Vitry-en-Artois, seconde guerre mondiale

La plateforme gazonnée située au Nord de la commune de Vitry-en-Artois est utilisée en 1939 comme plateforme d’opération confiée à la Royal Air Force. Dés le mois de décembre, des unités prennent possession du terrain avec construction de quelques baraquements.

Y seront déployées plusieurs unités :

  • le No 607 Squadron avec des Gloster Gladiator Mk.II du 13 décembre 1939 au 12 avril 1940, équipé ensuite à partir de mars 1940 avec Hawker Hurricane Mk.I
  • le No 615 Squadron avec des Gloster Gladiator Mk.II du 13 décembre 1939 au 12 avril 1940, équipé ensuite à partir d’avril 1940 avec Hawker Hurricane Mk.I
  • Présence également de divers avions comme des Blenheim et Fairey Battle utilisant le terrain de Vitry en terrain de secours lors de leurs missions. Plusieurs de ses avions ne seront pas réparés et resteront à l’état d’épaves.

Briefing pilotes (Fonds © IWM C 511)

Baraquement et tente pour les pilotes du No 607 Squadron (Fonds © IWM C 840)

A la suite de l’offensive allemande en mai 1940, les unités effectueront nombre de missions sur le secteur des opérations utilisant également les terrains d’Abbeville, Saint-Inglevert et Le Touquet avant de quitter le 16 mai 1940 le terrain de Vitry-en-Artois pour rejoindre le Nord-Ouest de la Belgique à Moorsele.

A l’arrivée des allemands sur le site, le 27 mai 1940, de nombreuses épaves parsèment le terrain.

Epave de Blenheim (Coll Anciens Aérodromes)

Epaves de Fairey Battle (Coll Anciens Aérodromes)

Epaves de Hurricane (Coll Anciens Aérodromes)

Epave d’un bombardier français LeO 451 ayant utlisé l’aérodrome comme piste de secours (Coll Anciens Aérodromes)

Très rapidement, des groupes de chasseurs de la Luftwaffe s’installent sur le terrain afin de poursuivre les opérations.

Messerschmitt Bf 109 E de la JG 54 ou JG 51 (Coll Anciens Aérodromes)

Liste des unités de la Luftwaffe présentes à partir de juillet 1940 :

  • I./JG 54 (du 28 mai au 6 juin 1940) avec des Messerschmitt Bf 109 E
  • II./JG 51 (du 1er juin au 9 juin 1940) avec des Messerschmitt Bf 109 E
  • LG 1 (du 14 au 25 juin 1940)  avec des Junkers Ju 88A
  • I./KG 53 (présente à partir du 31 mars 1941) avec des bombardiers Heinkel He 111

Ces unités participeront ensuite aux missions lors de la bataille d’Angleterre. Courant 1941, les allemands vont commencer la construction d’une véritable base aérienne avec deux pistes en béton de 1550 mètres de long sur 50 mètres de large (03/21 – 09/27) avec un ensemble d’une trentaine de hangars reliés par des voies bétonnées, une tour de contrôle, des emplacements de Flak et un poste de commandement. Un embranchement de voie ferrée desservait la zone Nord depuis la ligne existante passant au Sud de Vitry. Une troisième piste avait été commencée coupant les deux existantes. Ces constructions déborderont de l’ancienne plateforme d’opération britannique.

A partir de juin 1941, les unités quitteront le site pour l’opération Barbarossa en URSS.

Carte d’implantation extraite de l’Atlas DGAC de Jean Sauter.

Les croquis en noir représentent les constructions allemandes avec les deux pistes et les emplacements des hangars.

He 111 de la KG 53 (Coll Anciens Aérodromes)

Dans la nuit du 4 au 5 décembre 1941, atterrissage fortuit d’un Vickers Wellington Mk.1C du No 99 Squadron de la RAF endommagé par des tirs de la défense antiaérienne lors d’une mission sur la Ruhr. L’équipage complètement désorienté a confondu l’aérodrome de Vitry avec un autre de l’Angleterre. La confusion a été entretenue par le personnel de signalisation de l’aérodrome de Vitry qui mis en allumage le système de feux de signalisation devant durant la nuit accueillir des unités du KG53 en mission sur l’Angleterre. L’équipage du Vickers Wellington une fois posé et après s’être rendu compte de sa méprise ne put redécoller, fut fait prisonnier et finira la guerre en captivité. L’avion sera ensuite envoyé au centre d’essai de Rechlin en Allemagne pour évaluation.

Vickers Wellington gardé par des troupes allemandes après sa capture (Coll Anciens Aérodromes)

En juin 1943, la Luftwaffe revient sur le site avec la JG 26 (6./JG 26 et II./JG 26) jusqu’au 21 août avec des Fw 190A qui utiliseront le terrain alternativement avec le Flugplatz de Crecy-en-Ponthieu et Guyancourt. Présence également de la JG 2 d’août à décembre 1943 avec des Fw 190A et du KG 2 du 22 janvier au 6 février 1944 avec des Messerschmitt Me 410A/U.

 Pilote de la JG26 avec leur mécanicien, second en partant de la droite (Coll Anciens Aérodromes)

 

L’aérodrome sera l’objectif de bombardements aériens Allés en 1943 et 1944 comme celui du 15 août 1944. Dans les jours suivants, les unités vont quitter le site, la libération intervenant début septembre par la 1ère armée Canadienne.

Après quelques travaux d’aménagement et de déblaiement des destructions laissées par les troupes Allemandes, travaux réalisés par le 850th Engineer Aviation Battalion, déploiement ensuite de l’US Air Force et de la Royal Air Force sur le site à partir du 9 septembre 1944 avec les unités suivantes :

  • 358th Fighter Group (US) du 14 septembre au 16 octobre 1944 avec des P-47
  • No. 184 Squadron (RAF) du 4 au 15 septembre 1944 avec des Hawker Typhoon IB
  • No. 226 Squadron RAF du 17 octobre 1944 au 22 avril 1945 avec des bombardiers Mitchell II
  • No. 88 Squadron RAF du 17 octobre 1944 au 6 avril 1945 avec des Douglas Boston III & IV
  • No. 107 Squadron RAF du 17 octobre au 19 novembre 1944 avec des Douglas Boston III & IV
  • No. 342 Squadron RAF « FAFL Groupe Lorraine » (137th Wing) du 17 octobre 1944 au 22 April 1945 avec des Douglas Boston III & IV puis Mitchell II. Ce groupe était composé de pilotes français sous commandement britannique.

Douglas Boston du 342th Squadron FAFL sur l’aérodrome (Fonds © IWM CL 1456)

Douglas Boston du 342th Squadron FAFL  »groupe Lorraine » au décollage (Fonds © IWM CL 1467)

Utilisé ensuite en mars 1945 pour transport d’unités de la 1st Airborne lors de l’opération Varsity, action aéroportée sur la rive orientale du Rhin. Ensuite stationnement d’unités de bombardement US en attente de leur retour, gestion par le Air Technical Service Command.

  • 573th Bombardment Squadron (US) du 27 mai au 27 juillet 1945 (A-26)
  • 572th Bombardment Squadron (US) du 5 juin au 27 juillet 1945 (A-26)
  • 574th Bombardment Squadron (US), du 5 juin au 31 juillet 1945 (A-26)
  • 575th Bombardment Squadron (US), du 1er juin au 31 juillet 1945 (A-26)

Départ des dernières unités  le 18 décembre 1945 et remise aux autorités françaises.

Dans les années 1951/1952 un projet d’aménagement d’une base de desserrement pour l’Otan avait été envisagé mais sans suite.

 

Sources :

  • NARA
  • IWM
  • Bundesarchiv Freiburg
  • La Luftwaffe en France Jean-Louis Roba T1 et T2

Remerciements :

Jean-Luc Charles, Jean-Marie Bracichowicz, Jean-Louis Roba, Roger Austin, Jérôme Grosse

Mise en page Laurent Bailleul