagers, 
  • Et, enfin, la publicité ne perdant pas ses droits par les banderoles qu’il emportera dans les airs et qu’il fera flotter au-dessus des agglomérations et sur l’une desquelles on a lu le nom de notre grand club sportif et d’encouragement : l’Association Aéronautique du Nord de la France auquel je voudrais VOUS voir tous adhérer pour suivre les intéressantes expériences de planeurs captifs qu’il organise sous la direction de Mr PANTENIER.

(Ci-dessus, extrait d’un article du Grand Écho du Nord et du Pas-de-Calais de 1914).

(BNF)

 

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Modèles PLANO de Gabriel Pantenier de 1913 (à gauche) et de 1914 (à droite)

(Coll. Pantenier-Marias)

 

Les modèles de planeurs captifs varient à l’infini depuis le légendaire dragon à queue jusqu’aux trains modernes de Saconney, de Madiot et de Pantenier.

Les principaux et les plus connus sont les cellulaires Hargrave, inventés par un ingénieur australien vers 1892.

Ce planeur est composé de deux cellules rectangulaires reliées entre elles par des tiges et fait partie des planeurs lourds mais sa forme permet l’établissement d’une charpente à la fois légère et très résistante.

Le planeur Hargrave est le prototype des planeurs actuels; les Madiot, Saconney et Pantenier en sont dérivés, légèrement modifiés et surtout perfectionnés.

Ce planeur est très stable et se prête fort bien à l’attelage en tandem. Sa construction le fait résister à des vents fort violents sans déformation très accentuée.

Le Cody est un planeur Hargrave auquel on a ajouté des ailes, modèle copié par la suite, avec de légères modifications, par le Général Saconney et utilisé par l’armée française avant la guerre puis à son début.

Le Pantenier est un Hargrave double ou plutôt deux Hargrave mis côte à côte avec un plan directeur commun qui devient plan médian. Les originalités du Pantenier se trouvent d’abord dans cette disposition puis dans l’avancement du centre de poussée par le prolongement et, enfin, dans l’avancement du centre de poussée du plan supérieur de la cellule avant facilitant l’attelage en train sans perte de rendement.

Au début de la guerre, trois des trains de planeurs avaient fait leurs preuves : le Saconney, le Madiot et le Pantenier.

Des épreuves très importantes et dotées de prix intéressants ont réuni à Spa en 1912, à Boulogne en 1914 et à Anvers en 1920, de nombreux concurrents. Dans tous les concours, l’élément cellulaire a dominé et les résultats obtenus ont permis tous les espoirs. Malgré cela, la guerre qui fit faire à l’aviation un pas de géant semble avoir ignoré les efforts faits du côté du planeur captif et malgré ses réels mérites a semblé dédaigner cet auxiliaire précieux en dépit des appels désespérés de ses fervents : Lecornu, Pantenier et Frantzen.

Les événements se sont chargés de montrer également le manque de suite dans les résultats du seul matériel cerf-voliste officiel français d’ascension, matériel un peu lourd, d’une certaine difficulté de réglage de manœuvre et de tenue.

Pourtant, le train du planeur captif s’impose comme le complément du ballon d’observation. Les types Caquot les plus modernes ne peuvent pas tenir l’air par vent supérieur à 18 mètres, les sphériques sont intenables au-dessus de 8 mètres et les Drachen-Ballons ne peuvent évoluer dans des vents supérieurs à 12 mètres.

Lorsque le vent est assez violent, toutes les brumes de terre sont chassées et la visibiIité devient excellente. C’est alors que nos planeurs ont leur utilité pour suppléer au gros frère obligé de se terrer. D’autre part, quel avantage n’offrent-ils pas par leur invulnérabilité et leur incombustibilité.

L’ascension en planeur captif n’offre pas plus de dangers qu’en ballon captif; au contraire, nous venons de voir qu’en temps de guerre, il en offre moins.

Employé dans la marine, le train de planeurs est appelé à rendre d’immenses services tant en temps de paix qu’en temps de guerre.

Un navire est un poste de lancement idéal car, si le vent manque pour la manœuvre, le déplacement du navire crée un vent relatif qui permet toutes ascensions. QueI poste d’observation idéal pour la recherche des sous-marins, des mines et des flottes ennemis.

La manœuvre d’un train de planeurs captif a demandé un équipage moins nombreux que celle de la saucisse, par conséquent moins vulnérable. Cette manœuvre se fait plus rapidement, est moins visible … tous arguments en faveur de son emploi.

Voici quelques extraits des notes d’un chef d’équipe de Cerfs-Volants militaires de la 46ème Compagnie d’Aérostiers dans la Somme en 1916, qui confirme mes remarques de tout à l’heure sur l’emploi du planeur captif dans l’armée en campagne. (Note manuscrite du 10 Novembre 1916).

Au point de vue météorologique, je mentionnais plus haut la nécessité du planeur captif. Pour les recherches sur les courants aériens à haute altitude, l’aéroplane et le ballon libre ne peuvent rendre aucun service étant donné leur translation. Ils peuvent tout au plus enregistrer des altitudes et des températures et encore pour ces derniers les influences des surfaces par leur rayonnement faussent l’observation.

Le planeur captif permettant de suspendre les enregistreurs en dehors de toute action de rayonnement, absolument infime à cause de sa surface réduite, fournit des observations exactes.

Pendant une partie de la guerre, l’observatoire de Trappes a fait de nombreuses et utiles études atmosphériques avec le planeur captif. Le matériel employé, bien que n’étant pas d’un rendement supérieur, a permis des ascensions allant jusqu’à 2500 mètres.

Les observatoires de Blue Hill et de Drexel en Amérique possèdent un outillage très complet, les quelques lignes qui suivent en donnent une idée :

Il nous a paru intéressant à ce sujet de rappeler quelques résultats officiels obtenus par Weather Bureau aux États-Unis dans les deux plus anciennes des sept stations aérologiques spécialement équipées pour les sondages par cerfs-volants : Drexel et Ellendale.

La première, Drexel, fut construite fin 1914 et fonctionne régulièrement depuis le début de 1915.

La seconde, Ellendale, fut créée fin 1916 et fonctionne depuis le commencement de 1917.

Ainsi que nous l’avons répété plusieurs fois dans l’Aérophile, on ne peut obtenir de résultats marquants avec ce procédé qu’avec un personnel cerf-voliste « dressé » spécialement pour ce genre de sondages et avec du matériel très complet et approprié aux genres de vols à exécuter.

L’Allemagne avait très bien compris la portée des résultats obtenus par les sondages cerf-volistes et, en 1914, plusieurs de ses stations aérologiques obtenaient des résultats de plus en plus fréquents au-dessus de 3000 mètres d’altitude. (Sondages à Metz et dans divers postes de l’intérieur).

Il est donc à désirer qu’en France, ainsi que conclut Mr Rouch, une initiative privée reprenne entièrement l’œuvre de Teisserenc de Bort 2 qui lui, nous ne saurions trop insister sur ce point, avait foi dans des sondages par cerfs-volants, parce qu’il connaissait leur utilité par temps couvert et les avantages des observations permanentes que l’on peut en tirer.

 

Voici, par exemple, le résumé des résultats des sondages cerf-volistes obtenus au cours de l’année 1917 par Drexel :

349 jours de vol et seulement 16 jours sans vol avec parfois 5 sondages différents dans une seule journée. Il n’y a eu que 7 accidents de planeurs cassés sous le vent pour ces 349 jours; la ligne de retenue (en corde à piano) ne fut fondue qu’une seule fois par la foudre. Au cours de 1917, le météographe fut élevé 250 fois entre 3000 et 4000 mètres et 5 fois entre 5000 et 6000 mètres. Plusieurs fois, les vols eurent lieu dans des écarts de vent de 4 à 38 mètres par seconde.

Je ne veux pas abuser plus longtemps de votre bienveillante attention, le sujet que je traite devant vous ce soir est vaste et plus d’une soirée serait nécessaire pour l’épuiser. Mais, avant de terminer, je tiens à vous présenter un appareil imaginé par Mr. Pantenier pour mesurer la force des vents par planeurs. Cet appareil présenté au concours Lépine a vivement intéressé les spécialistes par sa simplicité de construction et l’appréciation très parfaite des vitesses du vent et de leur direction. Le voici présenté selon ses propres termes :

« L’expérience a prouvé que la traction du câble d’un planeur bien construit augmentait comme le carré des vitesses du vent. Les poussées du vent régnant à l’altitude atteinte par le planeur sont transmises au sol par l’action de la ligne de retenue à un dynamomètre (gradué en kilo) lequel actionne un levier porteur d’une plume inscriptrice.

On peut donc lire les fluctuations du courant aérien : les irrégularités de vitesse à une même altitude, les diversités du vent à différentes altitudes ; ces enseignements peuvent être utilisés par la navigation aérienne et sans doute pour la prévision du temps.

Ce procédé est de beaucoup moins coûteux et plus simple que celui qui consiste à faire enlever un anémomètre enregistreur par cerf-volant.

Dans les régions où le ciel est souvent couvert de nuages, cet appareil peut suppléer à l’usage des ballons sondes pour déterminer la vitesse des vents jusque 1500 mètres et quelquefois plus selon la vitesse des vents régnants (ce qui serait déjà intéressant pour les tirs d’artillerie).

Lorsque le planeur est caché dans les nuages, la direction du vent en altitude est indiquée par la direction de la ligne de retenue. »

Il me reste à vous remercier, Chers Camarades, de l’intérêt que vous avez témoigné à ma causerie. Causerie qui a un but principal de propagande.

Fervent de l’Aéronautique dans toutes ses manifestations, je cherche à y intéresser la masse de mes compatriotes. Nous sommes encore trop près de la guerre pour avoir oublié les leçons qu’elle a données. La paix mondiale est loin d’être stable. Les provocations continuelles de nos adversaires nous obligent à veiller encore et à parer à toute éventualité et le champ de bataille de l’avenir est l’air.

Nous devons donc y porter tout notre intérêt. En dehors des organisations militaires, des groupements civils importants se sont fondés ou ont continué leur propagande d’avant-guerre.

À Lille, l’Association Aéronautique du Nord de la France sous le haut patronage des plus hautes sommités civiles, administratives et militaires s’est faite le champion de la cause de l’air et c’est avec un véritable plaisir que nous verrons venir à nous tous les Français qui ont encore au cœur l’amour de la patrie et leurs cerveaux et leurs bras pour la défendre.

A. MlM

 

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Athelstan Marin-la-Meslée en 1913 au Club de Valenciennes

 

 

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Athelstan Marin-la-Meslée en 1937 sur le terrain d’aviation de Lille-Ronchin. À sa gauche, le Préfet du Nord Fernand Carles. Cette image a été prise le dimanche 23 mai lors de la première remise des diplômes à 7 jeunes de moins de 20 ans de l’Aviation Populaire.

(Coll. Van Laer)

 

Gabriel Pantenier

Pourquoi s’intéresser à ce personnage lillois ? Pour deux raisons principales et passionnantes :

  • La conférence rédigée par A. Marin-la-Meslée m’est parvenue par le fils du fondateur de l’Institut de Mécanique des Fluides de Lille, Joseph Kampé de Fériet; elle concerne un homme ayant habité à quelques kilomètres de chez moi. Beaucoup d’archives de ce fondateur de l’IMFL me sont parvenues afin d’en faire bon usage.
  • Un jour, il y a plus de 40 ans, lors de mon passage au service de documentation du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE), un documentaliste m’a remis un petit dossier avec quelques documents et photos sur Gabriel Pantenier en espérant que ce dossier serait mieux à Lille que perdu dans les archives très volumineuses de ce Musée.

En effet, ces deux dossiers ne se sont pas croisés mais se sont complétés. Aujourd’hui, après m’être intéressé aux cerfs-volants de Berck, j’ai exhumé l’ensemble pour en faire une promotion sur 2A. Nous allons l’insérer sous l’aérodrome de Lille-Ronchin.

J’ai cherché sur le Net le nom de Gabriel Pantenier et j’ai découvert qu’au moins trois sites s’y sont intéressés. De plus, j’ai appris que la petite étiquette qui était sur le dossier ayant transité par le MAE et qui avait comme nom Marias venait donc de la fille de Gabriel Pantenier. En regardant attentivement les sites, j’ai pu remarquer que Madame Marias avait aussi donné beaucoup de photos des cerfs-volants de son père.

 

Site n° 1 : http://cerfvolant.militaire.free.fr/page%20suite/accueil/compagnies_cerf_voliste/46/46cae.html

Nous apprenons que Gabriel Pantenier faisait partie de la 46ème Compagnie d’Aérostiers. Il y a même une photo de Gabriel durant la guerre 14-18.

Site n° 2 : http://cerfvolantancien.free.fr/index-pantenier.htm

Rédigé par Pierre Mazières; fait un bilan historique de Gabriel.

Site n° 3 : http://cerfvolantancien.free.fr/index-pantenier.htm

Montre un très beau cerf-volant Plano, la marque de son entreprise de fabrication de cerfs-volants à Hellemmes.

Site n° 4http://cerfvolantancien.free.fr/index-pantenier.htm

De belles images des différents types de cerfs-volants.

 

Belle documentation réunie sur ce constructeur lillois.

À noter que les documents dont je dispose sont tous différents de ceux trouvés sur les sites mentionnés ci-dessus.

 

Les documents

Dans la conférence de Marin-la-Meslée, j’ai placé deux schémas crées avant la guerre et qui se nommaient « Modèle PLANO de Gabriel Pantenier de 1913 à gauche et de 1914 à droite ». Les deux photos ci-dessous parlent d’elles-mêmes (cf. commentaires manuscrits).

 

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Première photo : Pantenier est au milieu.

(Coll. Pantenier-Marias)

 

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Seconde photo : prise durant la campagne de 1916 de la 46ème Compagnie d’Aérostiers.

(Coll. Pantenier-Marias)

 

Je pense que la documentation ci-dessous est extraite de la Revue du Cerf-Volant mais, à la BNF, il manque quelques numéros.

 

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Revue du Cerf-Volant

(Coll. Pantenier-Marias)

 

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Publicités Maisons L’Aigle et Antwerp Sport Depot

(Coll. Pantenier-Marias)

 

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Photo de Gabriel Pantenier en 1950 jointe à son avis de décès de 1964

(Coll. Pantenier-Marias)

 

Reste encore un article de la Voix du Nord. Pas de date précise mais on peut l’évaluer à 1950.

 

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(Coll. Pantenier-Marias)

 

Un Lillois est le seul fabricant au monde de cerfs-volants scientifiques

En 1934, il équipa la Mission Charcot d’appareils nécessaires aux observations aériennes.

 

Le cerf-volant, un jouet qui fait la joie des enfants par temps de grand vent ? Ce modeste assemblage de toile et de bois a d’autres lettres de noblesse. J’en suis personnellement convaincu depuis que j’ai rencontré un sympathique Lillois, M. Gabriel Pantenier, qui, à 72 ans, reste le seul fabricant au monde de cerfs-volants scientifiques,

Coiffé d’un béret basque, en tenue de travail, M. Pantenier m’a reçu dans son atelier pendant plus de deux heures; il m’a parlé de son métier ou, plutôt, de sa passion. Car le « cerf-volisme » (c’est le terme technique) le passionne depuis sa tendre enfance.

 

G.P. : Dès que l’aviation est venue au monde, j’ai eu dans l’idée de construire un appareil avec du bambou et un moteur d’auto, Mes efforts, vous le pensez bien, ont été vains. Alors, pour me consoler de mon échec, j’ai décidé de me consacrer entièrement aux cerfs-volants. J’ai suivi avec intérêt les essais du capitaine Madiot, lu des brochures et tracé des plans.

A.L. : Et vous avez fabriqué votre premier cerf-volant.

G.P. : Mais oui, je me suis livré à des essais à Mons-en-Baroeul avec des enfants. Les uns se sont laissés « enlever » sans difficultés, les autres ont eu le trac ou m’ont joué les pires tours jetant des cailloux sur leurs petits camarades restés au sol.

A.L. : Alors, si je comprends bien, le cerf-volant est un planeur ?

 

Le cerf-volant peut soulever un homme

G.P. : Un planeur captif guidé par un treuil et un câble et capable de soulever, comme ceux de ma fabrication, ayant 20 mètres carrés de surface portante, jusqu’à 80 kilos, c’est-à-dire un homme d’un poids normal.

A.L. : N’avez-vous jamais participé à un concours ?

G.P. : Si, à celui organisé en avril 1912 par la ville de Spa et auquel prenait part Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Ce concours m’a valu, d’ailleurs, un premier prix et les félicitations du jury, qui m’a encouragé à poursuivre mes efforts et à construire des appareils d’une surface portante plus grande et destinés aux observations aériennes. « Je me suis mis au travail, mais la guerre m’a surpris ».

 

Utilisation des compétences

A.L. : Dans quelle arme avez-vous été mobilisé ?

G.P. : Tenez-vous bien, dans le service sanitaire, et ce, comme ancien flûtiste au 43ème R.I. Fait prisonnier, le 20 août, près de Verdun et interné en Bavière, j’ai été libéré en juillet 1915.

A.L. : Vous êtes-vous remis au travail ?

G.P. : Mais oui !… J’ai même proposé plusieurs modèles nécessaires pour seconder l’artillerie. Ils ont malheureusement été refusés faute de crédit. Loin de me décourager, j’ai alors construit des appareils plus légers qui devaient permettre de faire des sondages à haute altitude. Puis je me suis livré à des expériences fort intéressantes à l’observatoire de Trappes et à la pointe de Grave près de Lorient.

A.L. : Quelles ont été ces expériences ?

G.P. : À l’aide de cerfs-volants anémométriques, j’ai pu, de façon régulière, mesurer la vitesse du vent. Avec d’autres cerfs-volants munis d’un météographe, j’ai pu également fournir tous renseignements sur la situation atmosphérique.

A.L. : Croyez-vous encore en leur utilité ?

G.P. : Je pense bien. Outre les services inappréciables qu’ils rendent à l’Armée pour régler les tirs de D.C.A. notamment et à l’Office National de Météorologie, ils peuvent être utilisés pour la photographie et la publicité aérienne. Et le prix de revient est tellement inférieur à celui des ballons.

 

Fabrication dix mille par an

A.L. : Combien en fabriquiez-vous par an ?

G.P. : Oh ! avant la dernière guerre, mon chiffre atteignait environ dix mille. En 1934, j’ai d’ailleurs équipé la Mission Charcot.

« Je ne regrette qu’une chose, c’est le peu d’empressement que mettent les jeunes à pratiquer le cerf-volant. Et pourtant, avec une nacelle et un câble, il n’y a rien à craindre. »

« Un jour si vous le voulez je vous ferai « enlever » par un de mes appareils. Vous verrez, c’est amusant. »

A.L. : Je n’ai pas dit non …

 

(Transcription du texte de l’article d’André Lepart de la Voix du Nord).

 

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Cette photo le représente avec sa fille en train de fabriquer un cerf-volant.

(Coll. Pantenier-Marias)

 

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Légende de la Voix du Nord :

Un document de 1913 qui représente le décollage d’un cerf-volant construit par Mr. Pantenier et d’une surface de 20 m2.

 

Biographie de Monsieur PANTENIER Gabriel, inventeur-constructeur des cerfs-volants « PLANO »

(Marque déposée).

 

Monsieur Pantenier Gabriel est né à Avesnes-sur-Helpe (Nord) le 12/08/1883.

Il fait son service militaire au 43ème R.I. à Lille jusqu’en 1907 et commence ensuite à s’intéresser aux cerfs-volants, créant une section dans le Club Aéronautique de Lille.

Jusqu’en 1914, il crée de nombreux modèles de cerf-volant, depuis les jouets jusqu’aux appareils de 20 m2 emmenant un passager au moyen d’un train de cerfs-volants ; avec eux, il participe avec succès aux concours Nationaux et Internationaux.

Mobilisé dans le Corps de Santé en 1914, il est fait prisonnier et rapatrié en 1915.

Volontaire pour le front, il est affecté à la 46ème Compagnie d’Aérostation où il dirige la Section de cerfs-volants montés, concurremment avec les ballons d’observation.

En 1917, il est affecté à l’Observatoire de Trappes pour la mise au point de cerfs-volants météorologiques destinés à l’Artillerie et à la Marine.

Après la démobilisation, il reprend les études et la fabrication de cerfs-volants professionnels destinés aux explorations polaires et à la D.A.T. (Défense Aérienne du Territoire).

Décédé à Lille le 8 février 1964, il conservera jusqu’à ses derniers jours la passion des cerfs-volants et la certitude des possibilités de ceux-ci dans les différents domaines exploités : photo aérienne, sondages, météo, observation (cerfs-volants montés), D.A.T. etc…

 

Distinctions :

Titulaire de la Médaille des Combattants Volontaires,

Titulaire de la Croix de Guerre,

Titulaire de la Médaille Militaire.

∴∴∴∴∴

 

Un autre article qui relate le concours de Spa en 1912 est intéressant à transcrire. C’est le seul que j’ai trouvé. Il est très élogieux et vient des Échos Sportifs de septembre 1912.

 

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Les Échos Sportifs du 14/09/1912

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Les Échos Sportifs du 15/09/1912 (p14)

(Coll. J.-L.Charles)

 

Le concours de Spa

 

« C’est avec un réel plaisir que nous applaudissons aux succès obtenus à Spa par notre concitoyen Pantenier. Ce concours, qui avait lieu à Spa du 15 au 20 août, comportait, dans l’une de ses épreuves, l’enlèvement de 85 kilos de lest dans la nacelle. Notre concitoyen obtint, dans cette épreuve, un premier prix de 750 francs ex aequo avec le train de cerfs-volants des artilleurs du fort d’Embourg-Liège. Ceux-ci pouvaient se féliciter de ce résultat, car cinq minutes à peine après la fermeture du contrôle, notre concitoyen enlevait sa nacelle à 60 mètres de haut, alors que ses concurrents, disposant d’un matériel deux fois plus puissant et d’une équipe d’aides beaucoup plus nombreuse, ne purent enlever le lest que de 25 à 30 mètres. Le lendemain, jour fixé pour l’épreuve d’ascension montée (avec lest pour le complément du poids de l’homme jusque 75 kilos), le manque de vent et la pluie n’engagèrent pas notre Concitoyen à préparer le montage des appareils ainsi que l’assemblage du train, comptant sur une remise de l’épreuve, quand tout à coup la pluie cessa et le vent se mit de la partie. De leur côté, les Belges, qui voulaient prendre leur revanche, avaient, malgré la pluie et les difficultés du travail sur un terrain détrempé, voulu préparer tout leur matériel, et, dès l’arrivée du vent, purent s’élever dans les airs ; ce que voyant, M. Pantenier, aidé de ses deux collaborateurs, parvint en peu de temps à lancer cinq de ses appareils mais l’heure de clôture arrivait, et il fallut se résigner à abandonner le lancement de sept autres appareils.

Fixant son siège sur le câble de retenue, et bien que n’utilisant, avec ses cinq appareils, qu’une surface réduite de 26 mètres carrés, notre compatriote parvint cependant à s’élever à une hauteur de 10 mètres, ce qui le classa 4ème.

L’équipe des Artilleurs belges obtint le premier prix par une ascension très dangereuse en raison du manque de stabilité de l’ensemble de ses appareils, et la hauteur maxima fut 65 mètres, qui aurait été facilement dépassée par Pantenier si tout son matériel avait été préparé à temps.

Le journal La Mense reconnaît, du reste, que les Belges étaient favorisés par un matériel pesant de 800 à 2.000 kilos et par des équipes de 8 à 15 hommes entraînés au travail de montage et de lancement des appareils. L’ensemble du matériel de Pantenier pesait 175 kilos et son équipe se composait de deux modestes collaborateurs ! En réalité, le manque de bras expérimentés fut la cause de l’échec de notre concitoyen. Il nous a prouvé néanmoins la veille, et les personnalités compétentes du monde cervoliste sont là pour affirmer que « les appareils de M. Pantenier avaient prouvé leur supériorité quant à la sécurité des appareils pour ascensions. »

Les félicitations de M. le capitaine Saconney, président du jury, sont pour notre concitoyen le plus précieux encouragement, et nul doute que l’an prochain, au Concours de Spa, avec une équipe suffisante et un matériel plus fort, il prendra une éclatante revanche nous prouvant -sais-ton- ce que les Lillois peuvent faire.»

 

1 Athelstan Marin-la-Meslée

  • Né en 1880 à Sydney (Australie),
  • Géographe, ingénieur des Arts et Métiers (ICAM). Cofondateur du club d’aérostation et d’aviation de Valenciennes et secrétaire général honoraire de l’Aéro-club de Lille,
  • Père de 6 enfants dont 3 furent pilotes; l’un d’eux fut le héros national Edmond Marin-la-Meslée, le Guynemer de la Seconde Guerre mondiale avec 16 victoires.

 

2 Léon Teisserenc de Bort (1855-1913) : créateur de l’observatoire météorologique de Trappes et inventeur de la stratosphère.

 Teisserenc de Bort : http://amvsqy.fr/wp/leon-teisserenc-de-bord-createur-de-lobservatoire-meteorologique-de-trappes/

 

Transcription : Jean-Luc Charles, membre de 2A.