Ronchin

( département du Nord )

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                              L’aérodrome de Lille-Ronchin, un peu d’Histoire

     Hormis les premières expériences aérostatique de la fin du 18ème Siècle à Lille dont la plus célèbre est celle de Blanchard et du Chevalier de l’Espinard, une activité aéronautique régulière, basée sur le vole en ballon à gaz, commence dès 1886. Celle-ci est relative à la formation et à l’entraînement de pilotes de ballons pour que la Nation puisse disposer d’Aéronautes entraînés en cas de nouvelle Guerre (voir les ballons du Siège de Paris de la Guerrede 1870). Cette « Association » du type « Loi 1901 », alors que nous ne sommes qu’en fin du 19ème,  se nomme « Emulation Aérostatique du Nord de la France, E.A.N.F ». Son activité, malgré quelques changements de noms au fil des temps, reste toujours vivace dans notre Région aujourd’hui.

Aérodrome de Lille-Ronchin en 1930

Un hangar et le Club House, la piste de 650m est en face du hangar

     C’est au début du 20ème Siècle que nous voyons apparaître à Lille une activité aéronautique, cette fois basée sur le vol à tire d’ailes. Pour cela notre cité dispose d’un champ de manœuvre partiellement désaffecté qui se trouve en lisière Sud des fortifications lilloises. Il se trouve situé entre les Portes de Douai et de Valenciennes. Dès 1907, ce terrain voit apparaître les premiers engins volants « parfaitement identifiés » mus par un treuil. C’est le « Nord Aviation » qui fait voler ces planeurs construits à Lille par un industriel, fabricant de textiles nommé Fernand Scrive. Quelques années avant la Guerre 14 on y trouve aussi un petit hangar abritant l’aéroplane de Monsieur Césure.

                                        1907 – Un planeur pliant Scrive arrive sur le terrain de Ronchin tracté par son auto-treuil

     Durant la 1ère Guerre Mondiale des aviateurs allemands de l’escadrille bavaroise n°291 se servirent  de ce terrain pour faire décoller leurs aéroplanes situé à moins de 25 km du front. ( Origine de l'information : Jean Caniot, Historien Lillois ).

     La Guerre finie ; c’est en 1919 que l’on commence véritablement à parler du terrain d’aviation de Ronchin. Un aviateur français apporte même par la voix des airs, sur un Breguet XIV, la copie du texte du Traité de Paix avec l’Allemagne.

     En 1920, l’E.A.N.F transforme ses statuts et étend son champ d’action. Son nouveau nom est très révélateur : Association Aéronautique du Nord de la France, A.A.N.F. Plusieurs Sections se créeront d’années en années pour en compter une dizaine avant 1940.

    La plus grande activité de cette nouvelle « société aéronautique étendue » sera basée sur ce Terrain d’Aviation de Lille-Ronchin. Comme l’indique le plan ci-joint, cet aérodrome disposera dans les années 30 d’une piste de 650 mètres.

                              

                                                                           Plan de l'aérodrome datant de 1933

    De 1925 à 1940 une activité aéronautique grandissante verra le jour sur cet espace que l’on aménagera de mieux en mieux pour le confort des pilotes et de leurs passagers. En 1940 la piste atteindra une longueur de 1000 mètre. Mais malgré cela ce terrain sera toujours difficile d’accès en raison de la proximité des cheminées d’usines de la ville et des voies de chemin de fer qui le borde.

    Et pourtant combien de nos parents sont allés aux « Meetings de Ronchin » réunissant les plus grands acrobates aériens de l’époque tels que : Doret, Destroyat, Cavali, Kronfeld et tous les pilotes du cru. Je ne nommerai que le plus célèbre et le plus attachant : Georges Loncke.

                                                                                    Meeting des années 30, environ 15 à 20 000 personnes

    Un second hangar est construit vers 1935 et ensuite un « Aéro-gare » verra le jour en 1938. En effet à partir de 1935 ce terrain deviendra un Aérodrome à part entière. Des lignes régulières verront le jour allant vers Paris, Londres, Bruxelles …

                                                        1935 – Caudron Simoun d’Air Bleu sur l’aérodrome de Ronchin

                                  Caudron Frégate devant l'Aéro-gare en 1938.  L'équipe des mécaniciens de  l'Aéro-club de Lille

    La seconde Guerre mondiale amènera le déclin de cet espace aéronautique trop exiguë et trop près de la ville. Malgré cela les troupes anglaises s’en serviront pour faire décoller des avions de reconnaissance de type Lysander et ensuite les Allemands y placeront des leurres appelés « Attrapen », en fait des avions en bois que l’on déplaçait régulièrement pour faire croire à une activité aérienne.  Les « Attrapen » avaient fait l'objet selon la rumeur locale d'un largage de bombes en bois. Cette zone de Lille fut particulièrement bombardée notamment de 1942 à 1944 en raison de la proximité du dépôt des locomotives SNCF, des Ateliers d’Hellemmes et de la société Fives-Lille-Cail.

                                        Un Lysander, avion de reconnaissance anglais passe au dessus des installations de l’IMFL

    En raison du développement rapide de l’aviation durant la seconde Guerre mondiale ce petit terrain ne revit jamais d’activité aérienne. D’autres terrains, disposant de réserves foncières plus importantes prirent le relais. Lesquin, ouvert dès 1937 par le Groupement Aérien d’Observation 501 (GAO501) se développera pour devenir l’aérodrome régional commercial que nous connaissons tous. Bondues-Marcq, déjà pressenti avant 1940 pour devenir l’aérodrome de l’agglomération Lille-Roubaix-Tourcoing, se tournera après Guerre vers l’aviation légère.

     Les grands projets de Lille des années 50, avec la naissance du Boulevard de ceinture de Lille, « écrasera » les restes de ce petit aérodrome typique qui ne manquait pas de charme pour la population de notre Métropole. C’est sous le nœud routier Lille-Paris-Dunkerque, près du Lycée Faidherbe que se cache les vestiges de ce terrain de Ronchin. Un hangar a malgré tout été transporté dans les années 50 vers la plate-forme de Bondues-Marcq.

    Le Terrain d’Aviation de Ronchin n’est plus qu’un souvenir …

    Mais les souvenirs, par l’intermédiaire des témoignages, photos et articles de journaux, ont la vie dure. L’ONERA-Centre de Lille dispose d’un patrimoine aéronautique important notamment sur ce Terrain d’Aviation qui jouxtait ces installations d’essais aéronautiques, dans les années 30 à 40, du temps ou l’ONERA se nommait IMFL ou Institut de Mécanique des Fluides de Lille. A titre d’exemple sur cet aérodrome ce Centre dispose de 600 photos originales. Vous en avez quelques unes sous les yeux.

                    Jean Luc Charles - Membres du groupe de recherches ''Anciens Aérodromes''

 Voir également le site de l'association '' Pour la mémoire de Ronchin'' :    http://www.lamemoirederonchin.over-blog.com

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