Pays | France |
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Département | Calvados |
Nom | CRICQUEVILLE-EN-BESSIN |
Autre appellation | ALG A-2 |
Commune (s) | CRICQUEVILLE-EN-BESSIN |
Coordonnées | 49° 21' 41'' N / 01° 00' 20'' W |
OACI | N/A |
Situation | Au Sud de la commune |
Utilisation | Aérodrome américain 2eme GM |
Précisions succinctes apportées par François Robinard, extrait de son livre « 50 aérodromes pour une victoire » – page 50 – (voir ci dessous) avec son aimable autorisation.
ALG « Advanced Landing Ground », pouvant être traduit en français par « Aérodromes de l’avant » dont l’aménagement, au plus prés de la ligne de front, pouvait apporter rapidement un soutien aux troupes engagées.
ALG B : Terrains Anglais – ALG A : Terrains Américains
Codification A-2, nom de code SPEAR SHAFT
Construction par le 820th EAB puis 833rd EAB pour démontage et réhabilitation du site le 15 octobre 1944.
Date de début de la construction : 9 juin 1944
Date de mise en service opérationnelle : 22 juin 1944
Fin d’activité opérationnelle : 15 septembre 1944
Unités présentes sur le terrain :
- IX Engineer Command, QG provisoire
- Centre de communication, en liaison directe avec le GQG de la 9th Air Force en Angleterre.
- 354th Fighter Group, 9th Air Force/XIX Tactical Air Command/100th Fighter Wing
– 353rd Fighter Squadron (FT). Présent jusqu’à la mi-août 1944 puis direction la Bretagne (Gaël près de Rennes).
– 355th Fighter Squadron (GQ). Présent jusqu’à la mi-août 1944 puis direction la Bretagne (Gaël près de Rennes).
– 356th Fighter Squadron (AJ). Présent jusqu’à la mi-août 1944 puis direction la Bretagne (Gaël près de Rennes).
- 367th Fighter Group, 9th Air Force/IX Tactical Air Command/70th Fighter Wing
– 392nd Fighter Squadron (H5). Détaché sur A-10 Carentan jusqu’au 14 août puis présent du 15 août au 07 septembre 1944.
– 393rd Fighter Squadron (8L). Détaché sur A-10 Carentan jusqu’au 14 août puis présent du 15 août au 07 septembre 1944.
– 394th Fighter Squadron (4N). Présent du 15 août au 07 septembre 1944.
- IX Tactical Air Command PC
- 225th AAA Searchlight Battalion/Batterie « B », 49th AAA Brigade/18th AAA Group puis transféré, le 1er juillet 1944 au 17th Group avant d’être rattaché, le 30, à la 55th AAA Brigade.
- 2026th EAFFP Assigné au 354th Fighter Group.
- 184ème Dispensaire Médical
- 107th Tactical Reconnaissance Squadron (AX). Présent du 28 juin au 05 juillet 1944 (date à laquelle il arrivera à A-9 Le Molay).
- G.C.C. (Group Control Center) Assuré par le 70th Fighter Wing.
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Historique
Localisation du terrain, à gauche sur la carte (Coll François Robinard)
Témoignage en 1984 d’un vétéran engineer
« Ce terrain avancé était à un « jet de pierre » de St Pierre du Mont. Avec une piste de 5 000 pieds de long sur 120 de large, ce qui était la norme pour les 17 premières pistes construites en Normandie (1). Il comportait 3 600 pieds de SMT et 700 pieds à chaque bout sans revêtement. Je dis bien uniquement en terre. Elle était orientée à 176°, pratiquement Nord – Sud tandis que celle de St Pierre du Mont était orientée Est – Ouest. La construction débuta le 10 juin au matin. Le 820th bataillon du Génie de l’Air du Lt Col. T.J.Trumbull en était chargé. Le travail fut terminé le 17 juin (2). Une fois son travail terminé, le 820th fit mouvement vers le lieu-dit Chipelle pour y commencer les travaux de A 5 mais les nouvelles directives quant à l’allongement des pistes prévues au départ à 1100 mètres mais portées à 1500 mètres, obligea le 820 à renvoyer une compagnie sur A2 pour effectuer les travaux d’agrandissement bien que sa piste était opérationnelle depuis le 17 juin avec l’arrivée du 1er appareil du 354th Fighter Group. D’abord 2 squadrons s’y posèrent et le 3ème le lendemain. Tous les éléments du Colonel George R. Bickell étaient maintenant sur A 2 venant de Lashenden en Angleterre. Ils y restèrent jusqu’à la mi-août, jour du départ pour la Bretagne.
Il est intéressant de noter que l’unité médicale du Group, le 184ème Dispensaire Médical de Jim Ballou fut la seule unité médicale de l’Air Force connue pour avoir débarqué le Jour J sur le secteur Fox Red à Omaha.
Un Mustang du 354th F.G. en maintenance. (Photo : US national Archives)
Cet ALG fut remis au Gouvernement français le 15 septembre 1944. Un peloton du 833rd EAB arriva sur le terrain le 15 octobre pour commencer le démontage et la réhabilitation du site pour le rendre à sa destination d’origine, en pâturages. Comme pour tous les autres aérodromes, quand vous voyez le paysage aujourd’hui, vous ne pouvez vous rendre compte de ce qu’étaient les ALG alors.
[…] (les) 16 ha du sol de France ( Pointe du Hoc) qui furent transférés par acte aux Etats Unis le 11 janvier 1979. Les terres autour du monument où le 2ème Bataillon de Rangers a pris pied sont aujourd’hui américaines.«
Cette photo aérienne prise depuis un bombardier moyen Marauder montre à l’évidence la proximité de tous ces terrains qui devaient être construits très vite, car planifiés à l’avance, alors que les Allemands opposaient une vive résistance dans ce secteur couvert de haies bocagères. A remarquer aussi le nombre de bateaux sur la mer devant Omaha Beach. (Crédit photo : US National Archive)
A 2 fut aussi le premier terrain entièrement équipé de tentes pour le casernement, la maintenance et toutes les commodités nécessaires à une vie un peu moins spartiate que dans les « fox-holes« . L’élargissement sensible d’une route d’accès fut réalisé, un dépôt de ravitaillement et de munitions furent construits ainsi que des réservoirs d’essence et d’eau potable. Une ligne électrique capable d’amener le courant pour assurer les communications et l’éclairage du camp fut installée. Et pourtant les sapeurs du 820th EAB furent pratiquement toujours sous le feu de l’artillerie allemande durant la construction du terrain. Le Lt col. Thomas Trumbull n’en avait cure, il avait une mission à accomplir, même si les pilotes se plaignaient d’avoir à virer à gauche sitôt le décollage sous peine de se trouver directement sous le feu et le territoire ennemis. Cela ne les empêcha pas de terminer la piste en un temps record.
Le 820th EAB faisait partie des 5 bataillons vétérans de l’European Theater of Operations (ETO). Arrivé en Angleterre à l’été 42, cela faisait 2 ans qu’il construisait des aérodromes. Il était donc rompu à ce genre d’exercice.
La vie était cependant rude et les journées de travail extrêmement longues à cette époque de l’année. Le travail commençait sur le coup de 5 heures du matin, aux aurores, et continuait jusqu’à 22 heures à la nuit tombée ! Seul le dimanche était accordé et encore, par roulement. Dure pour le matériel aussi, la poussière omniprésente encrassait les moteurs diesels des bulls qui chauffaient anormalement nécessitant nettoyages et réparations qui se multipliaient à intervalles de plus en plus rapprochés
Complément situation : Pour aller au terrain A 2, prendre la N 13 (pas l’ A 13 qui n’existait pas en 1984) jusqu’à l’intersection avec la D 113 juste à la sortie de La Cambe sur la droite en venant de Paris. Suivre vers le Nord, dépasser Savigny et prendre la route de droite au « Y » vers Cricqueville en Bessin. Juste après se trouve la ferme de « La Branche » sur la droite et tout de suite après, il y a une route secondaire qui oblique à droite menant à la ferme de la Grande Lande (3). Si vous suivez cette route pendant 300 mètres, vous vous trouvez au milieu de la piste. Continuer jusqu’au prochain « Y », prendre à droite sur environ 30 mètres et regarder au sud, vous êtes au bout de cette même piste et à 1 km au sud de Cricqueville.
François Robinard
Notes :
(1) Ce n’était en fait pas tout à fait exact car, pour les premiers d’entre eux, la norme était de 3.600 pieds (1.100 m) pour les chasseurs. Il fut décidé de porter les longueurs à 5.000 pieds pour les chasseurs-bombardiers plus lourdement chargés mais beaucoup plus utiles devant le peu de menace que présentait la Luftwaffe. C’est vraisemblablement en raison de cet allongement que 700 pieds ne reçurent pas de revêtement.
(2) Le terrain fut entièrement terminé le 3 juillet. La date du 17 juin ne concerne que la piste.
(3) La ferme de la Grande Lande se trouvait à proximité immédiate de la piste d’envol et servait d’hébergement pour les mécaniciens.
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Pour plus d’information, nous vous recommandons le livre de François Robinard.
ISBN 9 782840 483274 – Editions Heimdal – Commande directe possible