Abbeville – Drucat

PaysFrance
DépartementSomme
NomABBEVILLE - DRUCAT
Autre appellationN/A
Commune(s)ABBEVILLE, DRUCAT, BUIGNY-SAINT-MACLOU
Coordonnées50°08’29’’N / 1°50’31’’E
OACILFOI
Situation4 km nord d'ABBEVILLE
UtilisationAérodrome britannique pendant la 1ère GM , civil français entre deux guerres, français puis britannique début 2ème GM, allemand pendant la 2ème GM, civil actuel
Autres rubriques

En fond, l’emprise allemande de la seconde guerre mondiale avec ses trois pistes bétonnées.
A l’ouest en rouge, le terrain 14/18 et à l’Est, en jaune, le terrain civil d’entre deux guerres
(Jacques Calcine , 2A)

Vue aérienne (Collection Claude Dubois)

 

Occupations successives du terrain

–  Première guerre mondiale

  • Sqdn RFC 3 (RE 8), 4 (MF11 « Shorthorn »), 5 (Bristol Scout) le 08/10/14
  • Sqdn 35 RFC (Bristol F2B) du 28/03 au 04/04/18
  • Sqdn 52 RAF (  «      « ) du 28/03 au 02/05/18

– Entre deux guerres
Comme évoqué plus loin par Pierre DARRAS, le terrain civil, côté Est, créé au début des années vingt, est un aérodrome de secours pour l’Aéronautique marchande sur la ligne Le Bourget – Londres. Il faut bien noter que son emplacement initial est à l’EST de la D 928.

En 1935, son infrastructure et ses équipements, relevés dans le Guide Aérien Michelin et l’Atlas Aéronautique du ministère de l’Air, sont standardisés et importants pour l’époque et consistent en :

  • Une aire d’atterrissage de 600 x 600 m
  • Un phare aérien de rappel à éclipse, blanc, indicatif « F »
  • Un balisage périphérique de nuit
  • 3 projecteurs d’atterrissage
  • 2 habitations en dur (gardien et météo), mais pas d’aérogare
  • 2 hangars (Etat, aéroclub)
  • Une installation radio fonctionnant sur les fréquences de 900 m (33,3 Mhz) et 930 m (32,2 Mhz), indicatif « FNI », associée à une station de radiogoniométrie
  • Décentrée 2 km à l’ouest, à Buigny, un radiophare à alignement fonctionnant sur 964 m (31,1 Mhz) et dont les axes des faisceaux (son continu) sont orientés sensiblement vers Le Bourget, Douvres, Douai et Dieppe.

– Seconde guerre mondiale

Armée de l’Air :

Compagnie de l’Air 53/104 du 27 / 08 / 39 à probablement début décembre, ainsi qu’ une batterie DCA de canons de 25 mm des FTA (Forces Terrestres Antiaériennes). Poste de Commandement 34ème EB arrivée même date, départ Chaumont le 17 / 09, ainsi que le Groupe de Bombardement GB 1/34 sur Amiot 143 jusqu’au 08 / 09 (puis Auzainvilliers).

Epave de Bloch 152 (Coll Jean Louis Roba)

Epave de Caudron Goeland (Coll Jean Louis Roba)

Royal Air Force :

51 Wing / Sqdn 2 (Lysander) du 29/09/39 au 17/05/40, Sqdn 26 (idem) du 03/10/39 à avril 40, Sqdn 13 (idem) du 22 au 26/05/40

? Wing / Sqdn 607 (Hurricane) du 12 au 26/04/40, Sqdn 615 (Gladiator puis Hurricane) 27/04 au 22/05, Sqdn 151 (Hurricane) les 17 et 18/05/40,

Epave d’un Gloster Gladiator devant un hangar en ruines (Coll Jean Louis Roba)

Epave Hurricane. Hangar en arrière plan avec baraquement et hutte Nissen (Coll Jean Louis Roba)

Vestiges de la station radio en arrière plan avec son mat (Coll Jean Louis Roba)

Luftwaffe :

Le Terrain est répertorié de juillet 1942 à juin 1944 par la Luftwaffe comme « Flugplatz Abbeville – Drucat » sous le n° de code 246.

Il est alors doté de :
– Trois pistes de 1650, 1600 et 1450 m, bétonnées, balisées, équipées de rampes d’approche Lorenz et de systèmes de percée par mauvais temps ;
– Deux zones de dispersion totalisent 52 abris et au moins un hangar;
La défense antiaérienne est assurée par trois batteries lourdes totalisant 14 canons de 88 mm , et 21 positions de Flak légère.

Unités présentes:

  • 08 / 06 / 40: notés 5 Ju 88
  • .. / 06 : Passages d’une unité de HS 123
  • 09 au 17 /06: II / JG 51 (Bf 109E)
  • .. /  06 au .. / 09 / 40: II / ZG 76 (Bf 110C)
  • III./NJG 1 avec Bf 110
  • 10 / 11 / 40 : Retour du III / JG 26 (Bf109E), jusqu’au 09 / 02 / 41 puis retour en Allemagne
  • 07 / 12 / 40 au 09 / 02 / 41:  Stab JG 26, I / JG 26 et II / JG 26 (Bf 109E)
  • 09/02 au 09/03/41: I / JG 51 (Bf 109F)
  • 01 / 03 / 41 à mai 41: ErJG / JG 51 (Bf 109 E)
  • Le 04  / 04 / 41: Erprobungsgruppe 210 formé sur le Terrain, équipé de Bf 110C/D, rebaptisé I / SKG 210 le 24 / 04, est transféré à Lippstadt en mai 41.
  • 18 / 06 au 24 / 12 / 41: II / JG 2 sur Bf 109 E/F
  • 22 / 12 / 41 au 08 / 01 / 43 : II / JG 26 avec 31 Fw190A2 dont 19 opérationnels
  • En 1942, un détachement du FAR 42 FliegerAusbildungRegt, chargé de l’instruction militaire de base des jeunes recrues de la Luftwaffe et par la même occasion, de la protection des aérodromes.
  • Août 42, Staffel 11(H) / JG 26 sur Bf 109 G-1 pressurisés pour la Chasse à haute altitude
  • Jafü 2/II./JG 26 avec Fw 190

Par rapport au terrain d’origine, l’extension Luftwaffe s’est surtout effectuée au Nord et à l’Est

Dornier 17 en 1940 (Collection Jean Louis Roba)

Bf 109 E de la JG 51 (Collection Jean Louis Roba)

Fw 190 de la JG 26 devant un hangar recouvert de filets de camouflage (Coll Jean Louis Roba)

 

Pertes Luftwaffe notées dans les dossiers WAATS au SHD / Air (permettent d’identifier des unités affectées ou de passage non notées)
III / KG 76 (ou erreur ZG ?) le 08 / 08 / 40
I / JG 51 le 05 / 03 / 41 (Bf109F)
II / JG 2 les 20 / 07 / 41 , 04 / 07 / 43, 04 / 08 / 43
II / JG 26 les 24 / 03 / 42, 10 / 04, 24 / 04, 13 / 07, 09 / 01 / 43, 19 / 08, 07 / 01 / 44, 14 / 01 / 44
I / JG 2 les 05 / 06 / 42, 19 / 08 / 42, 16 / 07 / 43
I / JG 26 les 20 / 12 / 42, 06 / 06 / 44
I / JG 3 le 24 / 10 / 43 (Bf 109G)
II / KG 30 un JU 88 le 14 / 03 / 44
I / JG 5 le 16 / 07 / 44 (Bf109G)

Bombardements du Terrain 
1942 les 16, 17 et 18 / 08
1943 les 14 / 04, 25 / 06 – 09, 14 et 27 / 07 – 04, 16 et 20 / 08 – 07, 08, 23 et 28 / 09 – 22 / 10 et 07 / 11
1944 les 19 et 24 / 05

A la Libération le terrain est répertorié comme ALG B 92 avec installation du 61th TCG (sur C 47) du 1er (ou 13 ?)/ 03 au 19 / 05 / 45.

Sources :

  • Livre « Ils étaient là » (Paul Martin)
  • Dossiers SHD / Air séries 2B et D
  • Die Verbande der Deutschen Truppen (Tessin)
  • Fliegerhorstkommandanturen und Flugplätze der deutschen Luftwaffe 1935-1945 (Mattiello)
  • Site « ww2.dk/ »
  • RAF Squadrons
  • Cross & Cockades
  • La Luftwaffe en France T1 – Jean Louis Roba
  • Luftwaffe airfields 1935-1945 / France (Henry L. de Zeng)

 

Laissons à Pierre Darras, président de l’aéroclub de la Somme en 2007, le soin de nous  présenter son histoire :

« L’histoire de l’aérodrome d’Abbeville peut se décomposer en cinq périodes au plan de sa situation géographique, de sa surface ou de son équipement.

Tout d’abord la création en 1922, sur la commune de Drucat- Le Plessiel, d’un terrain de secours de trente cinq hectares sur l’itinéraire de la première ligne aérienne commerciale Paris-Londres, ouverte en 1919. Cet aérodrome sera balisé, équipé d’une station TSF, d’un téléphone, d’un poste de distribution d’essence, d’un atelier avec outillage suffisant pour le dépannage et un peu plus tard de balises lumineuses délimitant la surface d’atterrissage de nuit. En 1930, l’Aéro club de la Somme à sa création, s’y installera, construira des hangars et animera par sa vitalité cette plateforme.

Voir également le lien vers la page     » Les Routes Aériennes – aviation commerciale  » 

La seconde période sera son extension en 1936, sa surface passant de 35 hectares à 86 hectares pour les opérations interessant la Défense Nationale. Sur cette nouvelle surface se développera une activité importante avec l’Aéroclub et la section d’Aviation Populaire crée en 1937.

La troisième période fut celle de la guerre 1939-1945 au cours de laquelle ce terrain deviendra militaire. Occupé dans un premier temps par la RAF en 1939, il sera ensuite réquisitionné par les troupes allemandes qui le doteront en 1941 de trois pistes en dur de 1600m x 50m et de nombreux équipements tels que des abris et des casernements enterrés ainsi que des hangars pour des avions de chasse dissimulés dans les bois jouxtant Le Plessiel et Drcat. Différentes unités seront basées sur ce terrains. les pilotes anglais qui redoutaient ces pilotes allemands dans les combats aériens les appeleront alors les  »Abbeville Boys ».

Toutes ces installations furent fréquemment attaquées par les Alliés, d’abord par les chasseurs bombardiers de la RAF puis par les bombardiers lourds B17 en 1942 lors de l’opération  » Jubilée  », la tentative de débarquement sur Dieppe. Au cours de ces bombardements, le village de Le Plessiel sera en partie détruit. A la libération en septembre 1944, la RAF pris à nouveau possession du terrain remettant en état les pistes que les allemands avaient miné à leur départ. Une école militaire françaises s’y installa dirigée par le Capitaine Michel Doré, président fondateur de l’Aéroclub de la Somme, décédé en février 1945.

Le quatrième évènement important sera le transfert des installations du territoire de Drucat-Le Plessiel sur celui de la commune de Buigny St Maclou sous l’impulsion de Mr Alof de Louvencourt, inspecteur de finances et président de l’Aéroclub. Ces opérations se dérouleront de 1960 à 1964 , avec construction de hangars, d’ateliers, de station essence , d’un resto route et d’un motel géré par la société d’exploitation  » Le Relais Paris-Londres ».

Cette station Air-Route, inaugurée en 1965, fut la deuxième après Dijon dans un projet de seize stations sous la tutelle du Ministère des Transports pour développement de l’aviation d’affaire et de tourisme. En 1970, la CCI sous la présidence de Philippe Duclercq prendra la concession des installations.

Dernière étape de cette histoire, dans le cadre de la loi du 13 août 2004 relative au mutations domaniales de l’Etat, celui-ci devait se séparer de 151 hectares d’aérodrome et les transférer aux collectivités territoriales. Depuis le 1er janvier 2007 c’est la commune de Buigny St Maclou qui est propriétaire des 62 hectares de l’aérodrome, la CCI en restant la gestionnaire. »

Pierre Darras – 4 avril 2007