Boissy-le-Châtel – Croix-Blanche

IdentifiantPermalien
PaysFrance
DépartementSeine-et-Marne
NomBOISSY-LE-CHÂTEL - CROIX-BLANCHE
Autre appellation
Commune(s)
Coordonnées
OACI
Situation
Utilisation
Autres rubriques
SourcesEtude par Alain Graton

 

Vue aérienne du terrain de La Croix Blanche à Boissy-le-Châtel en 1936.

On distingue le hangar construit en 1935 ainsi que le Bessonneau prêté par le Ministère de l’Air.

(IGN-Photothèque Nationale)

 

L’histoire du terrain d’aviation de Boissy-le-Châtel est assez singulière et quelque peu paradoxale. Premier aérodrome officiel de la ville de Coulommiers, ce terrain aura eu en effet une existence très courte et pourtant non dénuée d’intérêt dans l’univers de l’aviation des années trente.

Disparu en 1937, Boissy-le-Châtel échappera aux tourments de la Seconde Guerre mondiale et laissera à son successeur, Coulommiers Voisins, la charge d’accueillir des escadrilles successivement françaises, allemandes puis anglo-américaines qui évolueront dans le ciel de Seine-et-Marne durant cinq ans. La ‘guerre’ de Boissy-le-Châtel aura été ailleurs, une guerre souvent ignorée et qui s’est déroulée pourtant bien près de nous, de l’autre côté des Pyrénées.

C’est sans doute pour cette raison que ce petit aérodrome est tombé dans l’oubli et que son nom ne figure aujourd’hui seulement en bonne place que dans quelques ouvrages historiques édités en Espagne…

En 1934, un groupe de columériens passionnés d’aviation décide de fonder un aéroclub dénommé ‘Cercle Aéronautique de Coulommiers et de Brie’, le C.A.C.B. Ils trouvent un terrain à Boissy-le-Châtel qui devient le premier aérodrome de Coulommiers, celui de ‘La Croix Blanche’. Le club compte alors des avions Morane 138 et des Potez 36,43 et 60. On y trouve également quelques appareils appartenant à des particuliers tel le Caudron Aiglon du docteur René Arbeltier, l’un des fondateurs du club. Plusieurs manifestations aériennes sont organisées, les baptêmes de l’air nombreux et les premiers jeunes pilotes commencent à être formés.

Annonce du journal Le Pays Briard, Juin 1936

En ce milieu des années trente, le pilotage d’un avion reste un rêve inaccessible pour une grande majorité de jeunes gens peu fortunés. Parallèlement et sur un tout autre plan, celui de politique international, la France assiste à l’inquiétante renaissance d’une armée de l’air puissante en Allemagne. Afin de répondre à ces deux grandes préoccupations, le ministre de l’Air Pierre Cot décide de créer l’Aviation Populaire en 1936. Cette organisation subventionnée par l’Etat a deux principaux objectifs : développer l’aviation de tourisme auprès de jeunes issus de toutes les catégorie sociales et constituer par la même occasion un plus important potentiel de personnels navigants en cas de conflit.

C’est ainsi que dès le 13 novembre 1936 une Section de l’Aviation Populaire, S.A.P, est affiliée au C.A.C.B de Boissy-le-Châtel. Elle compte bientôt plusieurs appareils d’entraînements dont deux Caudron C.275 ‘Luciole’ et deux Salmon D.6 ‘Cri-Cri’. Ce n’est alors que le début d’une longue période faste pour de nombreux jeunes seine et marnais candidats au brevet de pilote qui durera jusqu’en avril 1939.


 

 

La section de l’Aviation Populaire de Boissy-le-Châtel devant un Potez 43 le 25 avril 1937.

(Collection SAP Coulommiers)

 

En cette même année 1936 un autre évènement beaucoup plus tragique va marquer l’histoire de l’aviation : la guerre d’Espagne. Face aux assauts des forces Nationalistes appuyées par des escadrilles allemandes et italiennes, les Républicains doivent rapidement organiser leur armée de l’air. Il leur faut impérativement s’approvisionner en appareils à l’étranger et former des pilotes dans les plus brefs délais.

Officiellement la France a exprimé sa ferme intention de ne pas s’ingérer dans ce conflit. Officieusement, environ 200 pilotes Républicains seront formés sur une poignée d’aérodromes français dont Boissy-le-Châtel fait partie.

Elèves pilotes Républicains espagnols devant un Morane Saulnier à Boissy-le-Châtel en janvier 1937.

(Collection Clemente Ros and Craftair Editions)

 

Ce terrain minuscule, situé au cœur de la campagne seine et marnaise, à des centaines de kilomètres des Pyrénées, va ainsi accueillir de février à juin 1937 un groupe d’une vingtaine de jeunes élèves pilotes Républicains espagnols. Il n’est bien sûr pas question d’une formation militaire, il s’agit simplement d’apprendre à piloter un avion. D’ailleurs ces jeunes gens sont ‘officiellement’ de simples touristes…

Peu de temps après leur retour en Espagne, et après avoir reçu une formation complémentaire au pilotage d’un avion de chasse, on retrouvera bon nombre de ces ‘touristes’ aux commandes d’un Polikarpov ‘Mosca’ ou ‘Chato’ face aux Messerschmitt Bf 109 de la Légion Condor.

C’est ainsi que l’aérodrome de Boissy-le-Châtel est entré dans l’histoire de la guerre d’Espagne et est très souvent évoqué dans de nombreux ouvrages publiés de nos jours de l’autre côté des Pyrénées.

Victime de son succès, le terrain de La Croix Blanche devient rapidement trop petit. Un projet d’agrandissement avait été envisagé dès 1935 mais les exploitants agricoles limitrophes vont s’y opposer et auront finalement gain de cause. Le 17 juin 1937, le C.A.C.B quitte La Croix Blanche pour s’installer sur le nouveau site de Coulommiers-Voisins, un terrain d’aviation situé cette fois à l’ouest de la ville et qui est encore en activité de nos jours. Le rideau venait alors définitivement de tomber sur l’aérodrome de Boissy-le-Châtel.

 

Extrait d’une carte IGN de janvier 1946, dressée d’après des relevés aériens de 1938-1939.

Le terrain d’aviation a disparu, seul le hangar subsiste.

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