Lessay ALG A-20

Précisions succinctes apportées par François Robinard, extrait de son livre « 50 aérodromes pour une victoire » – page 237 – (voir ci dessous) avec son aimable autorisation :

ALG « Advanced Landing Ground », pouvant être traduit en français par « Aérodromes de l’avant » dont l’aménagement, au plus prés de la ligne de front, pouvait apporter rapidement un soutien aux troupes engagées.
ALG B : Terrains Anglais – ALG A : Terrains Américains
Codification A-20 nom de code BOOKMARK

Plan du terrain (François Robinard)

Construction par le 830th EAB. Dépend du 925th Engineer Aviation Regiment.
Puis 877th ABN (Airborne Battalion)

Date de début de la construction : 1er août 1944

Date de mise en service opérationnelle : 25 août 1944

Fin d’activité opérationnelle : 28 septembre 1944

Unités présentes sur le terrain :

  • 323rd Bombardment Group (Medium), 9th Air Force/IX Bomber Command/98th Combat Wing. Arrivée du Group étalée du 18 au 31 juillet 1944. Basé, ensuite, à Chartres (transfert effectué entre le 14 et 21 septembre 1944).
    – 453rd Bombardment Squadron (VT)
    – 454th Bombardment Squadron (RJ)
    – 455th Bombardment Squadron (YU)
    – 456th Bombardment Squadron (WT)

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HISTORIQUE

Terrain d’aviation ancien puisqu’il existait en 1927 lorsque Charles Lindbergh lui avait rendu visite peu après sa traversée de l’Atlantique Nord avant de repartir pour les Etats-Unis. C’est en effet à peu près à cet endroit qu’il avait atteint les côtes françaises (un peu plus haut dans la presqu’île, le lieu exact est immortalisé par une plage portant le nom de Lindbergh Plage).
Il fut occupé brièvement occupé par des unités de reconnaissance tactique de la Luftwaffe durant l’Occupation ( 5.(H)/Aukl.Gr.13 puis 12) qui le lui donna ensuite le rôle de terrain de secours. Un travail d’amélioration des installations fut poursuivi, mais aucune unité constituée n’y fut basée après 1940. Il était constitué d’une surface engazonnée de 915 X 915 mètres et aucun taxi-way en dur n’y fut construit. Un seul hangar y fut édifié (il semblerait qu’il existait déjà avant-guerre) et quelques baraquements de casernement. Une ligne de chemin de fer passait à proximité. Deux aires de stationnement permettant le parcage à l’est et à l’ouest d’une douzaine d’avions étaient pourvus de murets (sacs de sable) de protection et il était défendu par 5 positions de flak légère dont certaines étaient montées sur des tours de défense. Des améliorations furent apportées jusqu’au 22 avril 1943 par 125 employés civils puis le terrain fut obstrué par des obstacles défensif et les positions de flak furent abandonnées.
Réduit en champ de bataille lors des combats pour la prise de la presqu’île et du port de Cherbourg. Ce n’était plus qu’un champ de mines et de cratères de bombes lors que les sapeurs du 830th EAB y pénétrèrent le 16 juillet 1944. De nos jours, ce petit terrain d’aviation pour avions de tourisme et avions taxis porte le nom de son légendaire visiteur.

Photo aérienne allemande prise par un Arado 234 à réaction en août 1944. (Crédit Heimdal)

C’est le 7 juillet que débarque sur Omaha le 925th Engineer Aviation Regiment dont fait partie le 830th Engineer Aviation Battalion chargé de remettre en état le terrain de Lessay, dévasté par leurs anciens occupants avant de s’en retirer. Pris sous un tir de barrage de l’artillerie navale à Carentan, le bataillon est obligé de s’abriter dans des vergers de pommiers et quelques blessés seront comptés dans leurs rangs. Ceux-ci seront évacués par avion à partir de l’emergency landing strip de Pouppeville. Quand ils arrivèrent enfin sur le terrain, tout n’était que cratères de bombes et ruines. La devise du bataillon qui était : « get the
damn job done ! » (Faites-moi ce satané boulot !) allait prendre là tout son sens. Remettre tout en état allait prendre du temps et ce n’est que le 1er août qu’allait débuter la construction du terrain proprement dit. Il allait devenir opérationnel le 25 août et le restera jusqu’au 25 septembre. Que de travail pour un seul mois d’utilisation !
Ses 2 pistes croisées allaient accueillir les Marauders du 323rd Bomb Group.

Feuille de terrain originale  issue des plans US

 L’échelon avancé arriva à Lessay le 18 août et le group y était entièrement posé le 31 alors que la bataille de Normandie était terminée. Le choix de baser un Group à cet endroit qui fut un champ de bataille acharnée entre américains et allemands fut contesté car, bien que déminé, il restait encore çà et là des mines et obus qui occasionnèrent des accidents dont un qui fut fatal. Les conditions climatiques s’étant nettement améliorées en cette fin d’été en Europe du Nord-ouest, les conditions de vie sur ce terrain furent particulièrement pénibles, les mouches et les guêpes empêchant les hommes de manger normalement.

Dès leur arrivée sur les pistes en PSP, les B 26 eurent à s’occuper durant 8 jours, conjointement avec les autres Groups de bombardiers moyens, mais aussi des lourds, des poches de résistance de Brest.

Mais du côté de l’Est, la ligne de front avait considérablement avancé et les bombardements se passaient maintenant le long de la Ligne Siegfried en Allemagne. Il devenait donc de plus en plus urgent de trouver une nouvelle base plus proche des objectifs à traiter et c’est ainsi qu’entre le 14 et le 21 septembre, le Group déménagea à Chartres, terrain, lui aussi, entièrement dévasté.

Deux B 26 du 454th Bomber squadron volant en formation serrée. (US National Archives)

Stèle commémorative (Coll François Robinard)

François ROBINARD

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Pour plus d’information, nous vous recommandons le livre de François Robinard.

ISBN 9 782840 483274 – Editions Heimdal – Commande directe possible