Lieux d’atterrissages clandestins

départements de l’Indre et du Cher

1941-1944

Etude de Didier Dubant membre de l'association '' Anciens Aérodromes''

* * *

Cette liste a été établie à partir du Petit Journal de l’exposition :  «Ils atterrissaient les nuits de pleine lune (1941-1944 – Cher et Indre) » (salle de l’Abbaye de Déols : 14 juillet - 31 août 2008). Exposition organisée par l’OFFICE DE TOURISME de DEOLS avec le soutien de la MAIRIE de DEOLS et avec la participation du  Comité du SOUVENIR FRANÇAIS de Déols-Coings.

Introduction

La localisation des différents lieux d’atterrissages clandestins a été effectuée dans le département de l’Indre en 1993 et 1994, à la suite du recueil de témoignages et d’informations d’origine britannique qu’avait patiemment réunis pendant une vingtaine d’année Roger Lequin.

Cet échange fructueux avait eu pour premier résultat la publication par ce dernier, dans la revue d’histoire locale : Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, d’un article intitulé “Les “ Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944) ” (n° 29 à 32, Neuvy-Pailloux - 1994-1995), ainsi que la parution en 1995, dans la même revue, d’un article rédigé par Hugh Verity qui fut du mois de décembre 1942 à novembre 1943, le commandant de l’escadrille “A ” des Lysander de l’Escadre 161 qui effectuait les opérations des nuits de pleine lune.

Depuis, de nouveaux fonds d’archives sont devenus accessibles et d’autres témoignages ont pu être obtenus.

De nombreuses données complémentaires concernant les départements du Cher et de l’Indre peuvent donc être désormais mises à disposition de tous pour mieux comprendre et ne pas oublier les risques qui étaient pris par ces combattants de l’ombre, des hommes et des femmes qui choisirent de risquer leur vie pour chasser l’occupant, du territoire français.

Didier Dubant, Docteur en histoire

Déols, l5 juillet 2008

 

 liste des commmunes mentionnées ( auteur Didier Dubant)

 

                                                                 

Quelques définitions

S.O.E. : le Special Operations Executive (le Service des Opérations Spéciales), plus  couramment désigné par son sigle SOE était un service secret britannique indépendant ayant pour fonction de coordonner les activités subversives et les sabotages dans les territoires occupés par les forces Nazies.

Créé le 19 juillet 1940 et dissout en janvier 1946, le SOE à la différence du SIS (l’intelligence service) dut s’appuyer à l’origine non pas sur des professionnels de l’espionnage, mais sur des hommes et des femmes qu’il fallait former. Ceux-ci devaient impérativement maîtriser parfaitement et sans accent la langue du pays où ils seraient amenés à opérer.

B.C.R.A. : le Bureau central de renseignements et d’action (militaire) désigné par son sigle BCRA (M) était le service de renseignement de la France libre. Le 1er juillet 1940 le général de Gaulle confia au capitaine André Dewavrin (Passy) les 2e et 3e bureaux de l’état-major. Le rôle du 2e bureau consistait à recueillir les informations et les renseignements devant permettre de déclencher d’éventuelles opérations militaires. Le 3e bureau avait pour mission à partir de ces informations de monter des opérations devant affaiblir le potentiel de l’adversaire. Se succéderont ensuite les dénominations SR (le Service de Renseignements de l’armée française), puis en janvier 1942 le BCRA (M) qui se transformera à partir de l’été 1942 en simple BCRA.

Dans le cadre des opérations de Pick-Up (ramassage) le SOE et le BCRA étaient amenés à coopérer, les britanniques ayant via la Royal Air Force le contrôle exclusif de la programmation des activités aériennes.

               «Spirit of Partnership » : l’esprit de coopération : le mémorial de la section F du S.O.E. à Valençay.

               

                Le 6 mai 1991 a eu lieu à Valençay, l’inauguration du Mémorial de la section F (française) du S.O.E. : Special Operations Executive (le Service des Opérations Spéciales) sous la présidence du secrétaire d’Etat aux anciens combattants André Méric et en présence de la Reine-Mère Elisabeth d’Angleterre.

 

                L’idée de l’édification de ce monument est due à Pearl Cornioley et Paul Guerbois. L’architecte en est Jean-Pierre Caillaudeau et le sculpteur Elisabeth Lucas Harrison.

 

                La date de l’inauguration et le lieu d’implantation du monument  ont été choisis pour rappeler l’arrivée en parachute sans comité  d’accueil,  le 6 mai 1941,  du  premier  agent  de liaison du  S.O.E., Georges  Bégué, dans  un  champ au  lieu-dit “Vornault ” au nord-est de Vatan entre Reboursin et Meunet-sur-Vatan, non loin de Valençay.

 

                Les noms de 104 agents de la section française du S.OE. (91 hommes et 13 femmes) sont inscrits sur une plaque proche du monument.

 
Mémorial de la section F du S.O.E. à Valençay
 
(collection Didier Dubant)

                                                

Témoignage de Hugh Verity :

Ces missions clandestines étaient décidées après coordination étroite entre les quartiers généraux des services secrets, le Ministère de l’Air et les responsables de la base des Escadres Spéciales à Tempsford au nord de Londres.

A Tangmere, près de Chichester, au sud de l’Angleterre, l’escadrille “Pick-Up ” reçoit des ordres dactylographiés, avec photos aériennes des terrains prévus pour les atterrissages.

La date précise du vol dépendait des prévisions météo et de la décision de l’officier responsable à Tempsford. En France, par le jeu des “câbles ” chiffrés que reçoit le radio (il ou elle a été formé(e) en Angleterre) et des messages personnels de la radio anglaise, la BBC, le réseau est informé, très précisément, de la date de l’opération.

Les avions utilisés par l’escadrille “Pick-Up ” étaient soit des monomoteurs Westland Lysander avec train d’atterrissage fixe, soit des bimoteurs Lockeed Hudson avec train escamotable.

A bord du Lysander, aux commandes, un seul homme, le pilote qui doit assurer également la navigation. A l’arrière, séparé du pilote par un réservoir d’essence et d’huile, un habitacle très restreint dans lequel pouvaient se loger deux ou trois passagers, parfois, serrés comme des sardines dans leur boîte !

Le Hudson, lui avait un équipage de trois hommes : le pilote, le navigateur et un radio/mitrailleur ; il pouvait accueillir assez confortablement jusqu’à dix passagers.

Au sol, le balisage en “L renversé ”, était, pour le Lysander, de trois torches disposées sur cent-cinquante mètres, dans un champ dégagé d’une longueur minimum de cinq-cents mètres.

Pour le Hudson, dont la vitesse d’atterrissage était d’environ cent-trente kilomètres à l’heure, il fallait cinq torches sur quatre-cent-cinquante mètres et un terrain d’au moins mille mètres.

Aujourd’hui, les pilotes sont guidés par des systèmes de navigation électroniques et des radars. Pour le pilote de Lysander, la navigation était beaucoup plus sommaire. Nous avions une montre, un badin, une boussole, une carte et nos deux yeux seulement guidés par la clarté très incertaine de la lune »

( Passage tiré de VERITY Hugh - Les “ Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944). 1940-1944 : vols de nuit vers des champs secrets 161ème Squadron Royal Air Force. Bulletin Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et Aujourd’hui n° 33, 1995 pages 13, document reproduit avec l’aimable autorisation de l’association des Amis de Neuvy-Pailloux).

  Hugh VERITY fut du mois de décembre 1942 à novembre 1943, le commandant de l’escadrille “A ” des Lysander de l’Escadre 161.

Maquette représentant un Lysander en opération (collection Didier Dubant)
*

Liste concernant le département de l’Indre

Commune de Bretagne

                Dans la nuit du 16 au 17 juin 1943, le Lysander du lieutenant Peter Vaughan-Fowler se pose dans le cadre de l’opération ESTHER à deux kilomètres au sud-est du village de Bretagne dans le département de l’Indre. Deux passagers montent dans l’appareil dont Pierre-Jean Herbinger (alias “Brissac ”), qui est le patron du réseau Mithridate.

 Commune de Brion

                Dans la nuit du 22 décembre 1942 un nouveau terrain est utilisé par le lieutenant-colonel Charles Pickard dans le cadre de l’opération LOBSTER/CUTTLEFICH. La réception au sol est assurée par Jacques Voyer du réseau “Sol ” (une des ramifications du réseau “Ronald ”). Le terrain “Vautour ” se situe à quatre kilomètres au sud-ouest du village de Brion (Indre).

                La localisation précise du lieu d’atterrissage n’est pas assurée. Celle autorisée par Londres se trouve proche de la limite communale séparant Vineuil de Brion et est par conséquent très proche du terrain du Grand Vignol, également désigné sous le nom de Les Vignots, situé sur la commune de Vineuil et utilisé comme terrain d’appoint en mai et juin 1940 par l’aviation française.

                Arrivent deux agents : Jean-Pierre Deshayes (alias “Rod ”), chargé par le B.C.R.A. d’organiser : “La voix du nord ” et “Libre Nord ”, deux réseaux chargés des opérations aériennes et des sabotages et Georges Ledoux (alias “Sol A ”). Partent deux agents Pierre Queuille et Guy Chaumet.

 Commune de Déols

Nuit du 11 avril 1941, terrain de la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud Ouest. Un Lysander piloté par le capitaine F.M. Gordon Scotter se pose :  Le lieutenant “Cartwright ”, agent pour cette opération, monte  à bord.

 

Le 13 septembre 1944, le commando  américain,  O.S.S. “Patrick ”, composé de vingt-cinq hommes , dirigé par le lieutenant-colonel Obolenski (ou Oblinski), repart à bord d’un Douglas C-47, depuis la base aérienne de la Martinerie, à l’ouest de Châteauroux, base qui venait d’être réinvestie depuis quelques jours par les forces allemandes remontant du sud-ouest de la France et traversant les départements de l’Indre et du Cher. Les hommes se contentèrent de sécuriser pendant quelques instants la piste le temps que l’avion se pose et décolle sous les yeux de quelques soldats allemands ébahis.

Entrée de la S.N.C.A.S.O. de Déols (collection Didier Dubant)
 

Commune du Blanc

                Dans la nuit du 27 au 28 juillet 1944, dans le cadre de l’opération TENERIFE, un bimoteur Hudson (ayant pour équipage le lieutenant-Colonel Alan H.C. Boxer, les capitaines McMillan, L.G.A. Reed et Johns, ainsi que le lieutenant T. Helfer) se pose sur le terrain de l’aérodrome du Blanc qui se trouve à environ soixante kilomètres à l’ouest sud-ouest de Châteauroux. L’appareil amène deux agents et deux tonnes de matériel pharmaceutique. Montent à bord quatre personnes, dont le Major Ronald Parkinson (avec une jambe cassée), ainsi que le commandant J. Vermeulen, qui appartiennent tous les deux au Jedburgh Team Andy, Carl Bundgaard le pilote d’un P-51 Mustang tombé à Buzançais le 4 juillet 1944 et un autre pilote d’un appareil abattu.

 

                Sur le même terrain dans la nuit du 23 au 24 août 1944 un bimoteur Douglas C-47 se pose. En descendent trois officiers des Forces Françaises de l’Intérieur : l’aspirant Albert Blain (alias “Alvéole ”), l’aspirant Pierre Lefranc (alias “Artériole ”) qui sera en 1959 chargé de mission au cabinet du général de Gaulle, puis conseiller technique au Secrétariat général avant d’être Préfet de l’Indre de juillet 1963 à septembre 1965 et Marc Savigny (alias “Astragale ”).

 

                L’avion amène également un matériel imposant. Un chargement de mitrailleuses lourdes (Vickers), des mortiers lourds (de trois pouces) et des munitions demandés par le commando O.S.S. “Patrick ”. Ce commando américain de vingt-cinq hommes dirigé par le lieutenant-colonel Obolenski (ou Oblinski) avait été parachuté non loin du Blanc dans la nuit du 14 août 1944 en soutien de l’opération Anvil, le débarquement dans le sud de la France. Dès le 16 août 1944, la mission du groupe “Patrick ” : prendre le contrôle, puis protéger l’usine hydroélectrique du barrage d’Eguzon (Indre), qui  alimentait en force électrique Paris, avait été pleinement réussie avec l’aide de la résistance locale. Mais pour tenir la zone du barrage et assurer une résistance statique, le commando avait besoin d’un armement lourd, d’où cette livraison urgente.

 
Maquette d’un bimoteur Douglas C-47
 
(collection Didier Dubant)

                Le lendemain dans la nuit du 24 au 25 août 1944 une autre opération aurait été prévue avec l’atterrissage, toujours sur le terrain du Blanc, de deux Douglas C-47, le premier ramenant un autre cadet de la France libre : l’aspirant André de Ganay (alias “Solénoïde ”). Le second appareil, piloté par le capitaine William Stapel, arrivant sur une partie où le sol était trop mou serait passé sur le nez, ce qui avait nécessité la venue de l’équipe de dépannage du capitaine King. L’avion put repartir une fois réparé.

                Dans l’après-midi du 8 septembre 1944, dans le cadre de l’opération DONCASTER un Douglas C-47A, ayant pour équipage le Lieutenant-Colonel McManus pilote (commandant du 788th Squadron des Carpetbaggers, le Lieutenant Sam Goldsmith co-pilote, le captain A. B. Miller navigateur, le S/Sgt. Frank Cromp radio et le Lieutenant Charles Pou accompagnateur et reporter, se pose à son tour sur le terrain du Blanc. Il dépose 1.500 kilogrammes de munitions et d’armement, 900 kilogrammes de matériel divers et a comme passagers trois agents. L’avion repart du Blanc à 21h28.

                22 septembre 1944, un Hudson repart du terrain du  Blanc avec les officiers de l’équipe Jedburgh «HUGH».

 

Commune de Lizeray

                Dans la nuit du 28 au 29 Avril 1944 deux Lysander pilotés respectivement par le capitaine Robert Taylor et le commandant Len F. Ratcliff se dirigent, dans le cadre de l’opération CHARBONNIER pour le compte du réseau Ecarlate (Félix Guilcher), vers un terrain situé à un kilomètre au sud sud-est du hameau de Patrigeon commune de Lizeray (Indre), à trois kilomètres à l’ouest du village de Lizeray. Le capitaine Robert Taylor, ayant des ennuis de moteur, fait demi-tour et seul le commandant Len F. Ratcliff se pose. Trois agents dont Richard Landsell descendent de l’appareil qui emporte pour son voyage de retour cinq gros colis, en fait des sacs de courriers.

                Dans la nuit du 2 au 3 juin 1944 dans le cadre de l’opération CAMARADERIE  pour le compte du réseau Ecarlate (Félix Guilcher), le capitaine George Turner se pose sur un terrain voisin du précédent, mais situé à seulement un kilomètre cinq cents à l’ouest nord-ouest du village de Lizeray. Trois agents descendent de l’appareil. Le Lysander repart avec un seul passager le commandant Lafont (alias “Verneuil ”) membre de l’O.R.A. (Organisation de Résistance de l’Armée). Ce dernier emmène avec lui un schéma donnant l’emplacement exact des formations de l’Armée allemande en France, à la veille du jour J.

 

Commune de Ménétréols-sous-Vatan

                Dans la nuit du 1er au 2 mars 1942, dans le cadre de l’opération CREME, le Lysander du lieutenant Guy Lockhart se pose sur la commune de Ménétréols-sous-Vatan (Indre), à sept kilomètres et demi au sud de l’agglomération de Vatan, à deux kilomètres et demi à l’ouest du domaine de Villeneuve et à vol d’oiseau à deux kilomètres au nord-ouest du domaine des Lagnys qui est situé sur la commune de Saint-Valentin. Il vient prendre deux passagers : Stanislas Mangin et Louis Andlauer et laisse un paquet. C’est Jean Faillon, l’exploitant du domaine des Lagnys, qui hébergea les deux hommes avant leur départ. L’opération de la nuit du 1er au 2 mars 1942 fut organisée pour le compte du réseau “Ali-Tyr ”, une des ramifications du réseau “Ronald ”.

                Dans le même secteur, le terrain “Faucon ” est utilisé dans la nuit du 26 au 27 avril 1942 par le lieutenant Guy Lockhart dans le cadre de l’opération GAZELLE toujours pour le compte du réseau  Ali-Tir ”. L’opération est demandée par Edgart Tupet, mais c’est Gaston Tavian (alias “Collin ”) qui assure la réception au sol alors qu’il n’a reçu aucune formation.  Le Lysander amène un passager Pierre Beech (alias “Gazelle ”) qui vient rejoindre le réseau  Ali-Tir ” comme opérateur-radio et repart avec deux agents : Gaston Tavian lui même et le lieutenant de vaisseau Mariotti (alias “Rousseau ”).

                Cette opération faillit tourner à la catastrophe comme l’indique le pilote Guy Lockhart : “Malheureusement le terrain d’atterrissage  était sur une éminence et je fis un bond. Le moteur commençait à brûler. Je coupai le contact... ... au bout de six à sept minutes les flammes s’éteignaient. Je remis le moteur en marche et roulait jusqu’à la lumière A ”.  Après cet incident toute demande de réception d’un vol par un agent non formé préalablement en Angleterre fut refusée. Gaston Tavian une fois formé revint aux Lagnys lors de l’opération SHRIMP dans la nuit du 29 au 30 mai 1942.

                Lors de cette nuit du 29 au 30 mai 1942, le Lysander piloté par le commandant Alan Murphy dépose outre Gaston Tavian, également Jacques Pain et embarque Edgard Thome (alias “Tupet ”), et Philippe Roques.

                Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1942 la première tentative de doublé Lysander fut tentée en direction du terrain des Lagnys. Mais les Lysander ne purent se suivre dans les nuages et l’opération fut annulée.

                Dans la nuit du 22 au 23 novembre 1942 les deux Lysander du lieutenant-colonel Charles Pickard  et du capitaine John Bridger dans le cadre de l’opération SKATE/SQUID déposent deux agents : Lardy et Denviollet (un opérateur-radio devant assister Jean Moulin) et en embarquent trois : Gaston Tavian (alias “Collin ”), Georges Descroizette et Philippe Serra (alias “ Morisot ”). C’est le premier doublé Lysander officiellement réussi.

                Nuit du 2 à 3 mars 1944, reprise des opérations sur le terrain, cette fois pour le compte du réseau Mithridate. Le Lysander piloté par le capitaine Murray Anderson dans le cadre de l’opération GITANE dépose deux passagers W.-J. Savy, Eileen Nearne et en prend deux Georges Lovinfosse et Maurice Durieux.

 

Commune de Neuvy-Pailloux

Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1941 sur un terrain situé au sud de la ferme des Petites Fontaine, un Lysander piloté par John Nesbitt-Dufort se pose. Monte à bord l’agent du S.O.E. Jacques Vaillant du Guelis, chef de la section française du S.O.E. chargé des opérations clandestines en France. Le major Vaillant du Guélis, arrivé au mois d’août 1941 venait d’homologuer dans les environs en compagnie de l’ancien député de l’Indre Max Hymans plusieurs terrains propices à des atterrissages de nuit.

Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1943, un autre terrain dénommé “Alhambra ” est utilisé sur la commune  de Neuvy-Pailloux

Emplacement du terrain au sud de la ferme des Petites Fontaines
(Collection Didier Dubant)

Deux Lysander pilotés respectivement par le capitaine Stephen Alers Hankey et le lieutenant James McAllister McBride effectuent l’opération DIABLE sur le terrain “Alhambra ”, à six kilomètres au nord du village de Neuvy-Pailloux, au lieu-dit Les Grands Peyroux. Six personnes dont Georges Charaudeau, le chef du réseau Alibi de l’I.S. (Intelligence Service) descendent des deux appareils et quatre personnes embarquent : Albert Kohan (du réseau Nestle), Jacques Tayar (premier adjoint du réseau  de transmission Electre), Marcel Sandeyron (du réseau Unter) et un agent féminin “Atalas ” (du réseau Amarante). Les pilotes des deux avions et deux des quatre passagers se tueront au retour en tentant d’atterrir dans un brouillard venant tout juste de s’abattre au sol en Angleterre. Le capitaine Stephen Alers Hankey entraînera dans la mort ses passagers Albert Kohan et Jacques Tayar en tentant de rejoindre le terrain de déroutement de Ford, un terrain de la marine proche de Tangmere. Marcel Sandeyron et l’agent féminin “Atalas ” qui eux se trouvaient dans l’appareil du lieutenant McAllister McBride survécurent, bien que fort traumatisés, au crash de leur appareil dans la ligne d’approche du terrain de Tangmere à deux kilomètres du début de la piste, dans la mesure où ils virent l’avion brûler avant l’arrivée des secours.

                Le même terrain est utilisé dans la nuit du 4 au 5 février 1944 dans le cadre de l’opération ROUMANIE, opération menée conjointement par les réseaux Ecarlate et Azur. La réception au sol est assurée par Félix Guilcher (alias “Romain ”) et son adjoint Jean-Baptiste Benech (alias “Germain ”), qui tous deux sont bretons. Ils sont assistés localement de Lucien Germereau de Châteauroux et leur radio est Marc Picamelot (alias “Maxime ”),

                Les deux Lysander respectivement pilotés par le capitaine Leslie Whitaker et le capitaine Murray Anderson déposent cinq personnes dont Robert Wackherr envoyé par le B.C.R.A. pour créer et commander le réseau Pourpre et Marcel Sandeyron de retour après son stage de formation (il organisera le réseau Azur). Embarquent trois personnes dont un inspecteur de police venant de Lyon et Louis Marin du réseau Ecarlate.

                Dans la nuit du 3 au 4 mai 1944, le lieutenant Per Hysing-Dahl dans le cadre de l’opération PIPE dépose sur le terrain “Alhambra ” deux agents et en embarque deux, à moins que l’opération n’ait en réalité eu lieu sur le terrain situé à un kilomètre au nord-est de Ségry.

 

Commune de Saint-Aubin  -  L’ancien aérodrome du Fay

A sept kilomètres au sud-est de la ville d’Issoudun (Indre) se trouve l’emplacement d’un ancien aérodrome militaire de l’été 1940 Ce terrain situé au lieu-dit Le Fay, sur la commune de Saint-Aubin et contigu au village de Ségry fut utilisé à plusieurs reprises pour des opérations clandestines.

La première opération eut lieu dans la nuit du 28 janvier 1942. Vers 22h05 heure anglaise, le capitaine John Nesbitt-Dufort dépose, dans le cadre de l’opération BERYL II, sur l’ancien terrain d’aviation du Fay un agent (André Simon) et prend deux passagers avec bagages : Maurice Duclos (alias “Saint-Jacques ”),un des officiers de l’Etat-major personnel du général de Gaulle chargé d’établir un réseau de renseignement en France occupée et un agent de liaison, le lieutenant Mitchell envoyé précisément afin d’assurer le retour en Angleterre dans de bonnes conditions de “Saint-Jacques ”.

L’aérodrome du Fay (Collection Didier Dubant)
L’atterrissage d’urgence au Coudray (Cher) : sur le chemin du retour, qui passe au-dessus de la Zone Occupée, une mince couche de glace commença à se former sur le pare-brise et le bord d’attaque de l’aile du Lysander. Tenant compte de la qualité de ses passagers ainsi que de leurs bagages, son carburant diminuant, et, ne réussissant pas à franchir le front froid qui lui barrait l’horizon vers l’ouest le pilote trouva préférable de revenir en France non occupée, afin d’effectuer un atterrissage forcé aux environs de Châteauroux. Ne souhaitant pas se poser à nouveau sur le terrain du Fay et pensant être à l’ouest d’Issoudun, le pilote tente dans l’obscurité un atterrissage d’urgence en plein champ. Il se pose le 29 janvier 1942, à 2h10 du matin heure anglaise, en zone libre, au lieu-dit Le Coudray (commune de Civray dans le département du Cher). Malheureusement, faute d’avoir pu apercevoir une route et le fossé qui la précède, l’atterrissage se termine en pylône

 Le Coudray, l’emplacement où le Lysander termina en pylône

 
(Collection Didier Dubant)
 

 

                Dans la nuit du 28 au 29 mai 1942, un atterrissage organisé pour le compte de l’Intelligence Service (I.S.) a lieu sur le terrain de l’ancien aérodrome du Fay, sous la responsabilité du réseau Jade Fitzroy, dont le chef, Claude Lamirault, assura lui même le balisage. Mais le jeune pilote, le capitaine A. John Mott, dépasse la limite fixée et embourbe son Lysander (V9595), dans un terrain voisin récemment labouré, à l’extrémité nord du site, plus précisément à la pointe sud-ouest du bois de Théry.

                Le pilote, son unique passager Alex Nitelet (radio du réseau d’évacuation belge Pat relevant du MI 9) et Claude Lamirault réussissent à quitter rapidement les lieux, sans toutefois parvenir à incendier l’avion. Moins chanceux l’adjoint de Lamirault, Pierre Hentic (alias “Tréllu ”) qui venait de donner ses papiers d’identité au pilote John Mott pour l’aider dans sa fuite, est intercepté par les gendarmes du poste de gardiennage du terrain d’aviation, gardiennage qui avait été renforcé suite au passage sur place ce même jeudi 28 mai 1942 en matinée du Maréchal Pétain.

                Le terrain de l’ancien aérodrome militaire du Fay, est à nouveau utilisé dans la  nuit du 30 avril au 1er mai 1944, pour l’opération ORGANIST. “L’agent responsable  du terrain est Alexandre “Shaw ”. Les deux lysander pilotés respectivement par le capitaine Bob Large et le lieutenant John-Perry Alcock déposent trois agents dont Dupuis (alias “ Pharaon ”) et en embarquent trois dont Violette Szabo et Philippe Liewer.

 

Commune de Saint-Maur

                Dans la nuit du 9 au 10 avril 1944 a lieu sur un terrain situé à cheval sur les communes de Saint-Maur et Villers-les-Ormes, juste au nord des bâtiments du domaine des Galéteries, l’opération CHAUFFEUR. Ce terrain (nom de code “Billiard ”) est très proche de celui qui avait été utilisé sur la commune de Villers-les-Ormes lors des opérations FLORIDE (nuit du 21 au 22 juillet 1943) et SOUVENIR (nuit du 20 au 21 septembre 1943).

Le pilote du Lysander fut le capitaine Robert Taylor. Descendent de l’avion : Lise de Baissac, Philippe de Vomécourt, Arnaud de Vogüé. Embarquent trois agents du S.O.E. Jacqueline Nearne, Josette Southgate (épouse de Maurice Southgate qui assure le balisage du terrain) et William Savy (alias “Régis ”).

 

Commune de Saint-Valentin

                Dans la nuit du 4 au 5 août 1944 dans le cadre de l’opération PIROGUE, pour le compte du réseau Ecarlate (réception au sol par Félix Guilcher - alias “Romain ”), deux Lysander pilotés respectivement par les lieutenant Peter Arkell, et John-Perry Alcock prennent la direction de la France. Félix Guilcher ne verra se poser au sud de la Ferme des Dormes, sur la commune de Saint-Valentin, qu’un seul appareil. Deux agents descendent du Lysander de Peter Arkell et trois embarquent dont Mlle Thierry-Mieg et Léon Dupont.

                L’autre appareil, celui de John-Perry Alcock fut abattu vers 22h00 (la nuit était tombée) sous les yeux du lieutenant Peter Arkell au-dessus de Messac en Ille-et-Vilaine, le soir du 4 août 1944, provoquant la mort du pilote et de son passager Lucien Germereau, membre du réseau Ecarlate. L’avion est tombé à sept cents/huit cents mètres de la ferme de la Patouillais.

                Le Lysander IIIA -161 Squadron - V9748-MA-D, piloté par John Perry Alcock qui était à l’époque âgé de trente ans,  ne fut pas abattu par un chasseur de nuit allemand, mais victime d’une méprise. Un bimoteur Mosquito du 410e Squadron de chasse de nuit de la RCAF (unité, de la Royal Canadian Air Force assurant la défense aérienne de nuit de la Grande Bretagne et des forces alliées dans la partie nord-ouest de l’Europe, basée à l’époque à Colerne dans le Wiltshire) attaqua le Lysander le prenant pour un Hs. 126 allemand.

 

Commune de Segry

                Le pilote John Nesbitt-Dufort, le lieutenant Roger Mitchell, Maurice Duclos (alias “Saint-Jacques ”), furent récupérés dans la nuit du 1er au 2 mars 1942, ainsi que le général Julius Kleeberg (alias “Tudor/Zaremski ”) dans le cadre de l’opération BERYL III, effectuée depuis un terrain situé à un kilomètre et demi au nord-est du bourg de Ségry grâce à l’atterrissage du bimoteur Anson, R3316, piloté par le Squadron Leader (le commandant) Alan Murphy “Sticky ”. De toute la guerre ce fut l’unique opération réalisée avec ce type d’appareil.

                Au moins deux opérations furent organisées à partir d’un autre terrain sur la même commune de Segry, par le réseau de renseignements Alliance rattaché au à l’I.S. (Intelligence Service).

                Dans la nuit du 3 au 4 mars 1944, deux Lysander pilotés par le lieutenant Per Hysing-Dahl et le Lieutenant Douglas D.S. Bell dans le cadre de l’opération FRAMBOISE sont au départ de Tangmere afin de rejoindre un terrain situé à un kilomètre cinq cents au nord-est du village de Ségry, sur cette même commune de Ségry au lieu dit La Grande Pièce.

                Douglas D.S. Bell transporte deux passagers le comte Elie de Dampierre (alias “Berger ”) et Robert Lorilleux (alias “Icarus ”). Le moteur de son Lysander ayant donné des signes de défaillance près de Lisieux (14) celui-ci rebrousse chemin, mais à quelques kilomètres au large les difficultés sont telles qu’il est obligé de revenir vers la terre ferme et de chercher à effectuer un atterrissage en catastrophe. Il touche le sol durement vers vingt-deux heures cinquante près de Plumetot en Basse Normandie.  Le lieutenant Douglas D.S. Bell et le comte Elie de Dampierre seront évacués depuis le terrain “Signac ” situé à quatorze kilomètres à l’est d’Angers à deux kilomètres au sud sud-ouest de Corné en Maine-et-Loire dans la nuit du 14 au 15 mars 1944.

                Le capitaine Per Hysing-Dahl arrive sur le terrain de Ségry, dépose deux agents et en reprend deux  (VERITY 1999 p. 215).

                Toujours sur le même terrain, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1944 le Lysander du lieutenant Per Hysing-Dahl est réceptionné par Félix Svagrowsky dans le cadre de l’opération FUREUR. Un agent, Stéphane Hessel, descend de l’appareil et deux montent à bord : Louis Marin et probablement Guy Jafflin du réseau Mithridate.

 

Commune du Tranger

                Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1943 deux Lysander respectivement pilotés par le lieutenant James McCairns et le lieutenant James Bathgate se posent sur le terrain “Baleine ” dans le cadre de l’opération CADEAU. La réception  au sol est assurée par Félix Svagrovsky. Le terrain se situe à trois kilomètres au nord-est du village du Tranger (Indre) à cinquante kilomètres au nord-ouest de Châteauroux. Descendent des deux appareils six agents dont André Boyer, Gaston Deferre, Jean Guyot et le général Gentil ; embarquent six personnes non identifiées.

 

Commune de Villers-les-Ormes (voir aussi la commune de St-Maur)

                Dans la nuit du 21 au 22 juillet 1943 dans le cadre de l’opération FLORIDE  effectuée pour le compte du réseau Castille et dirigée au sol par Félix Svagrovsky, deux Lysander pilotés respectivement par le commandant Hugh Verity et le capitaine Peter Vaughan-Fowler déposent trois agents : dont le commandant Achille Peretti qui était parti le 13 juin 1943 depuis le terrain “Planete ” à Luzillé (37) à la place de Frank Anglauer (alias “Antoine ”) pour le compte du réseau Ali dans le cadre de l’opération LOUISIANE également organisée par Félix Svagrovsky. Un autre agent déposé est Jacques Tayar (alias “Cazenave ”). Embarquent sept personnes dont Maurice Andlauer (qui était déjà parti pour Londres dans la nuit du 1er au 2 mars 1942 depuis Ménétréols-sous-Vatan), madame Jacques Robert accompagnée de ses deux enfants Marianne trois ans et Chantal six ans.

                Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1943 dans le cadre  de l’opération SOUVENIR, le terrain de Villers-les-Ormes est à nouveau utilisé pour le compte du réseau Castille avec Félix Svagrovsky à la réception. Le Lysander piloté par le lieutenant James Bathgate prend pour le voyage du retour quatre agents dont André Boyer (alias “Brutus ”) qui n’est autre que le responsable du réseau Brutus, son adjoint Gaston Deferre (alias “Denvers ” ) et un colonel.      

Le départ de Gaston Deferre cette nuit là pose problème dans la mesure où il a déjà embarqué dans un Lysander à destination de Londres dans la nuit du 11 au 12 septembre 1943 à partir d’un terrain situé sur la commune de Bussy dans le Cher. André Boyer selon les archives du réseau serait rentré quinze jours plus tard ce qui correspond bien avec la date du 20 au 21 septembre 1943, par contre  Gaston Deferre serait de son côté parti pour Alger et aurait rejoint Londres depuis l’Algérie avant de revenir en France à une date qui pourrait tout à fait correspondre à l’atterrissage de la nuit du 8 au 9 novembre 1943 sur le terrain “Crevette ” à Bussy.

 

Liste concernant le département du Cher

Commune de Bussy

                Dans la nuit du 14 au 15 août 1943 deux Lysander pilotés respectivement par le lieutenant Peter Vaughan-Fowler et le lieutenant James McCairns se posent sur le terrain “Crevette ” au sud de Bourges à cinq kilomètres-et-demi au nord-est de Dun-sur-Auron, au lieu-dit la Chaussée, sur la commune de Bussy, près de la RN76. Trois personnes descendent des deux Lysander et cinq y montent dont Félix Svagrovsky qui a assuré la réception au sol.

                Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1943 deux Lysander pilotés respectivement par le capitaine R.W.J. Robin Hooper et le lieutenant James McCairns parviennent à déposer, dans le cadre de l’opération CALIFORNIE, six agents dont Félix Svagrovsky et embarquent six agents dont Gaston Deferre.

                Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1943 deux Lysander pilotés respectivement par le commandant Hugh Verity et le lieutenant James-McAllister McBride se posent sur le terrain “Crevette ” dans le cadre de l’opération CANADA (responsable au sol Félix Svagrovsky). Descendent des deux appareils six agents dont Gaston Deferre et embarquent six agents.

                Dans la nuit du 10 au 11 février 1944 deux Lysander pilotés respectivement par le lieutenant John Waltr McDonald et le lieutenant Douglas D.S. Bell, se dirigent vers le terrain de Bussy dans le cadre de l’opération SERBIE. Une fois de plus, c’est Félix Svagrovsky qui assure la réception au sol pour le compte du réseau Amarante. En dépit de la mauvaise visibilité, les deux pilotes se retrouvent au-dessus de Vierzon (Cher) à 23h15, il n’y avait plus que quelques minutes de vol à effectuer  pour rejoindre le terrain. Agé de vingt six ans, le jeune australien John Waltr McDonald devait atterrir le premier. Après avoir manqué deux approches Douglas Bell voit l’avion de McDonald (le Lysander V9822 – MA-E) aborder le terrain trop vite, basculer puis s’enflammer brusquement bien au-delà de la piste. Le balisage au sol s’éteignit, Bell estima qu’attendre ne servait plus à rien et prit le chemin du retour avec cette triste nouvelle à annoncer

                Le pilote du Lysander John Waltr McDonald fut tué dans l’accident, son corps repose toujours dans le petit  cimetière communal de Farges-en-Septaine (Cher), à une quinzaine de kilomètres du terrain tragique. Quant aux trois passagers, le belge Willy Josset, un officier français et le lieutenant Lacroix, seulement blessés, ils furent dirigés vers Saint-Just, situé à une dizaine de kilomètres sur la RN76 en direction de Bourges, Commune de Chavannes

                Dans la nuit du 25 au 26 novembre 1942 un Lysander piloté par le lieutenant James McCairns se pose sur le terrain “Univers ” sous la responsabilité au sol du lieutenant Harrow dans le cadre de l’opération PIKE/CARP/RUFF à vingt-cinq kilomètres au sud de Bourges (Cher), à huit-cent-quatre-vingt mètres au nord du village de Chavannes (Cher), au lieu-dit “Champs aux Moines ”. Il dépose deux saboteurs dont J.F. G. Loncle et embarque trois personnes : le colonel François de Linares (adjoint du Général Girault), le lieutenant Vellaud et Mr. Blum-Picard le directeur général des Mines de Montluçon (03).

                Dans la nuit du 17 au 18 décembre 1942 le terrain est à nouveau utilisé pour poser le Lysander du lieutenant Guy Lockhart,  cette fois pour le compte du réseau Action R6. Descendent de l’avion deux agents : Louis Kerjean et Jean Simon, ainsi que dix-huit colis contenant de l’argent et des postes-émetteurs. Embarquent deux agents dont le commandant Marchal.

                Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1943 le terrain “Univers ” sur la commune de Chavannes (Cher) est à nouveau utilisé pour le compte du Réseau Action R6 “Durham ”. Le commandant Hugh Verity y pose son Lysander pour prendre un seul passager Albert van Wolput.

                Dans la nuit du 3 au 4 mars 1944 deux Lysander respectivement pilotés par le capitaine Murray Anderson et le capitaine Leslie Whitaker dans le cadre de l’opération FANTOME, réalisée pour le réseau Pourpre se posent à vingt-cinq kilomètres au sud de Bourges, à huit cents mètres au nord nord-ouest du village de Chavannes, au lieu-dit “Champs aux moines ”. En fait cet emplacement n’est autre que l’ancien terrain “Univers ” qui est réactivé. Robert Wackherr (alias “Lecomte ” ), agent de liaison du CND a pris la direction du réseau Pourpre dans le Cher en février 1944.

                Des deux Lysander descendent quatre agents dont Henri Gorce (alias “Franklin ”), F. Bistos (alias “Frank ”) et Commelor. Partent six agents : Jean Lacroix (gravement brûlé lors du crash de l’avion du lieutenant John Waltr McDonald, sur la commune de Bussy (Cher) dans la nuit du 10 au 11 février 1944), Achille Peretti, Bouchinet-Sereulles (délégué du Général de Gaulle), la femme du général Cochet, Parizot et Chancel.

                Dans la nuit du 9 au 10 avril 1944 le Lysander du capitaine Murray Anderson se pose à nouveau sur le même terrain toujours pour le compte du réseau Pourpre. Il dépose trois agents et en prend trois dont Mlle Hartman et Louis Marin (membre du Conseil National de la Résistance). Un doublé était prévu, mais le deuxième appareil ne fut pas en état de décoller.               

                Dans la nuit du 5 au 6 août 1944, le commandant Len F. Ratcliff, réceptionné par Robert Wackherr pose son Lysander sur le terrain. Deux agents en descendent. Monte à bord un aviateur américain fugitif, abattu près de Bourges : R. Murphy.

Commune de Primelles

                Dans la nuit du 26 au 27 janvier 1943 le Lysander du lieutenant-colonel Charles Pickard se pose dans le cadre de l’opération ATALA sur le terrain “Marabout ” à l’est d’Issoudun, à trois kilomètres du Grand Malleray, au lieu-dit “La Pièce des Usages ” en bordure de la départementale 99, face à la ferme de Maurepas sur le territoire de la commune de Primelles dans le département du Cher.

Arrivent deux agents : Pierre Brossolette (conseiller politique du Général de Gaulle) et Jacques Robert (alias “Denis ”). Partent : René Massigli et André Manuel, l’adjoint de Passy.

                Dans la nuit du 24 au 25 février 1943, puis dans la nuit du 26 au 27 février 1943 Hugh Verity à bord de son Lysander D comme Dog aurait dû ramener Jean moulin sur le terrain “Marabout ” (le nom de code de la mission était ECLIPSE). Mais la première fois il ne put atterrir à cause d’un brouillard trop épais et la seconde à cause de la non perception du signal correct, suivie immédiatement du signal de danger.

                Après une première tentative dans la nuit du 20 au 21 mai 1943, c’est dans la nuit du 21 au 22 mai 1943 que le capitaine John Bridger pose son Lysander sur le terrain “Marabout ”. La tentative précédente ayant échoué à cause du brouillard au-dessus de la zone d’atterrissage, le comité de réception utilisa cette fois un phare de voiture pour guider l’avion dans le brouillard. Furent déchargés de l’avion cinq colis (des armes, des émetteurs-radio et une forte somme d’argent). Embarquèrent le colonel aviateur Français René de Vitrolle et l’inspecteur de police Fernand Clément et peut-être également le lieutenant Silva.

Bibliographie

A. DE DAINVILLE 1974

A. de Dainville (Colonel E. R.) - L’ORA. La résistance de l’armée/guerre 39-45 Lavauzelle 1974, 344 pages.

BLANCHARD 1993

Blanchard (Jacques). - Armée Secrète. Dans les Forces Françaises de l’Intérieur. Région 5. Imprimerie F. Mathieu. Celles-sur-Belle. 1993,  303 pages.

DUBANT 1991

Dubant (Didier). - Il y a 50 ans, un avion. Lysander se posait aux “Fontaines ” à Neuvy-Pailloux. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs hier et Aujourd’hui n° 19, octobre 1991, pages 2 à 5.

DUBANT 1998

Dubant (Didier). - Un atterrissage mouvementé, celui de la nuit du 11 au 12 avril 1941 sur le terrain de l’usine de la  Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest à Déols (emplacement de l’actuel aérodrome de Châteauroux-Déols). Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et Aujourd’hui n° 39-40, 1998, pages 13.

DUBANT 2006

Dubant (Didier). - Avril 1942, présence simultanée d’un Lysander et du Groupe de Chasse I/2 à la Base de Châteauroux - La Martinerie (Indre). Atterrissages forcés à Civray (18) et au Fay (36). Première partie. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs Hier et aujourd’hui numéro double 61-62, août 2006, pages 8 à 14.

FOOT 1966

Foot (M. R. D.) - SOE in France. London her majesty’s stationery office, 1966, 550 pages.

FOOT 2008

Foot (Michael R.D.), Crémieux-Brilhac (J.-L.). - Des anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d’Action. SOE en France 1940-1944. Traduction de la version mise à jour en 2004 de «SOE in France »,  Tallandier 2008, 800 pages.

GUEGUEN-DREYFUS 1970

Gueguen-Dreyfus (G.). - Résistance Indre et vallée du Cher, tome 1 Editions Sociales. Paris 1970, 322 pages.

JOUANNEAU 1995

Jouanneau (Michel). - Mémoire d’une époque. Indre 1940-1944. Histoire de l’Occupation et de la Libération, tome 1 : juin 1940-juin 1944. Badel, Châteauroux 1995, 324 pages.

LA RESISTANCE DANS LE CHER 1940-1944 2002

La Résistance dans le Cher 1940-1944 - Association des Amis de la Résistance et de la Déportation et du Cher 2002 p. 140-141-143).

LEQUIN 1994

Lequin (Roger) - Les “Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944). Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, n° 29, 1994 p. 2-5.

LEQUIN 1994

Lequin (Roger) - Les “Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944) 2e partie. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, n° 30, 1994 p. 6-9.

LEQUIN 1994

Lequin (Roger) - Les “Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944) 3e partie. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, n° 31, 1994 p. 3-6.

LEQUIN 1995

Lequin (Roger) - Les “Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944) 4e partie. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, n° 32, 1995 p. 11-14.

McCUE 1996

McCue (Paul.). - SAS Operation Bulbasket. Behind the Lines in Occupied France, 1944. Léo Cooper London. 1996, 232 pages.

NESBITT-DUFORT 2001

Nesbitt-Dufort (John.). - Black Lysander.

1973, réed. Editions Whydown Books, 2001,189 pages

NICAULT  1999

Nicault (Maurice). - Résistance et libération de l’Indre. Les insoumis. Royer passé simple 1999, 219 pages.

OLIVER 2005

Oliver (David). - Air Borne Espionage. International Special Duties Operations in the World Wars. Sutton Publishing 2005, 250  pages.

PERRIER 1999

Perrier (Guy). - Le Colonel Passy et les services secrets de la France Libre. Hachette Littérature, 1999, 308 pages.

VERINES 1992

Vérines (Guy) - Saint-Jacques le premier. In Aviateurs et résistants. Tome 1, ICARE, n°141, 1992/2, pages 50 à 53.

VERITY 1995

Verity (Hugh) - Les “Pick-up ” dans le département de l’Indre (1941-1944), 1940-1944 : vols de nuit vers des champs secrets 161eme Squadron Royal Air Force. Dans Neuvy-Pailloux et ses environs. Hier et aujourd’hui, n° 33, 1995 p. 12-14.

VERITY 1999

Verity (Hugh). - Nous atterrissions de nuit. 1978, réed. Editions Vario, 1999, 361 pages.

-  Didier Dubant -

Retour page sommaire