HYDROBASE DE MÂCON

La rédaction de 2A : «  C’est en 2017, l’année des 60 ans de la revue ICARE, que le numéro 241 présente deux thèmes bien différents. Le premier, qui ne manque pas, comme d’habitude, d’illustrations de grandes qualités, est développé autour du chef- pilote de la Maison Antoinette, Alexandre Laffont. Le second article, très détaillé, nous donne un large panorama de l’hydrobase de Mâcon. Par la même occasion, nous n’oublions pas qu’en 1912 un aérodrome (l’aérodrome du Breuil) était associé au meeting qui, durant quelques jours, fera la joie du public.

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C’est avec l’autorisation de l’éditeur, Jean-Pierre Dussurget, et l’accord de l’auteur de cet article très documenté, Patrice Villier, que nous vous présentons une synthèse adaptée à notre site de cet aérodrome et de l’hydrobase associée qui a accueilli un grand nombre d’hydravions britanniques de la compagnie Imperial Airways dès l’année 1936. Nous les remercions pour leur collaboration à la rédaction de cet article ainsi que pour le prêt de documents de grande qualité. Icare a également remercié pour sa part le Club Cartophile du Mâconnais (CCM). Nous faisons de même ».

Dès 1912, ce fleuve a été utilisé pour l’amerrissage de l’hydro-aéroplane de Maurice Chevilliard, un Farman, qui fut la pièce maîtresse d’un meeting destiné à sensibiliser le grand public à ce nouveau sport. D’autres avions (aéroplanes) furent également présents, mais eux atterrissaient directement sur l’aérodrome de la prairie du Breuil (voir la fiche : « Mâcon – Aérodrome du Breuil – 1912»).

 

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Nous n’entrerons pas ici dans les détails des autres meetings des années 1930 (8 juin 1930, 28 & 29 septembre 1934) pour aborder l’essentiel de cette hydrobase.

Vers 1935, la compagnie britannique Imperial Airways développe un nouveau réseau aérien au départ de Southampton vers les Indes et l’Afrique du Sud. L’autonomie d’environ 1000 km de leurs gros hydravions Short Brothers Empire S-23  ainsi que l’obligation de suivre une route où ces avions puissent amerrir imposent de trouver une base intermédiaire entre la base de départ et Marseille. C’est Mâcon qui sera choisie pour bon nombre de raisons.

Un premier essai sera fait par un Short S.8 qui revient de Marseille. Il se posera sur le bassin des Championnats, et le premier amerrissage « Commercial » aura lieu le 30 janvier 1937.

Patrice Villier a eu connaissance aux archives municipales de la ville de Mâcon du cahier des charges du projet d’hydrobase datant de 1936. L’hydrobase est sur la rive gauche de la Saône en amont de Mâcon.

Le débarcadère est entouré en rouge, sur le port du Breuil côté Mâcon, et la zone de mouillage (amarrage) des hydravions, entourée en bleu, se trouve sur l’autre rive, côté St Laurent, dans l’Ain donc.

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Le document ci-joint mérite une mise en valeur. C’est une page du cahier des charges. A noter que celui-ci est édité par le Ministère de l’Air, service des études et de la signalisation. L’enquête technique a été effectuée le 4 février 1936 par M. Guilloux.

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Un parallèle peut être fait avec la photo de l’IGN datant de 1938.

IGN – Photothèque Nationale ; Vue de la zone de la plaine du Breuil et du quai du Breuil mais datant de 1938. Malheureusement, nous ne trouvons pas d’hydravions sur la Saône.

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Toutes les illustrations de cet article, hormis la photo IGN, sont issues de collections publiques ou privées – DR

 

Vous trouverez, ci-dessous, quelques images caractéristiques, éditées dans la revue Icare, des opérations des hydravions de cette compagnie anglaise sur Mâcon.

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                            Préparation à l’amerrissage du Castor vu du haut des toits de Mâcon. (Club Cartophile du Mâconnais CCM)

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                                         La foule se presse sur le débarcadère du Port du Breuil. (Club Cartophile du Mâconnais CCM)

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                                        Le Coriolanus G-AETV au mouillage, côté St Laurent. (Club Cartophile du Mâconnais CCM)
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Arrêté Préfectoral du 5 avril 1938 concernant le règlement particulier du poste d’escale pour les hydravions.

Collection : Archives municipales de la ville de Mâcon.

Nous ne pouvons clore ce sujet sans présenter la partie de l’article d’ICARE n°241 qui concerne l’aménagement de l’escale. Le texte complet est tout à fait adapté à notre site Anciens Aérodromes :

« L’utilisation du plan d’eau nécessite d’assez nombreux aménagements : une zone d’amarrage des hydravions en rive gauche. Mise en place de balises, bouées, manche à air. Un bureau appelé « Poste d’escale » est installé pour abriter un opérateur de télégraphie disposant aussi d’appareils météorologiques. Les services de la douane s’y établiront également.

La Chambre de Commerce est désignée comme concessionnaire des installations et avait la charge de gérer l’ensemble des prestations de service, notamment l’avitaillement en carburant et en lubrifiants. Cette opération se faisait à partir de fûts, une barge pour leur transport sera commandée à un artisan serrurier local. Une vedette sera nécessaire pour le transbordement des passagers entre l’avion et le débarcadère côté Mâcon, rive droite, situé à la hauteur de l’hôtel tenu par Victor Burtin. Ce dernier était chargé de préparer les repas à embarquer (… à l’exception des desserts qui étaient déjà à bord depuis Southampton).

L’organisme consulaire détient les horaires et aura également pour obligation de tenir à jour un registre qui fait apparaître un total de 211 mouvements d’avions durant cette période pour 1356 passagers transportés. Après l’arrêt des vols et la fermeture de l’escale, la base sera utilisée sporadiquement pour le ravitaillement d’hydravions civils (Leo H-246 commandés par Air France) ou militaires autorisés par les accords d’armistice à être convoyés vers Marignane-Berre. »

 

L’auteur de cet article paru dans la revue Icare a également donné beaucoup de renseignements sur les préparatifs de cette escale. Il y évoque, par ailleurs, l’accident de l’hydravion Capricornus qui va être la cause d’un drame. En effet, cet hydravion neuf s’est écrasé le 15 mars 1937 sur une colline non loin de Mâcon, par un temps épouvantable, faisant un total de 5 victimes sur les 6 personnes qui se trouvaient à bord.

Pour terminer, quelques pages sont destinées à faire revivre « les Ailes Mâconnaises » depuis 1909. Mais ceci est une autre histoire … qui sera développée sur notre site par l’intermédiaire de l’Aéro-Club du Mâconnais de Mâcon-Charnay.