A la recherche des phares aéronautiques

France, Etats-Unis, Allemagne et Europe du Nord.
Daniel Jousse- Association La Mémoire de Bordeaux Contrôle (LMBC)

Lors de la Première Guerre mondiale, l’aviation militaire, balbutiante, va utiliser les vols de nuit pour ses bombardements à grande distance, le vol de jour étant trop risqué pour ces avions relativement lents. A cette fin, des projecteurs lumineux de campagne vont être mis en place pour permettre le retour de ces avions à leur base.


Scène de nuit dans la deuxième partie de la 1°GM

C’est l’Allemagne qui avait exploré la première la possibilité d’utiliser des phares terrestres pour guider ses dirigeables avant même la Première Guerre mondiale. En 1914, il y a déjà vingt et un phares installés.

Circulation de Zeppelin en Allemagne

L’utilisation civile des phares

A la fin de la guerre, les avions en surplus sont utilisés pour démarrer le transport aérien commercial en commençant par le transport du courrier ; le réseau de l’Aéropostale en est un exemple. Une branche Bordeaux-Toulouse et une autre en provenance de Marseille convergeaient vers Lézignan et la frontière espagnole. Objectif : le Maroc dans un premier temps, Dakar et l’Amérique du Sud ensuite.

Phare de l’Aéropostale à Canals, près de Toulouse. La partie optique a  aujourd’hui disparu.

Ces avions sont sommairement équipés, fragiles et tombent en panne fréquemment. Des aérodromes de secours sont construits sur les principales routes aériennes pour leur permettre de s’y poser si nécessaire. Rapidement, ces aérodromes sont dotés d’un phare aéronautique pour permettre aux avions d’y atterrir aussi en début de nuit.

Premier phare du Bourget sur le pylône à droite de l’entrée.

Les premières lignes commerciales de passagers démarrent. Le trajet nocturne Paris – Londres est balisé par une dizaine de phares d’aérodrome.

Les phares de jalonnement (phares en-route)

A partir de 1928 sont implantés les premiers phares de route, en plus de ceux des aérodromes de secours. Leur nombre va augmenter progressivement jusqu’à plus de 150 en France en 1938.

   

A gauche, un phare aux Etats-Unis. A droite une lampe de 5 000 watts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En France, les phares de jalonnement se présentent la plupart du temps sons forme d’un poteau en béton de dix à vingt mètres de haut, coiffé d’une plateforme carrée sur laquelle se trouve la partie optique électrique. Celle-ci clignote, en rouge ou en blanc, selon un code convenu reprenant en morse une lettre qui constitue l’identifiant du phare.

Les phares à l’échelle américaine

Aux Etats-Unis, la taille du territoire, la concentration de la population sur la côte Ouest et la côte Est, espacées de 5 000 km, la lenteur des autres modes de transport vont booster le trafic postal aérien un peu plus tardivement qu’en Europe. Mais à terme, l’Etat fédéral va se doter de 2 000 phares.

Employés américains chargés de la gestion des phares.


Timbre poste aux Etats-Unis : un avion postal survole un phare aéronautique sur fond de montagnes.

L’Europe des phares aéronautiques à la veille de la Deuxième Guerre mondiale

La France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Scandinavie, la Grande-Bretagne un peu moins, vont développer un véritable réseau de routes aériennes balisées par des phares pour permettre à leurs compagnies de relier les capitales européennes entre-elles.

Carte centrée sur l’Allemagne (1939) : les réseaux de phares couvrent une grande partie du pays. Ils sont raccordés aux réseaux des pays voisins.

La radionavigation se développe progressivement

Dans les années trente, la montée en puissance des moyens de radionavigation permet aux avions les mieux équipés de commencer à s’en affranchir. Mais c’est surtout l’équipement des avions tout au long de la Deuxième Guerre mondiale qui, à la Libération, va sonner le glas des phares de route. Seuls subsistent les phares d’aérodromes qui disparaissent petit à petit à la fin des années soixante.

L’aérogare de Clermont-Ferrand : le phare d’aérodrome est situé au sommet.

Aujourd’hui subsistent en France près d’une trentaine de phares


Ici, dans l’Yonne, l’un des phares le mieux conservé

 

Une exposition itinérante

Sur ce thème, l’histoire des phares, a été construit une exposition nationale itinérante intitulée « A la recherche des phares aéronautiques : France, Allemagne, Etats-Unis, Europe du nord ».

C’est l’association LMBC, la Mémoire de Bordeaux-contrôle, adhérente d’Anciens Aérodromes, qui l’a réalisée : dix-sept panneaux, de deux mètres sur 85 centimètres de large, et différents objets et cartes d’époque présentés en vitrine et sur tables.

Plus de 150 illustrations sont présentées. Les vingt cartes aéronautiques au 500.000°, avec l’emplacement de chaque phare, ont été retrouvées pour les années 1936-1939, cartes à usage civil ou carroyées pour les militaires.

L’exposition, réalisée en double, circule en 2016 dans la région parisienne et dans le Sud-Ouest. Contact : http://lmbc-na.e-monsite.com/

Cette exposition sera présentée au Carrefour des Associations au Bourget les 30 avril et 1er mai.