Reyrieux, Les Bruyères

PaysFrance
DépartementAin
NomREYRIEUX
Autre appellationTerrain des Bruyères
Commune (s)REYRIEUX
Coordonnéesà préciser
OACIN/A
SituationZone industrielle de Reyrieux
UtilisationAérodrome civil

Premier terrain privé Amateurs de France

A une vingtaine de kilomètres, au nord de Lyon, en rive gauche du Val de Saône, se situe la commune de Reyrieux dans le département de l’Ain. (ses habitants s’appellent ‘les Talançonnais).

Localisation commune (Paul Mathevet)

La commune se divise en trois parties :
• le cœur de la localité se situe dans la plaine alluvionnaire de la Saône, à 210 mètres d’altitude ;
• une zone boisée à flanc de coteau, appelée ‘la côtière’;
• le plateau de la Dombes, à 250 mètres d’altitude, où est implantée depuis les années 1980 une zone industrielle sur 70 hectares.

Ce plateau de landes utilisé comme médiocre pâturage et à titre, en principe, de biens communautaires que se partageaient les habitants de Reyrieux, de Toussieux, de Saint Didier, de Sainte Euphénie et de Misérieux. Il était recouvert de calluna ou bruyère naine, humble végétal désormais banni de son terroir d’élection, auquel la contrée toute entière devait son nom.

Le Conseil Municipal de Reyrieux du 19 novembre 1933 accorde sept lots de terrains communaux en lande, affermés à divers particuliers, à Monsieur MENETRIER, aviateur, pour la création d’un champ d’atterrissage pour avions. L’arrêté d’autorisation d’un aérodrome privé est signé par le Préfet de l’Ain, Georges BERNARD, le 20 janvier 1934.
Des claires-voies en équerre peintes en bandes alternativement rouges et blanches placées aux angles du terrain portant l’inscription «Aérodrome privé» marqueront les limites de l’aérodrome situé au lieu dit «Les Bruyères». Les parcelles qui constituent cet aérodrome forment un L : le grand bras du L étant la piste d’ environ 350 mètres de long sur 50 mètres de large, et le petit bras, l’emplacement du futur hangar pour garer les avions. Son approche aérienne était relativement méritoire, car elle se situait entre une rangée de hauts peupliers bordant la route de Sainte-Euphémie et une ligne à haute tension.

Hangar (Coll Paul Mathevet)

Une nuée de prospectus tombés du ciel sur la localité de Reyrieux annonce l’organisation d’un grand meeting d’aviation le dimanche 21 juillet 1935. La veille, Claude MENETRIER, venant de Bron à bord de son appareil, se livre à une séance acrobatique au-dessus de Reyrieux avant de se poser sur le «terrain des bruyères». Le lendemain, une foule nombreuse se presse vers le terrain d’aviation pour voir les as de l’aviation régionale : Edmond PATEL d’Oyonnax, Firmin GUIRON des Ailes Lyonnaises, MEYER et TREMBLAY de Villefranche-Le Colombier. En finale, Claude MENETRIER effectue diverses figures : perte de vitesse, abattées, passage en crabe, vol en danseuse, hélice calée, etc…Mais le public se retire déçu des présentations, malgré de nombreux baptêmes de l’air !
Claude MENETRIER avait obtenu son brevet de pilote civil à l’aéro-club du Rhône, le 21 mai 1931, sous le numéro 637. Il exploitait un commerce de fournitures pour cycles et autos à Reyrieux. La finesse de ses manœuvres acrobatiques le rendirent célèbre, il participa à de nombreux meetings dans la région.

(Coll Paul Mathevet)

Mais à qui et à quoi, ce terrain était-il destiné ?
Des passionnés d’appareils motorisés qui construisaient des «avionnettes» selon la méthode préconisée par Henri MIGNET réalisaient quelques sauts de puce dans la plaine de Corbas. Mais, le 19 novembre 1934, ces passionnés que sont ARNAUD, BONNEL, FELLOT, FREMION, LACOUR, LAYAT, LEMAIRE, TRIBOLLET créent à Lyon, l’Amicale d’Aviation légère (AAA), premier groupement organisé d’Amateurs, sous la présidence de Georges BERAUD. Ils disposaient d’un modeste atelier loué, au fond d’une cour, au 37 de la rue Francis de Pressensé à Villeurbanne (à proximité du domicile du Président Georges BERAUD). C’est ainsi qu’est réalisé le «FELLOT-LACOUR n°1» (du nom de ses constructeurs), qui commença ses essais de roulement sur le terrain de l’aéro-club de Villefranche sur Saône-Le Colombier, le 13 avril 1936. Le hangar de cet aéro-club déjà fort encombré, obligea les membres de l’AAA à prévoir un autre terrain pour leurs essais.
Cette Amicale loua en 1937, par l’intermédiaire de Claude MENETRIER, «le terrain des bruyères». En quelques semaines, les membres de l’AAA occupèrent leurs loisirs du samedi et dimanche, à niveler le sol à la pelle et à la pioche. Un hangar en aggloméré, recouvert de plaques de tôles, est construit par l’entreprise de Jean PRABONNEAU, et une cabane en bois sert pompeusement de «club-house». En 1938, le «FELLOT-LACOUR n°2» (FL.2) volait.

Pou du Ciel (Coll Paul Mathevet)

Jusqu’à la guerre, en 1939, le «terrain des bruyères» à Reyrieux allait connaître une période faste et mériter le titre de «Premier terrain privé Amateur de France». Dans le hangar, on trouvait : le FL.2, le Pou du Ciel de LAYAT, deux autres Pou fabriqués par l’AAA, les HM. 8 de LEMAIRE et COULAUD. Malgré les interdictions, l’absence de brevets, d’assurances, d’immatriculations, etc… les pilotes de l’AAL prirent l’habitude de s’aventurer sur des terrains d’aviation voisins. Sur le plan local, les habitants de Reyrieux n’étaient guère passionnés par ces étranges machines qu’étaient les «pou du ciel» ou «avionnettes».

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, «le terrain des bruyères» fut transformé en champs de pommes de terre et cultures maraîchères. Au lendemain de la Libération, deux cent prisonniers allemands logeaient dans le hangar.

Dés l’été 1945, les pilotes de l’AAA trouvèrent le «terrain des Bruyères» envahi par les genêts. Mais il il fallait remonter et réviser les appareils qui avaient été cachés pendant quatre années de guerre. Des difficultés administratives quand à la réglementation en vigueur, l’éloignement du terrain, firent que les pilotes de l’AAA se rapprochèrent, dans les années 1950, des terrains d’aviation de Satolas et de Bron.

En 1946, ces Amateurs se retrouvèrent à Paris, pour créer le Réseau du Sport de l’Air (RSA) ou Groupement des Constructeurs Amateurs d’Aviation légère de France, sous la Présidence de Pierre LACOUR, et dont le siège social provisoire fut fixé au 183 cours Lafayette, au Café Moderne, à Lyon.

Reprise temporaire d’une activité (Coll Paul Mathevet)

«Le terrain des bruyères» cessa d’être matérialisé, le hangar abandonné et l’extension de la zone artisanale, puis industrielle sur les terrains communaux des Bruyères devaient entraîner finalement sa suppression dans les années 1980.

Un hommage sera rendu par la Municipalité de Reyrieux, à cette forme d’aviation, en donnant le nom de «rue du Pou du Ciel» à la route départementale n°28 qui traverse la zone industrielle et, à une autre voie le nom de «rue des Aviateurs».

(Coll Paul Mathevet)

D’après les textes de Monsieur Henri BARTHOUX de Reyrieux et adaptation de Paul MATHEVET (membre 2A)

Sources :

Documents privés, Municipalité de Reyrieux, divers sites Internet (Droits réservés)